Lovecraft Country, un voyage glaçant au pays des monstres et du Ku Klux Klan

Publié le par Adrien Delage,

Ⓒ HBO

La nouvelle série estivale de HBO nous emmène dans une Amérique raciste où les monstres ne sont pas toujours ceux qu'on croit.

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Dans un été sériel plutôt calme, pandémie mondiale oblige, HBO tient peut-être le phénomène estival dans ses cartons avec Lovecraft Country. Lancée le 16 août dernier, cette adaptation du roman de science-fiction éponyme signé Matt Ruff est portée par un tandem de choc à la production : Jordan Peele, le réalisateur de Get Out et Us, et l’inénarrable J. J. Abrams. Entre fiction horrifique, récit initiatique et fable sociale antiraciste, la série de Misha Green (Underground) a toutes les cartes en main pour s’imposer comme le hit de l’été.

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Le pitch de Lovecraft Country est aussi étrange que terrifiant. L’histoire débute dans l’Amérique des années 1950 à Chicago. Atticus, un jeune afro-américain revenu de la guerre de Corée, part à la recherche de son père disparu. Il décide de parcourir les États-Unis pour trouver une ville oubliée, Ardham, avec l’aide de son oncle George et son amie Leti. Mais en chemin, ils vont croiser le redoutable Ku Klux Klan qui tyrannise et massacre la communauté noire, sans se douter qu’un danger encore plus effroyable se terre dans les régions reculées du pays.

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L’angoisse de tous les instants

Ⓒ HBO

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Même pour la chaîne du prestige, l’adaptation de Lovecraft Country est un défi de taille. Outre sa partie fantastique avec les monstres issus du bestiaire de H. P. Lovecraft, le roman mêle hommage à la SF des fifties et critique acerbe sur le racisme violent de l’histoire des États-Unis. Mais dès l’ouverture de son premier épisode, la série démontre toute sa puissance visuelle dans une scène rêvée démentielle, qui transpire la folie créative et les références pulp d’autrefois (les invasions extraterrestres, John Carter, La Guerre des mondes…).

Pendant 90 minutes, le show remet ensuite les pieds sur terre pour nous présenter son trio d’aventuriers. Atticus (Jonathan Majors, When We Rise) est un amateur de littérature fantastique, traumatisé par une guerre pour laquelle il a combattu alors que son pays ne veut pas de lui. George (Courtney B. Vance, American Crime Story) est un courageux guide qui participe au fameux Green Book, la carte qui assurait un voyage sûr aux Afro-Américains pour voyager en Amérique. Enfin, Leti est une activiste noire fauchée qui souhaite prouver sa valeur aux yeux de sa famille.

Les trois personnages sont liés par leur espoir (ou désespoir) d’être un jour respecté par une nation qui les accepte comme citoyens mais paradoxalement les discrimine voire les traque comme du gibier. La série prend son temps pour créer de l’empathie avec ces trois figures révoltées, qui prennent un risque considérable en traversant les États des suprémacistes blancs. Et c’est justement dans ces séquences angoissantes que l’on ressent l’influence de Jordan Peele à l’écran : à la manière de Get Out, le spectateur se retrouve dans une situation de malaise perpétuel, sachant pertinemment que tôt ou tard la vie de nos héros sera en grand danger.

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Ⓒ HBO

Cette tension palpable est dosée avec brio, si bien que les scènes d’action en sont bonifiées. Plusieurs passages violents voire choquants traduisent la terreur du racisme et de la ségrégation dans les années 1950 : des séquences de dénonciation, d’humiliation, d’insultes proférées avec le “n-word” voire de meurtres secouent le voyage du trio. Le Ku Klux Klan se cache potentiellement dans chaque ville visitée, n’attendant que le coucher du soleil pour se jeter sur leur proie. Un concept qui n’est pas sans rappeler celui des films American Nightmare, mais qui est ici mis au service de l’ambiance glaçante plutôt que du spectacle gore.

Au-delà de son propos choc et saisissant sur l’Amérique raciste, Lovecraft Country passionne à travers sa plongée dans le fantastique. On découvre peu à peu toute la mythologie de Lovecraft, et ses créatures aux noms aussi imprononçables que Shoggoth, Nyarlathotep ou encore le très célèbre Cthulu. Les scènes de monstres écopent d’une réalisation dynamique et d’effets spéciaux très convainquants, apportant son lot d’hémoglobine à la série. Là encore, des gerbes de sang aux visages hurlants des victimes, parfois à la limite du burlesque, ces séquences forment clairement un hommage au pulp des années 1950. Et assurent sans aucun doute un spectacle aussi divertissant que flippant.

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En France, la première saison de Lovecraft Country est diffusée tous les lundis en US+24 sur OCS à la demande.