Limetown, avec Jessica Biel, est un conte angoissant entre X-Files et The Leftovers

Publié le par Delphine Rivet,

La série, développée par Facebook, est l'adaptation réussie d'un podcast très populaire aux États-Unis.

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Podcast dans le podcast, Limetown est à l’origine un “audio-drama” créé par Zack Akers et produit par Skip Bronkie via leur société indé Two Up. C’est la rencontre entre Serial et ses investigations minutieuses incarnées par une journaliste charismatique, et The X-Files et ses histoires qui filent la chair de poule.

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On y suit Lia Haddock, reporter pour l’American Public Radio (équivalent fictionnel de la NPR, radio publique américaine et véritable institution médiatique) qui mène l’enquête – pour son podcast – sur la disparition encore inexpliquée il y a 15 ans des 300 habitants de la petite ville de Limetown. L’endroit, abandonné depuis les événements, était en fait une colonie de scientifiques dont les recherches sont, encore aujourd’hui, placées sous le sceau du secret. L’oncle de Lia, Emile, fait partie des disparus.

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Les podcasts fictionnels étant la nouvelle source d’inspiration des séries, l’adaptation de Limetown, qui a rencontré un franc succès au moment de son lancement sur les ondes en 2015, n’était qu’une question de temps. Facebook a jeté son dévolu sur le show en 2018 et vient de lancer les deux premiers épisodes, ce 16 octobre, sur sa plateforme vidéo gratuite Facebook Watch. Et on peut d’ores et déjà l’affirmer, que vous ayez ou non écouté le podcast, Limetown mérite toute votre attention.

Zack Akers et Skip Bronkie ont relevé un double challenge : satisfaire les fans (plutôt rares en France, mais très nombreux·ses aux États-Unis) déjà conquis·es par l’original tout en apportant une vraie valeur ajoutée au récit de base, et parvenir à proposer une histoire réellement fascinante, angoissante et bien ficelée pour celles et ceux qui la découvrent. 

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© Facebook Watch

L’avantage de mettre en images la quête de vérité de Lia Haddock, par rapport à l’audio, c’est que la série offre l’opportunité d’entrer dans son intimité, de la suivre entre deux enregistrements, donc quand elle n’est plus en représentation, et de s’autoriser des silences, des regards lourds de sens. Bref, de combler les limites techniques du podcast.

Car notre héroïne n’est pas qu’une journaliste passionnée par les mystères de Limetown. La série nous en apprend davantage sur ce qui se loge dans les interstices de la narration radiophonique. Lia est impulsive, capable d’une grande violence qu’elle tente de contenir la plupart du temps. Elle est habitée par un trou béant que rien ne semble pouvoir combler.

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Dans le rôle-titre, Jessica Biel est un choix judicieux tant l’actrice de The Sinner parvient à jongler entre la journaliste qui pose sa voix, douce et maîtrisée, dans la cabine d’enregistrement, et la femme meurtrie qui semble vouloir s’arracher la peau quand elle se regarde dans le miroir, comme pour se débarrasser d’un costume trop étriqué.

Par son atmosphère froide et crispante, Limetown nous attire irrémédiablement dans ses filets. Les mystères de la disparition de ses habitants sont aussi fascinants que le portrait de son héroïne hantée par l’absence – l’absence de qui, ou de quoi ? On le découvrira plus tard. Si les références à Serial et X-Files, constamment citées, sont légitimes, l’identité de la série n’est pas sans rappeler The Leftovers dans l’approche de ses personnages à vif. Limetown est l’une des séries les plus troublantes de cette rentrée.

La première saison de Limetown est à découvrir gratuitement et sans abonnement sur Facebook Watch.

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