Avec sa saison 2 époustouflante, Kingdom devient plus qu’une série de zombies

Publié le par Adrien Delage,

Ⓒ Juhan Noh/Netflix

La série sud-coréenne parvient encore à nous surprendre en éloignant ses zombies pour mieux sublimer son intrigue politique.

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Regarder une série sur la propagation d’un virus mortel n’est peut-être pas la meilleure idée du moment si vous êtes du genre à angoisser. Toutefois, Kingdom, l’œuvre sud-coréenne et zombiesque de Netflix, ne se limite pas à son concept vu et revu. Après une première saison acclamée et marquante, le show de Kim Eun-hee revient pour six nouveaux épisodes qui vont complètement transcender les codes du sageuk : un style de cinéma asiatique authentique, qui pourrait s’apparenter au drame historique en costumes de l’orient.

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La saison 2 de Kingdom reprend sur le cliffhanger tendu de son premier chapitre, alors que le prince Chang et ses fidèles tentent vainement de sauver les frontières de la province du Gyeongsang de l’invasion zombies. De son côté, la médecin Seo-bi s’est lancée dans une course contre-la-montre pour stopper et découvrir l’origine de la maladie, à première vue en lien avec la plante de la Résurrection. Enfin, au palais, la Reine continue de mettre en place son plan diabolique pour s’emparer du pouvoir et régner sur la Corée du Sud, alors que l’infection continue de se propager au sein du royaume Joseon.

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Un jeu des trônes zombiesque…

Ⓒ Juhan Noh/Netflix

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L’originalité de Kingdom dans son traitement de la mythologie zombie avait su surprendre et convaincre dans sa première saison. Si ces qualités sont évidemment de retour dans la saison 2, on a le sentiment que les scénaristes ont emprunté quelques tropes d’outre-Atlantique, notamment à un mastodonte du petit écran : Game of Thrones.

De série de zombies en saison 1, Kingdom devient une œuvre bien plus politique dans cette nouvelle saison. Outre des combats aux sabres épiques, le show joue la carte des twists et autres trahisons dans le dos pour garder un rythme effréné sur ses six épisodes. La Reine, antagoniste impitoyable et machiavélique, n’a rien à envier à Cersei du côté des leçons de pouvoir ou de l’instinct maternel ultraprotecteur. Le personnage s’offre même un discours féministe pour justifier ses actes, critiquant le système patriarcal de la période Joseon, où “une petite fille” est incapable d’accéder au trône sans provoquer un bain de sang pour se faire entendre.

La vengeance d’une femme est donc au cœur de l’intrigue de la saison 2, qui efface les zombies pour mieux explorer ses personnages et sa mythologie. Contrairement à de nombreuses séries du genre, Kingdom n’a pas peur de donner une abondance d’informations sur l’origine du virus, voire un potentiel antidote. Si cet aspect fantastique peut déranger au premier abord, il est amené avec une justesse d’écriture et d’interprétation suffisante pour le rendre crédible auprès du spectateur.

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Ⓒ Juhan Noh/Netflix

Car oui, Kingdom joue constamment avec nos émotions. Sans trop en dévoiler, et là encore on y retrouve un point commun avec Game of Thrones, il vaut mieux éviter de trop s’attacher aux personnages. La saison 2 s’attarde à développer leurs relations pour mieux nous prendre à revers et nous déchirer le cœur. Le jeu très théâtral des Sud-Coréens, qui participe grandement au charme de la série, offre des moments de poésie et de tragédie bouleversants.

L’horreur de la première saison a très clairement laissé la place à l’émotion, utilisée pour mettre en exergue une critique sociale. Comme dans le cinéma de Bong Joon-ho, on trouve dans Kingdom une satire des classes sociales, symbolisée par un prince qui refuse le confort pour être auprès de son peuple et des sujets abandonnés par son royaume despotique, qui préfère sacrifier les plus faibles pour le bien du plus grand nombre. Une fois encore, cette opposition de la morale conséquentialiste (la fin justifie les moyens) aux éthiques déontologiques (le respect d’un code d’honneur), qui animait les conflits entre Stark et Lannister, est un clin d’œil à la série de HBO.

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… dans un écrin sublime

Ⓒ Juhan Noh/Netflix

Filmée en partie dans des studios à Séoul, Kingdom est la reine du trompe-l’œil. Avec ses décors de châteaux à couper le souffle et ses costumes magnifiques, la série a presque une portée pédagogique. D’abord pour éclairer les néophytes sur l’histoire de la Corée du Sud, ensuite pour transmettre la splendeur du sageuk aux spectateurs. L’originalité de Kingdom, qui bénéficie ces dernières années de l’exportation du cinéma sud-coréen à l’international, donne envie de se plonger dans le septième art asiatique. La beauté de l’écrin incarne par exemple les réminiscences des œuvres de Kurosawa et son don inné pour filmer le Japon féodal.

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En saison 2, Kingdom assume pleinement son souffle romanesque pour notre plus grand plaisir. Avec un budget de près de 2 millions de dollars par épisode, la série devient plus généreuse, plus sanglante mais aussi pleine d’héroïsme et d’optimisme. Au final, le voyage initiatique du prince Chang raconte l’histoire d’un peuple soumis qui, face à un gouvernement corrompu et incapable de gérer une épidémie, fait preuve de solidarité et de détermination pour régler le fléau par lui-même. Et si, par les temps qui courent, il n’y avait pas là une leçon humaine et encourageante à tirer ?

Les deux premières saisons de Kingdom sont disponibles en intégralité sur Netflix.