Dexter : New Blood, la nouvelle vie de notre serial killer préféré

Publié le par Delphine Rivet,

© Showtime

Le showrunner d’origine, Clyde Phillips, reprend les rênes de Dexter et tente de faire oublier sa fin ratée. Notre critique.

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C’est en octobre 2020 qu’on a appris que Dexter, dont la dépouille était encore chaude, allait revenir sur nos écrans. La saison finale, diffusée en 2013 sur Showtime, avait au mieux suscité un désintérêt profond, au pire provoqué un traumatisme chez les fans de la première heure, qui ont alors désavoué massivement l’objet de leur admiration passée. Le consensus était donc le suivant : mieux vaut mettre une chape de plomb sur cet accident industriel et ne plus jamais y repenser. Mais ça, c’était avant que Clyde Phillips, le showrunner des saisons 1 à 4, ne revienne réclamer sa revanche.

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Cette fin, il ne l’avait pas choisie ainsi. Il avait même une idée très précise, dans sa tête, de l’issue qu’il réservait à son antihéros : rattrapé par ses crimes, Dexter était condamné à la peine de mort par injection. Et, sur la table d’exécution, quelques secondes avant de recevoir sa dose létale, les visages de ses victimes lui apparaissaient. Clyde Phillips n’a pourtant jamais eu le temps, ou l’occasion, de pitcher cette idée dans sa writer’s room qu’il a quittée après la saison 4. La suite (et fin, croyait-on), on la connaît : notre bon vieux serial killer, dont la sœur et confidente était morte, s’exilait au fond des bois et se laissait pousser la barbe en espérant qu’on finirait par l’effacer de notre mémoire. On avait presque réussi…

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Le retour du showrunner, bien décidé à en découdre, est en soi bien plus impressionnant que celui de la série (qui n’était plus la sienne depuis belle lurette). À l’heure où l’on reboote tout et n’importe quoi, Clyde Phillips s’est dit qu’il allait donc reprendre la main sur sa création (adaptée du roman Darkly Dreaming Dexter, de Jeff Lindsay), et nous faire oublier cette fin indigente. Deux solutions s’offraient alors à lui : la première aurait été d’effacer tout bonnement cette dernière saison, faire comme si elle n’avait jamais existé. Les fans auraient peut-être été reconnaissant·e·s, mais le coup porté au travail des scénaristes ayant bossé sur ces épisodes aurait été particulièrement violent… Et pas classe du tout. Il a donc opté pour la deuxième : accepter cette réalité dans laquelle Dexter s’est reconverti en bûcheron, et travailler, à partir de cette base vaseuse, à bâtir une mini-série aux fondations solides. Il faudra attendre la fin de ces dix nouveaux épisodes pour savoir si le challenge a été relevé ou si cette tentative s’est avérée infructueuse. Attention, spoilers sur ce season premiere !

© Showtime

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Le premier épisode, intitulé “Cold Snap” et lancé ce dimanche 7 novembre sur Showtime, ne suffit pas à nous réconcilier avec Dexter Morgan, mais il a au moins le mérite de nous donner de ses nouvelles. Dix ans se sont écoulés depuis qu’il a simulé sa mort pour aller vivre dans les bois. Nouveau look (il a rasé son affreuse barbe de bûcheron), nouveau décor (on l’avait laissé dans une exploitation forestière du fin fond de l’Oregon, le voici désormais dans la petite bourgade d’Iron Lake, dans l’État de New York), nouveau nom (exit Dexter Morgan et bonjour Jim Lindsay), nouveau “dark passenger” (les visions de sa sœur Debra ont remplacé celles de son père), pour une nouvelle vie sans pulsions meurtrières. Il est devenu le voisin serviable et sans histoire que tout le monde apprécie et bosse désormais dans une petite armurerie, entouré de fusils et de couteaux de chasse. Premier “red flag”, c’est comme si un·e hémophile travaillait dans une usine de lames de rasoir : à un moment, on le sait, ça va saigner.

Il maintient pourtant cette illusion parfaite, comme il savait si bien le faire par le passé. La seule différence cette fois-ci, c’est que ses démons sont à peu près sous contrôle. Il va à la chasse, mais ne tue pas. Il élève des chèvres, des poules et des cochons, coupe son bois pour l’hiver et emmène sa petite amie dans les soirées dansantes du village. Ah oui, deuxième “red flag”, sa copine est flic. C’est alors qu’entre dans sa boutique le plus grand connard de tous les temps, caricature de riche fils à papa, drogué et fuck boy invétéré. On sait au bout de trois secondes ce que ce type lui inspire et, surtout, ce qu’il va réveiller en lui. Et ce n’est évidemment pas la seule façon dont son passé va remonter à la surface.

Il est notamment visité par le fantôme de Debra qui, quand elle ne le réconforte pas dans ses moments de solitude vient carrément le hanter avec des visions que ne renierait pas un film d’horreur. C’est LA bonne idée de ce revival : faire revenir, sous cette forme, le personnage de sa sœur, son tempérament de feu et sa langue bien pendue, et surtout, avec elle, l’actrice Jennifer Carpenter. Elle était l’un des piliers de la série d’origine jusqu’à ce qu’elle aussi subisse les intrigues navrantes écrites pour elle dans l’ultime saison. Et, pour marquer ce retour aux racines du mal, et boucler la boucle, Dexter reçoit aussi la visite inopinée de son fils, Harrison, aujourd’hui ado et en quête de figure paternelle.

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Des pistes intéressantes sont donc finalement lancées, après de longues minutes à essayer de nous faire croire que le bonhomme a changé. Car on le sait, Dexter n’est vraiment lui-même, et parfaitement épanoui sur l’instant, que quand il tue méthodiquement. Tout le reste, sa personnalité de façade, n’est que le produit d’un conditionnement pour lui permettre d’être toléré par la société. On aimerait voir, à l’avenir, comment les dix ans qui ont passé ont affecté notre serial killer. La société a changé, pourquoi pas lui ? Pour l’instant, on a juste l’impression qu’il était en sommeil et qu’il a perfectionné son camouflage. Une décennie d’envie de tuer réprimée, mise sous cloche, voilà qui promet un beau feu d’artifice quand les barrages psychiques vont sauter. Et sans doute que ses prochaines cibles présenteront un plus grand dilemme moral que le merdeux, qui cochait toutes les cases du riche républicain fou de la gâchette, qui est entré dans son échoppe. On se demande alors quel rôle il choisira d’adopter face à son fils : après tout, les pulsions meurtrières sont un héritage lourd à porter, mais peut-être que le gène du tueur a sauté une génération ? Ou bien la transmission, l’apprentissage et la relation père-fils, qui étaient le cœur battant des premières saisons, viendront raviver une série que l’on croyait morte et enterrée.

La mini-série Dexter : New Blood sera proposée aux abonné·e·s Canal+ courant décembre. En attendant, vous pouvez revoir les huit précédentes saisons de Dexter sur Canal+ Séries.