La saison 2 d’Altered Carbon est la suite exaltante qu’on mérite

Publié le par Florian Ques,

© Netflix

Après une première saison convaincante bien que froide, la série de science-fiction réalise enfin que son humanité est sa force.

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Rembobinons jusqu’en février 2018. Librement adaptée du roman éponyme signé Richard K. Morgan, Altered Carbon se dégotait une place au sein du catalogue Netflix, délivrant un récit futuriste à l’esthétique cyberpunk, porté par une mythologie aussi vaste que singulière. Malgré ses efforts ô combien louables (qui, souvent, ont porté leurs fruits), la série a raté le coche quant à son atmosphère générale, optant sur une froideur caractéristique mettant à distance le spectateur lambda. Mais ça, c’était avant.

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En saison 2, Altered Carbon huile ses mécanismes rouillés et fait peau neuve. Le point de départ est peu ou prou similaire à la salve précédente, avec Takeshi Kovacs embauché par un bourgeois friqué convaincu d’avoir un tueur à ses trousses. Ça ne manque pas, puisque ce dernier se fait bel et bien dézinguer par une assaillante que notre héros taciturne reconnaît d’emblée. De fil en aiguille, celui-ci se retrouve impliqué dans une conspiration nébuleuse qui le conduira à explorer sa planète d’origine ainsi que, justement, les origines de toute leur société avancée.

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À bien des égards, Altered Carbon est exemplaire dans l’exercice de la seconde saison, parvenant à bâtir un ensemble narratif solide sur des fondations qui n’était pas aussi bien construit. Alors oui, elle reste une œuvre exigeante dans le sens où elle mobilise son propre lexique (se parer d’un glossaire DIY peut s’avérer utile entre deux scènes) et déploie un univers étendu avec ses propres codes. C’est, grosso modo, le genre de série qu’on savoure sans détourner le regard, de peur de survoler un indice précieux.

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Mais Altered Carbon répare ses errances initiales en insufflant une sorte d’âme, d’humanité profonde qui était absente – ou, plutôt, sous-exploitée – lors de la première saison. On remercie l’interprétation salvatrice d’Anthony Mackie (Avengers), dont le charisme indiscutable vient presque nous faire oublier son prédécesseur. Joel Kinnaman avait la carrure nécessaire pour donner vie à Takeshi Kovacs, héros tourmenté rongé par son passé. Mais là où Mackie le surpasse, c’est dans son jeu d’acteur généreux et nuancé, reposant davantage sur des détails qui confèrent au personnage une tendresse inouïe.

La chaleur qu’il procure à Takeshi résonne jusque dans la tonalité ambiante de ce deuxième tour de piste. Moins engourdie qu’à ses débuts, Altered Carbon se montre plus décomplexée, s’octroyant une intrigue plus contenue qui fonctionne. En seulement huit épisodes d’une quarantaine de minutes en moyenne, cette saison 2 propose un meilleur équilibre entre sa dimension divertissante (le troisième épisode, en l’occurrence, s’apparente à de l’éclate pure et dure avec du fan service en pagaille) et son propos quasi philosophique.

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Parce qu’au-delà de ses passages rythmés où il est impossible de s’ennuyer, Altered Carbon parvient à se montrer plus profonde et aboutie sur ce qu’elle veut dire de notre rapport à la chair, au vécu, à l’intime, plus globalement. Elle s’autorise des élans poétiques, notamment via l’histoire de Poe, l’intelligence artificielle/majordome qui épaule Kovacs dans ses tribulations. Pour le coup, son intrigue est de loin la plus émouvante et son interprète, Chris Conner, tire son épingle du jeu.

Sur le plan visuel, ce second round est aussi léché que le premier et l’hommage au cyberpunk est, lui, indéniablement respecté. Les jeux de couleurs et le travail effectué sur la lumière font de ces huit épisodes une prouesse d’esthétisme. En parallèle, les scènes de combat distillées au gré de la narration sont toujours impeccablement chorégraphiées, apportant le côté bourrin que le spectateur lambda devait apprécier dès la première saison.

En saison 2, la créatrice Laeta Kalogridis confie sa casquette de showrunneuse à Alison Schapker (Fringe, Scandal) et le changement est palpable. Cette dernière apporte à Altered Carbon une vigueur, un sentiment d’humanité qui étaient aux abonnés absents jusqu’alors. Avec un Anthony Mackie parfait dans ce rôle de héros jusqu’au-boutiste, la série SF de Netflix surplombe son premier tour de piste, corrigeant ses aspects les plus brouillons. Une franche réussite.

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La saison 2 d’Altered Carbon est disponible sur Netflix depuis le 27 février 2020.