Les 50 meilleures séries de la décennie

Publié le par Marion Olité,

©HBO/Netflix

And the winner is...

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On ne pouvait décemment pas achever cette année 2019 sans vous proposer un bilan de l’incroyable décennie qui vient de s’écouler, et qui a vu les séries faire rien de moins que leur révolution. Entre la fabrication d’une nouvelle mythologie (Game of Thrones qui, oui, termine à la toute première place de notre classement) qui aura tenu en haleine des millions de fans à travers le monde et des œuvres artistiques d’une ambition folle (Westworld) qui nous ont autant fait flipper que terriblement bouleversé·e·s (The Haunting of Hill House), qui ont pris à bras-le-corps des thématiques féministes et queer (Sense8, Big Little Lies) ou encore qui ont marqué à jamais l’histoire de la pop culture (Stranger Things), voici le top 50 des séries les plus importantes de ces dix dernières années, établi par la rédaction de Biiinge.

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Pour la jouer collective, chaque journaliste (Delphine Rivet, Florian Ques, Adrien Delage, Marion Olité) a d’abord proposé son Top 50. De savants calculs nous ont ensuite permis d’aboutir à ce classement collectif. Vous ne serez probablement pas tou·t·es d’accord, alors expliquez-nous pourquoi ! Pour s’y retrouver, on a dû se fixer une règle : les séries citées débutent toutes à compter de 2010. Voilà pourquoi vous ne trouverez pas Mad Men ou Breaking Bad, qui occupent toutefois une place de choix parmi les looks les plus iconiques de la décennie

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#1 Game of Thrones (2011-2019) 

Ⓒ HBO

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On l’a autant aimée que détestée mais à la fin, impossible de nier la puissance de la mythologie Game of Thrones dont les jeux de pouvoirs, les dilemmes philosophiques et les histoires d’amour épiques nous ont accompagné·e·s durant quasiment toute cette décennie.

À elle seule, GoT représente la montée en puissance irrésistible des séries aux quatre coins du globe, passées du statut de truc de nerds un peu cheap à celui de sujet d’étude dans les universités et de discussion autour des machines à café entre collègues (“Merci pour le spoil !”), ou durant les dîners de Noël. Même si on a eu envie de lancer un gros Dracarys sur certains épisodes de la saison 8, rendons à Drogon ce qui appartient à Drogon. Pour le meilleur ou pour le pire, Game of Thrones a transformé l’objet sériel.

#2 The Haunting of Hill House (2018-) 

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Surprise de la fin 2018, la série d’horreur anthologique The Haunting of Hill House continue de nous hanter. La faute à Mike Flanagan et à sa science de la mise en scène flippante (portes qui grincent comme jamais, fantômes cachés, atmosphère terrifiante), mise au service d’une tragédie familiale déchirante. On n’est pas près d’oublier “La dame au cou tordu”, l’un des épisodes les plus beaux de l’histoire des séries.  

#3 Westworld (2016-)

© HBO

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Avec leur pari ambitieux et exigeant, Jonathan Nolan et Lisa Joy ont redonné un souffle romanesque aux séries dites high concept. Plus qu’un blockbuster de prestige signé HBO, Westworld est une œuvre complexe, philosophique et métaphysique qui décèle une forme d’humanité chez des androïdes pourtant voués à la destruction. Une grande tragédie shakespearienne sur fond de western futuriste.

#4 Hippocrate (2018-)

© Canal+

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Une série française à la quatrième place ? Vous vous dites sans doute qu’on a disjoncté. Et pourtant, la série de Thomas Lilti (adaptée de son propre long-métrage sorti en 2014) nous a pris·e·s de court avec sa représentation brute et sans filtre de l’engrenage hospitalier. Son allure de documentaire et son casting impeccable lui valent cette place dans les sommets de ce top.

#5 Big Little Lies (2017-)

Lancée l’année de #MeToo, Big Little Lies a séduit le public et la critique à la fois par la pertinence de son propos – la série dépeint notamment l’engrenage des violences conjugales avec une remarquable complexité – et le jeu de ses actrices au sommet, parmi lesquelles Nicole Kidman et Reese Witherspoon. La réalisation, signée Jean-Marc Vallée, sublime la petite ville de Monterey et les états émotionnels de ses habitant·e·s. Un bijou. 

#6 Sense8 (2015-2018)

Les soeurs Wachowski nous ont livré, avec Sense8, un aperçu de ce qu’une sexualité fluide et une connexion empathique avec les autres être humains pouvaient avoir de révolutionnaire. Malheureusement, annulée trop tôt, au bout de deux petites saisons, la série a eu le temps de toucher assez de fans aux quatre coins du globe pour que Netflix propose un épisode de conclusion en forme de feu d’artifice. 

#7 Stranger Things (2016-)

De plus en plus critiquée après une saison 3 facile qui prenait la forme d’une apologie du capitalisme américain des années 1980, Stranger Things n’en demeure pas moins le reflet d’un phénomène mondial et majeur de la pop culture de cette décennie 2010 : le mashup (la série emprunte allègrement ses motifs à Stephen King ou Steven Spielberg) nostalgique d’une époque fantasmée. Ses personnages attachants sont aussi là pour nous rappeler toute la beauté et l’intranquillité de l’enfance. 

#8 Sharp Objects (2018)

HBO

Dans le sillage de Big Little Lies, cette mini-série à l’atmosphère brillamment oppressante fait la part belle à la violence féminine. Une nouvelle fois, Jean-Marc Vallée filme des actrices – Amy Adams et Patricia Clarkson en tête – absolument magistrales dans des rôles âpres, pour une œuvre d’une noirceur rarement égalée.    

#9 Fleabag (2016-2019)

Série anglaise en deux saisons, Fleabag aura révélé tout le talent de Phoebe Waller-Bridge, présente à l’écriture et devant la caméra. Son impertinence féministe, ses fulgurances, son anti-héroïne complexe et attachante, ses regards face caméra brisant le quatrième mur font de la série un classique instantané de son époque. 

#10 Girls (2012-2017)

© HBO

En accordant sa confiance à une jeune plume alors âgée de 26 ans qui voulait se faire “la voix de sa génération” (une punchline du personnage principal, Hannah), HBO a fait éclater le talent d’une certaine Lena Dunham, féministe aux multiples bévues mais à la sincérité rafraîchissante. En six saisons, Girls a souvent brassé un nombre incalculable de sujets – de l’avortement au consentement – d’une actualité encore brûlante, et nous aura fait suivre plusieurs jeunes femmes parfois insupportables mais aux peurs qui sont les nôtres. 

#11 Watchmen (2019-)

©HBO

En quinze ans, Damon Lindelof est parvenu à accoucher de sa trinité sérielle débutée avec Lost puis The Leftovers. Watchmen assoit définitivement sa virtuosité d’écriture, en réinventant et poursuivant l’œuvre en bulles réputée inadaptable d’Alan Moore et Dave Gibbons. Une grande série sur l’ostracisme et la conceptualisation du temps, qui fait d’une Regina King époustouflante la queen du petit écran.

#12 The Handmaid’s Tale (2017-)

Flippante, bouleversante, insoutenable… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette adaptation sérielle du best-seller de Margaret Atwood, dans laquelle les femmes ont perdu le droit de disposer de leurs corps. Impossible d’oublier une première saison bercée par une lumière faussement douce et surtout les états émotionnels d’une Elisabeth Moss à couper le souffle. La résonance du show avec l’actualité, notamment américaine, ne le rend que plus terrifiant encore. “Nolite te bastardes carborundorum”.  

#13 Euphoria (2019-)

Pour sa première tentative au rayon des séries ado, HBO livre une œuvre déchirante de brutalité, montrant le malaise d’une jeunesse contemporaine. Portée par une Zendaya incandescente, sublimée par une réalisation à l’esthétisme Instagram, Euphoria s’impose comme le Skins d’une génération blasée et dopée aux réseaux sociaux.

#14 The Leftovers (2014-2017)

Damon Lindelof se paie le luxe d’apparaître par deux fois dans ce top. C’est que sa première série après Lost nous a mis une sacrée claque narrative et émotionnelle, chaque saison semblant rebooter une œuvre philosophique et existentialiste particulièrement riche, où il est inutile de chercher des repères. On ne sait pas si The Leftovers nous fera mieux accepter notre future mort, mais la série a au moins eu cette fonction cathartique de nous faire pleurer sans complexe devant tant de désespoir et d’émotions refoulées.  

#15 Atlanta (2016-)

En plus d’être un artiste accompli, Donald “Childish Gambino” Glover prouve avec Atlanta qu’il est aussi un acteur, scénariste et réalisateur de talent. Sa dramédie sur les quartiers pauvres de la Géorgie et une communauté afro-américaine en quête d’identité est sûrement la plus métaphysique de la décennie. Une fable dure mais fascinante qui trouve son paroxysme avec l’épisode “Teddy Perkins” et sa whiteface glaçante.

#16 Unbelievable (2019)

©Netflix

Contrepoint féminin à True Detective, ce cop show addictif écrit par Susannah Grant illustre par l’image, à travers une affaire qui a eu lieu IRL, comment les comportements sexistes gangrènent les systèmes judiciaires et policiers dans les dossiers de viols et d’agressions sexuelles. Portée par les géniales Toni Collette et Merritt Wever, la série a aussi le grand mérite de replacer la victime au cœur de l’histoire, ici Marie Adler, disséquant au passage la puissance de l’empathie et d’un “je te crois”. 

#17 Sherlock (2010-2017)

Le duo créatif formé par Steven Moffat et Mark Gatiss livre une version contemporaine grand public, aussi fascinante que divertissante, des aventures du fameux détective roi de la déduction. Il prend ici les traits de Benedict Cumberbatch, devenu depuis une star du cinéma incontournable. Lequel est secondé par un Andrew Scott de gala qui interprète Moriarty, et par un Martin Freeman parfait dans les chaussures de Watson. La série anglaise à son meilleur. 

#18 Mindhunter (2017-)

Merrick Morton/Netflix

Après House of Cards, le génie de reconstitution de David Fincher se met au service des profilers, ces mystérieux types du FBI à qui l’on doit la création du terme de “tueur en série”. Mise en scène chirurgicale, ambiance froide et poisseuse, partitions impeccables, tout y est minutieusement… fincherien. Mais le crime parfait de Mindhunter, c’est surtout le casting de ses serial killers, toujours plus bluffants à chaque nouvel entretien.

#19 Dix Pour Cent (2015-)

©FTV

Cheffe de file d’un renouveau des séries françaises qui va de pair avec la légitimité acquise par cet art longtemps (et parfois encore selon les médias) méprisé dans l’Hexagone, Dix pour cent fait ironiquement le pont entre ces deux frères ennemis que sont le petit et le grand écran. Cela donne une comédie légère comme une bulle de champagne, contemporaine, glam et portée par le féminisme malin de Fanny Herrero. 

#20 Black Mirror (2011-)

Précurseuse et aussi dark que l’esprit de Charlie Brooker, cette anthologie tech scrute depuis une décennie bientôt notre rapport aux écrans et aux objets connectés, excellent prétexte pour pointer les pires travers de l’humanité, et en particulier le voyeurisme. En cinq saisons inégales, Black Mirror a livré une poignée de perles sombres (“The National Anthem”, “Be Right Back”, “White Bear”), ou plus lumineuses (“San Junipero”, “Hang the DJ”). On note tout de même une grosse baisse de qualité… qui a débuté à peu près quand Netflix a récupéré la série anglaise. CQFD. 

#21 Rick and Morty (2013-)

© Adult Swim

Avec leur duo infernal créé en 2013, Dan Harmon et Justin Roiland… blurp… poussent le curseur aussi loin que possible pour cette parodie de Doc et Marty McFly de Retour vers le futur. Irrévérencieuse et scénaristiquement ambitieuse… blurp, Rick and Morty teste sans cesse les limites de notre tolérance à l’humour qui tache. Et le plan machiavélique fonctionne ! On n’imagine plus un monde, ou un multiverse… blurp, sans ces deux-là. 

#22 GLOW (2017-)

© Netflix

Jenji Kohan produit cette série signée Liz Flahive et Carly Mensch, qui met en scène un groupe de femmes décidées à participer à une émission de catch féminin dans les années 1980, le fameux GLOW. Chaque saison a augmenté les enjeux émotionnels de ce petit bijou d’humour, d’émotion, de badasserie et de paillettes, porté par un casting d’actrices réjouissantes, dont une Alison Brie humaine et touchante comme jamais. 

#23 The Good Place (2016-2020)

© NBC

On ne sera pas fixé sur le sort d’Eleanor et ses potes avant le mois de janvier prochain. Pourtant, une chose est sûre, The Good Place va atrocement nous manquer. Quand elle a débarqué dans nos vies en 2016, cette petite comédie concoctée par Michael Schur cachait bien son jeu. Quatre saisons plus tard à se demander si le stoïcisme est bon pour la santé et si l’éthique et la morale nous sauveront des enfers, une chose est sûre : The Good Place nous a rendu meilleur·e·s. 

#24 Sex Education (2019-)

© Netflix

Et si on créait une série sur l’adolescence centrée sur ce qui passionne et obsède le plus à cet âge : la découverte d’une sexualité en pleine ébullition ? Le tout en mettant en scène des personnages drôles et touchants, comme Eric, jeune homme noir et gay et son meilleur ami Otis, en proie à des problèmes érectiles. Ça donnerait une série drôle, décomplexée, révolutionnaire dans sa façon d’aborder des thématiques, comme le plaisir féminin… et drôlement jouissive. Bonne nouvelle, cette série existe et a été créée par Laurie Nunn. 

#25 Rectify (2013-2016)

HyperFocal: 0

Petit bijou sous-médiatisé, Rectify nous a raconté durant quatre saisons la vie d’un homme, Daniel Holden (Aden Young) et de sa famille alors qu’il sort de prison après avoir passé 19 ans dans le couloir de la mort pour un crime horrible (le meurtre et le viol d’une femme de 16 ans) dont on est pas sûrs qu’il l’ait commis. Une grande série poétique, existentialiste, qui scrute à la loupe la middle class américaine, tout en proposant des scènes suspendues dans le temps.  

#26 Orange Is the New Black (2013-2019)

© Netflix

Les portes du pénitencier se sont fermées sur les détenues de Litchfield, non sans avoir provoqué chez nous quelques moments de pure joie et d’insondable tristesse. Orange Is the New Black, en plus de poser un vrai regard sur les failles du système pénitentiaire, nous a donné à voir une incroyable galerie d’héroïnes. Et même si Piper n’a jamais vraiment pris conscience de son white privilege, Alex, Crazy Eyes, Nicky, Red, Black Cindy, Sophia, Taystee, Pennsatucky et toutes les autres seront à jamais dans nos cœurs.

#27 The OA (2016-2019)

© Netflix

Série monde, série ésotérique, série du turfu… Les mots manquent pour raconter The OA, l’objet sériel le plus dingue que Netflix ait jamais produit, annulée malgré la colère des fans. En deux saisons, Brit Marling et Zal Batmanglij ont exploré la puissance des récits, la façon dont ils nous lient tous et toutes, et peuvent nous faire transcender notre condition humaine. Ils n’ont peur de rien : ni d’imaginer une chorégraphie qui peut ressusciter les morts, ni de mettre en scène une femme et un octopus dans une des séquences les plus malaisantes (et fascinantes) qu’il nous ait été donné de voir. 

#28 Skam (2015-2017)

© NRK

Rares sont les séries norvégiennes à avoir une telle résonance internationale. C’est amplement mérité au vu de la manière réaliste et bienveillante dont Skam dépeint les ados d’aujourd’hui. Touchante et inclusive, cette série signée Julie Andem peut aussi se targuer d’avoir popularisé un mode de diffusion atypique, en adéquation avec son cœur de cible. Un (quasi) sans-faute sur le fond et la forme, donc. 

#29 Peaky Blinders (2013-)

© BBC

Avec ses gangsters anglais et revanchards, Steven Knight pousse la stylisation de la série mafieuse à son extrême. Tout est plus élégant, sombre et tranchant dans l’univers des Peaky Blinders. En chef de file, le showrunner peut compter sur Cillian “Tommy” Murphy, figure tragique sublime et poignante, qui monte en puissance au fur et à mesure des saisons. La “f*cking” classe anglaise à l’ancienne, elle se retrouve chez les Shelby.

#30 Hannibal (2013-2015)

Habitué des séries légères, avec tout de même un certain penchant pour le morbide, Bryan Fuller s’est attaqué, avec Hannibal, à l’acte de mort lui-même. Sur une chaîne, NBC, plus habituée aux comédies et aux cop shows classiques, le showrunner a su imposer cette série complètement fascinante qui a fait de scènes de crime de véritables tableaux de maître. L’effet d’attraction/répulsion marche à plein régime. On est aspiré par la relation aussi fusionnelle que toxique entre Will Graham et le Dr Lecter.

#31 Insecure (2016-)

Le sujet du dating fascine, c’est évident. Mais jusqu’ici, aucune série ne sera arrivée à la cheville d’Insecure dans ce domaine. En racontant le quotidien de femmes afro-américaines, Issa Rae – sa créatrice et actrice principale – est parvenue à façonner une série léchée à la portée universelle, à la fois désopilante et troublante de réalisme.

#32 Chernobyl (2019)

Ⓒ HBO

Comment rendre captivante et documentaire une série sur la pire catastrophe naturelle de l’Histoire ? Craig Mazin, le créateur de Chernobyl, nous répond en cinq actes avec une mini-série coup de poing, portée par un trio d’acteurs transcendés. Le plan-séquence bluffant de la scène de nettoyage sur le toit de la central continuera d’hanter ses spectateurs à jamais, tout comme le sacrifice de milliers de sauveteurs pour la plupart morts des retombées radioactives dans l’indifférence générale.

#33 Looking (2014-2016)

À bien des égards, Looking a été le Queer as Folk d’une nouvelle génération rivée sur les applis de rencontre et sur la redéfinition des relations homosexuelles à l’ère du polyamour. Moderne, intimiste mais peut-être un brin trop communautariste pour le public de HBO, la série a été annulée au bout de deux saisons (et un téléfilm). Et oui, elle nous manque énormément.

#34 Halt and Catch Fire (2014-2017)

La décennie 2010-2020 aura été celle des séries tech. Alors que l’industrie s’apprêtait à vivre une vraie révolution liée à la technologie du streaming, la brillante Halt and Catch Fire regarde dans le rétro, suivant une poignée de personnages pendant la première révolution tech des années 80 dans la Silicon Valley. Aussi fulgurante que son sujet, la série brille par son cast : l’impeccable Lee Pace dans la peau d’un Don Draper de la tech, et son duo féminin, Mackenzie Davis et Kerry Bishé, qui prend une place justifiée et de plus en plus importante dans le récit, permettant d’aborder le rôle des femmes dans la high tech et le sexisme qui y règne. 

#35 The Americans (2013-2018)

L’intime côtoie le politique et l’historique dans cette grande (et discrète, peut-être de par sa nature) série d’espionnage, qui raconte le quotidien d’un vrai-faux couple russe basé aux États-Unis. Leur mariage et même leurs enfants sont une couverture pour leurs activités d’agents du KGB. Keri Russell et Matthew Rhys y trouvent le rôle d’une carrière. 

#36 The Affair (2014-2019)

© Showtime

Série ô combien inégale et pourtant qui a toujours su toucher au cœur, la mélancolique voir dépressive The Affair partait d’un concept malin de Sarah Treem et Hagai Levi : raconter une liaison amoureuse en multipliant les points de vue, à commencer par celui de l’amant et de l’amante, qui ne vivent pas la même chose. Parce qu’il n’y a pas un point de vue plus juste que l’autre. La forme narrative à la Usual Suspects achevait de rendre la série addictive, tout comme son impeccable casting, composé de Ruth Wilson, Dominic West, Maura Tierney et Joshua Jackson. Énorme tristesse toutefois : en cette fin 2019, Ruth Wilson a confié que son départ précipité de la série avait eu lieu car elle y subissait une ambiance de travail toxique.  

#37 Pose (2018-)

© FX

C’est un bulldozer d’amour, une ode à la scène queer new-yorkaise des années 80 et 90, un bal ou les reines et les rois dansent jusqu’au bout de la nuit. Jamais une série n’aura autant fait pour la représentation des personnes LGBTI des communautés noires et latinX. Et ce beau discours, qui ouvre les yeux sur le quotidien des femmes trans et des hommes gays en pleine épidémie de VIH aux États-Unis, nous a touché·e·s en plein cœur. Pose est une preuve de plus, s’il en fallait, que les séries se font non seulement l’écho de notre société, mais elles la font aussi avancer.

#38 Killing Eve (2018-)

Phoebe Waller-Bridge a encore frappé : la scénariste en pleine ascension s’attaque avec gourmandise au genre très codifié et hétéro de l’espionnage. Ce thriller british lesbien à l’humour décapant met en scène Sandra Oh et Jodie Comer dans un savoureux jeu du chat et de la souris. Il est une nouvelle preuve ludique et addictive du talent de la showrunneuse qui aura marqué cette fin de décennie, repartant en 2019 avec quatre Emmys sous le bras.  

#39 The End of the F***ing World (2017-2019)

© E4/Netflix

Pépite surprise de 2017, le road trip sanglant et jouissif des ados écorchés Alyssa et James, adapté par la prometteuse Charlie Covell du roman graphique éponyme, nous rappelait les meilleurs heures du cinéma ricain de fugue de La Balade Sauvage à True Romance. La saison 2, belle et triste, s’attachait à désacraliser le mythe de la fable romantico-tarantinesque, scrutant les traumas de ses deux anti-héros en voie de guérison. Bouleversant.   

#40 Les Revenants (2012-2015)

©Canal+

Plombée par un timing fatal entre les saisons 1 et 2, la série atmosphérique et lostienne de Fabrice Gobert reste malgré tout la grande réussite de la décennie sérielle française. Parce que certes, Canal+ avait déjà prouvé que faire de bonnes séries hexagonales étaient possible (Engrenages et Mafiosa étaient passé par là) mais Les Revenants ont été plus loin, explorant un genre fantastique délaissé depuis bien longtemps sur le petit écran, et créant un récit à tiroirs, terreau d’une vrai fan base à l’américaine et de théories diverses et variées. Ah et aussi : il y avait Céline Sallette dedans. 

#41 Broad City (2014-2019)

© Comedy Central

Les deux inséparables copines féministes et loufoques de Broad City, Abbi et Ilana, nous ont elles aussi quitté·e·s cette année, mais elles auront marqué la décennie par leur bonne humeur teintée d’absurdités en tous genres. Elles parlaient de cul, de règles, se laissaient pousser les poils sous les bras et n’en avaient rien à carrer de l’opinion des autres. Leurs malaises, c’était les nôtres. Leurs délires aussi. Bye queens, bye.

#42 Big Mouth (2017-)

© Netflix

De mémoire de sériephile, on n’a rarement vu une série aussi drôle, pertinente et réussie sur le sujet de la puberté adolescente. En personnifiant les montées d’hormones vécues par les garçons et les filles par de véritables monstres hormonaux (la métaphore ado/monstre ne date pas d’hier, coucou Buffy), Nick Kroll, Andrew Goldberg, Mark Levin et Jennifer Flackett ont eu une idée de génie qui permet de rendre compte de toute l’imagination de ses préados et de tout ce qui leur passe par la tête. La série doit beaucoup à ses délicieux doublages (John Mulaney, Jordan Peele, Maya Rudolph) et un ton très politiquement incorrect. Comme quoi, on peut encore rire de plein de choses quand c’est bien fait… 

#43 Luther (2010-)

Avant qu’il ne devienne un des mecs incontournables d’Hollywood, Idris Elba a acquis une vraie street cred en série, d’abord en incarnant Stringer Bell dans The Wire, puis dans la peau de Luther, un ombrageux détective anglais confronté à des psychopathes à l’âme encore plus torturée que la sienne. Il a du mal calmer ses nerfs à vif, et c’est ironiquement une rencontre avec une serial killeuse (figure si rare) interprétée par la toujours fascinante Ruth Wilson qui finira par l’apaiser. 

#44 Homeland (2011-2020)

© Netflix

Si elle incarnait au début les paradoxes de l’Amérique parano post-guerre en Irak (à travers la relation entre Carrie et le soldat Brody joué par Damian Lewis), Homeland aura muté en autre chose de plus efficace et polissé au fil des saisons, se recentrant sur les missions anti-terroristes de son héroïne bipolaire, Carrie Mathison (Claire Danes, devenue un Jack Bauer des temps modernes en plus intéressant quand même !) aux quatre coins du globe. On a le droit de trouver ça chiant, mais les saisons et les enjeux géopolitiques ont tenu la route, la série monde explorant par exemple le milieu du hacking à Berlin. Cela dit, comme un signe des temps, notre Carrie, à bout de souffle, va tirer sa révérence en 2020. 

#45 Atypical (2017-)

© Netflix

C’est tellement rare d’avoir une série dont le héros se situe dans le spectre de l’autisme qu’Atypical s’est tout de suite faite remarquer sur Netflix. On lui a pourtant reproché son choix de caster un acteur neurotypique (pas autiste) et de le dépeindre de façon parfois stéréotypée. Néanmoins, la série reste une belle réussite, une comédie douce, touchante et bienveillante qui a su mettre en lumière son héros comme ses seconds rôles (on pense notamment à la sœur, Casey). 

#46 Better Things (2016-)

© FX

Ode à la charge mentale des mères solo, Better Things est la comédie grinçante et acerbe par excellence. Écrite et portée par la mordante Pamela Adlon, elle nous plonge dans le quotidien de Sam Fox, une actrice qui gagne bien sa vie mais gère seule ses trois filles et sa mère instable. La série, qui reviendra en 2020 pour une quatrième saison, a instantanément conquis la critique par sa sincérité. Cette petite tribu n’a pas fini de nous émouvoir.

#47 Penny Dreadful (2014-2016)

© Showtime

On ne ressort pas indemne de ce conte gothique revisitant les créatures mythiques et mystiques de la littérature britannique du 19è siècle. La performance habitée d’Eva Green nous file encore des frissons rien qu’en écrivant ces lignes. La beauté mortifère de Penny Dreadful, créée par John Logan pour Showtime, et de ses personnages torturés, a laissé une marque indélébile dans le paysage sériel de ces dix dernières années.

#48 American Horror Story (2011-)

Relançant le genre jusqu’ici délaissé de l’horreur en série, mais aussi du format anthologique dans la foulée, la série de Ryan Murphy et Brad Falchuk nous a livré des récits aussi cauchemardesques qu’inégaux. Si trop souvent, les scénarios n’avaient plus ni queue ni tête au bout de quelques épisodes, AHS n’en reste pas moins un grand roman américain (après tout, on était prévenu dès le titre) qui scrute à sa manière les peurs et les changements vécus par les États-Unis, d’Obama à Trump. Quant au casting, de Jessica Lange à Sarah Paulson en passant par Kathy Bates pour ne citer qu’elles, il est à lui seul une raison de mater la nouvelle saison de la série. 

#49 The Night Of (2016)

Avant de collaborer avec Martin Scorsese sur le scénario de The Irishman, Steven Zaillian proposait la meilleure série de l’année 2016. Une œuvre néo-noire sombre et choquante, qui décrypte les rouages judiciaires de l’Amérique contemporaine et critique la perversion du système carcéral. Une mini-série haletante, qui propulsait le bouleversant Riz Ahmed au rang de révélation de l’année.

#50 Transparent (2014-2019)

©Amazon

Quatre ans avant Pose, Jill Soloway nous plongeait dans l’univers de la famille névrosée des Pfefferman, partant du coming out trans du père de famille Morton, qui devient Maura alors qu’il se sépare de sa femme. Après des saisons plus bouleversantes les unes que les autres et une pluie d’Emmys pour cette dramédie touchante et inventive, plusieurs actrices transgenres de la série dénoncèrent le comportement de harceleur de Jeffrey Tambor, homme cis hétéro qui s’était fait le champion de la cause des trans en incarnant Maura. Une cruelle ironie. Jill Soloway pansera les plaies de l’équipe dans un final foutraque et coloré, sans Tambor évidemment, son personnage ayant passé l’arme à gauche dans la série, et l’acteur étant symboliquement mort à Hollywood. 

Un article écrit par Marion Olité, Adrien Delage, Delphine Rivet et Florian Ques.