3% : un thriller d’anticipation troublant façon Hunger Games

Publié le par Adrien Delage,

3%

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Netflix se lance dans la série dystopique avec 3%, une œuvre séduisante et prometteuse entièrement tournée au Brésil.

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Plus le temps passe et plus Netflix diversifie ses contenus. La plateforme américaine multiplie les lieux de tournage, de la France avec Marseille jusqu’aux quatre coins du monde pour Sense8. Cette fois, elle a donné son feu vert à Pedro Aguilera, un jeune réalisateur inconnu dans nos contrées. Pedro Aguilera vient en effet du Brésil, là où a été entièrement tourné son bébé sériel, intitulé 3%. C’est la seconde série originale de Netflix intégralement filmée en Amérique latine après Club des Cuervos. 3% présente ainsi les codes et la cinématographie brésilienne, qui a de quoi surprendre au premier visionnage.

La série, créée et écrite par Pedro Aguilera, est une dystopie basée sur une websérie éponyme sortie en 2011, qui a buzzé sur le YouTube brésilien. 3% nous emmène dans une société divisée en deux grandes parties : le Continent, où les plus démunis s’entassent et meurent de faim, et l’Autre rive, un endroit idyllique où il fait bon vivre. Pour atteindre l’Autre rive, les jeunes âgés d’une vingtaine d’années doivent subir une série de tests étranges et prouver leurs capacités dans le Processus, sorte d’antichambre située entre les deux mondes. Le problème, c’est que seulement 3 % des participants sont retenus pour aller vivre dans la terre promise. Mais derrière ce monde manichéen se cache un mouvement de révolte appelé la Cause, une mystérieuse organisation qui cherche à renverser le pouvoir et cette injuste stratification sociale.

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Entre Trepalium et Hunger Games

Dès le départ, 3% interroge sur les dynamiques de la société, sa hiérarchisation, ses catégorisations. On ne sait pas pourquoi la civilisation en est venue à se séparer en deux. Le pilote s’ouvre sur une succession de plans dans les favelas, ces bidonvilles brésiliens insalubres où tente de survivre un peuple considéré comme marginal. Puis, des dizaines et des dizaines de jeunes gens, les yeux plein d’espoir, se rendent dans cette étrange structure blanche appelée le Processus, qu’ils considèrent comme un véritable sanctuaire.

Toutefois, ils n’ont pas le droit à l’erreur : s’ils échouent aux tests, ils resteront dans la misère pour toujours. 3% a beau être une série d’anticipation, elle renvoie dès les premières minutes à la situation actuelle d’un pays qui a abandonné sa responsabilité sociale envers les plus pauvres, les habitants des bidonvilles.

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Les tests que subissent les participants correspondent à une suite d’épreuves qui rappellent les jeux d’Hunger Games, l’épée de Damoclès au-dessus des têtes en moins. La plupart du temps, ces essais semblent être sans queue ni quêtes et servir uniquement à définir la personnalité et l’endurance des candidats. Mais pour eux, l’enjeu est tellement important que les perdants tombent en dépression ou se suicident carrément.

Parmi les gagnants, on trouve un noyau dur sur lequel repose l’intrigue. Si l’écriture des personnages n’est pas exempte de stéréotypes (le tricheur, la rebelle, le beau gosse qui ne rate jamais…), elle laisse entrevoir de belles perspectives de rebondissements et d’évolution. Reste que les dialogues sont inégaux et le jeu hasardeux de certains acteurs perturbe un peu l’affect qu’on pourrait leur porter.

Au final, même si 3% parle d’une société en pleine évolution, la série reste profondément intimiste. D’abord parce qu’elle suit le parcours de plusieurs personnages qui ont chacun une histoire différente à raconter au spectateur, mais aussi parce que César Charlone, le réalisateur du pilote, suit ses acteurs à la trace. La caméra tourne, se colle à leur visage, s’embarque derrière eux, virevolte au-dessus d’eux… Bref, elle ne se pose jamais et ça donne franchement le tournis.

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Pourtant, cette façon de filmer qui donne une impression d’amateurisme apporte un charme, un rythme soutenu et une authenticité à la série. Pedro Aguilera semble avoir mis tout son cœur dans sa création. Quant à la BO aux effluves latinos, elle est mystique, envoûtante et joue pour beaucoup dans l’aura troublante que manifeste 3%.

Située quelque part entre l’ambition de Trepalium d’Arte et une version plus mature de The 100, 3% questionne, énerve parfois de par sa naïveté mais interpelle forcément. Qui est Ezequiel, le grand patron du Process ? Qui forme la Cause ? L’Autre rive existe-t-elle vraiment ? Comme le cliffhanger final du pilote nous le révèle, l’intrigue de 3% comprend illusions, mensonges et conspirations. Un joli programme pour cette série prometteuse, dont le premier épisode laisse transparaître un hommage vibrant à la culture brésilienne et une critique juste de la pauvreté urbaine qui frappe son peuple depuis un siècle.

La saison 1 de 3% est disponible en intégralité sur Netflix.

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