Un “musée sentimental” investit le Centre Pompidou-Metz

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Eva Aeppli/Susanne Gyger, Lucerne/musée Tinguely, Bâle/Photo : Hansjörg Stöcklin

L’artiste suisse Eva Aeppli expose son "musée sentimental", regroupant des objets auxquels elle était attachée, ses "Livres de vie", ses lettres et les dessins de ses enfants.

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Le Centre Pompidou-Metz consacre jusqu’au 14 novembre 2022 une rétrospective à l’artiste suisse Eva Aeppli, la première en France consacrée à cette sculptrice connue pour ses figures textiles mais “restée dans l’ombre” du Nouveau Réalisme des années 1960.

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Née en 1925 en Suisse, elle s’installe avec son mari Jean Tinguely à Paris en 1952 où le couple fréquente Daniel Spoerri et Niki de Saint Phalle. Mais “elle n’a jamais eu son grand moment, on ne s’est jamais concentré sur son œuvre”, explique Anne Horvath, une des commissaires de l’exposition. Il était donc “important” d’exposer l’œuvre “foisonnante” de cette artiste “énigmatique et radicale” de la seconde moitié du XXe siècle, ajoute-t-elle.

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Eva Aeppli avec Ama lors du montage de l’exposition “Eva Aeppli” à la galerie Felix Handschin, Bâle, 1969. (© Susanne Gyger, Lucerne/Musée Tinguely, Bâle/Helen Sager/ADAGP, Paris)

Œuvres les plus remarquables d’Eva Aeppli, ses sculptures en textile à taille humaine et aux visages très expressifs sont exposées en “dialogue” avec les réalisations de ses contemporain·e·s. Comme La Table, une de ses œuvres majeures des années 1960, où treize personnages sont installés autour d’une table, rappelant La Cène de Léonard de Vinci. Au centre, la figure du Christ est remplacée par celle de la Mort “pour figurer les crimes qui ont été commis au XXe siècle”, comme l’explique Eva Aeppli dans une lettre envoyée à une étudiante en 1999.

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En face, tel un miroir, le musée a choisi d’exposer une gigantesque toile d’Andy Warhol, The Last Supper. Elle fait partie d’une des dernières séries produites par l’artiste phare du pop art, dans laquelle il réinterprète en noir et blanc le célèbre tableau de Vinci en l’affublant de deux logos de marques de cigarettes états-uniennes.

Eva AEPPLI et Jean TINGUELY, impasse Ronsin, vers 1959. (© Susanne Gyger, Lucerne/musée Tinguely, Bâle/Photo : Hansjörg Stöcklin)

Durablement marquée par la Seconde Guerre mondiale, Eva Aeppli exprime dans son œuvre “son désarroi face à l’inexplicable”, décrypte Anne Horvath. Ainsi, dans le Groupe des 13, treize figures de textile assises sur des chaises, trois sont laissées vides “pour accentuer le caractère dramatique de l’installation”.

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Et avec Les Sept juges, sept sculptures assises en rang semblant sortir tout droit de sa toile L’Aube, elle représente ceux qui ont jugé les crimes contre l’humanité, expose Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz et également commissaire de l’exposition.

Aux côtés des sculptures de l’artiste, décédée à Honfleur en 2015, le Centre Pompidou-Metz présente dessins et peintures, des objets auxquels elle était attachée et ses célèbres Livres de vie, de grands carnets dans lesquelles elle collait lettres de ses proches, dessins de ses enfants ou encore photos de ses œuvres.

Konbini arts avec AFP.

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