Sur Instagram, un compte tente de retrouver l’identité de morts anonymes

Publié le par Lise Lanot,

Via @NamelessDoes

Adrian Starevich souhaite éliminer le tabou qui entoure la mort en publiant des photos de cadavres non identifiés.

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En Amérique du Nord, on donne le nom de John Doe et de Jane Doe aux hommes et aux femmes dont on ne connaît pas ou dont on cache l’identité. Ce sont par exemple les noms donnés aux mort·e·s anonymes.

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Sur Instagram, Adrian Starevich, un Canadien de 19 ans, a décidé de recenser une majorité de ces @NamelessDoes (ces “Does sans nom”) afin d’aider les autorités compétentes à les identifier, tel que le précise Antigone Mag. Attention, certaines images du compte peuvent choquer, d’autant plus qu’après la mort, les visages des défunt·e·s se déforment énormément.

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Sur son compte, le jeune homme originaire de Québec diffuse des portraits trouvés sur NamUs, un site qui relie la population à des experts médico-légaux pour résoudre des affaires d’individus portés disparus. Avec une petite équipe de bénévoles, Adrian Starevich compile en légende les informations disponibles (la taille, l’âge, la couleur de peau, etc.) sur les morts – le plus souvent des sans-abri – au cas où un de leurs proches les reconnaîtrait.

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Dans ses stories, le créateur du compte s’épanche sur sa fascination la mort :

“Je suis un véritable masochiste de la mort. J’adore ça, je ne peux jamais en avoir assez, j’en parle tout le temps et j’ai trop hâte de vivre la mienne. J’aime TOUT à propos de la mort. La tristesse, le deuil, la douleur, l’odeur des trucs gluants, l’anthropologie, l’histoire, la science.

[La mort], c’est littéralement toute ma vie et, c’est très ironique mais sans la mort, je mourrais.”

Dédié corps et âme à cette cause, le jeune homme partage les portraits de personnes parfois disparues depuis les années 1980, expliquant “qu’il importe de garder espoir, d’autant plus lorsque les autorités ont sûrement lâché l’affaire”. Adrian Starevich met aussi un point d’honneur à “mettre en avant les minorités parce qu’elles sont souvent laissées de côté” des avis de recherche.

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Dès qu’une personne est identifiée, son image est supprimée du compte, prouvant l’objectif de pure recherche du projet. Il est difficile de mesurer l’utilité de @NamelessDoes puisque le créateur demande à ses abonné·e·s de ne pas passer par le compte pour transmettre leurs informations, mais de se rapprocher directement de la police concernée.

S’il est conscient de la dimension très morbide de sa page, le jeune homme est persuadé de l’utilité publique de son compte et espère, à travers ces images, “changer la perception des gens sur les cadavres, parce que le tabou qui entoure la mort obstrue fortement l’identification des victimes”.

Avec @NamelessDoes, il espère “créer un monde où les morts ne seraient pas cachés et dans lequel partager leurs histoires serait tout à fait normal”. Cette normalisation n’est pas encore au goût d’Instagram, qui a déjà plusieurs fois supprimé le compte d’Adrian Starevich.

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