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Depuis 2010, Alex Majoli parcourt le monde et immortalise les petites histoires de ceux qui vivent la grande histoire. Il a ainsi baladé son appareil aux quatre coins de la planète, en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Le résultat de ces huit années est visible dans une exposition présentée au Bal parisien, “Scene”.
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En pointant son objectif sur des modèles aléatoires, le photographe raconte l’histoire de notre monde, qu’il s’agisse de jeunes employées chinoises obligées de commencer leur journée par une réunion de motivation, de réfugié·e·s en quête de survie accostant sur des plages grecques, ou de Britanniques venant de vivre la décision de leur pays de sortir de l’Union européenne.
Traquer la théâtralité du monde pour révéler sa vérité
Le photographe italien, membre marquant de la prestigieuse coopérative photographique Magnum, traque la vérité de façon particulière, puisqu’il s’attache à retranscrire la théâtralité de notre monde, de nos mouvements et de nos relations, en images. Comme le précise un des commissaires de l’exposition, David Campany, les photos d’Alex Majoli sont “le résultat d’une action performée”, sorte de spectacle dans lequel le photographe et son assistant “s’invit[ent] dans une situation” :
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“Parfois, les sujets modifient leur comportement en anticipant l’image à venir et changent délibérément de posture. Il arrive souvent qu’ils soient trop occupés par l’intensité de ce qu’ils vivent pour y prêter attention. Dans les deux cas, la représentation du spectacle et le spectacle de la représentation finissent par ne faire qu’un.“
Le photographe insiste sur le fait qu’il ne dirige pas les personnes qu’il photographie, arguant qu’il n’y a même parfois aucune communication : “Mes images ne sont pas mises en scène. Je ne dirige pas mes sujets. Parfois, il n’y a même aucune communication entre nous”, expliquait-il au Monde.
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Son intérêt pour la “théâtralité du quotidien” ne date pas d’hier. Dans les années 1970, il suit avec ferveur l’évolution des avant-gardes du théâtre italien. Cette inclination ne l’a pas quitté puisque le nom même de la série qu’il présente au Bal, “Scene”, est un clin d’œil direct au théâtre antique grec. Constamment sur le fil, le photographe s’intéresse à la théâtralité de notre présence au monde pour finalement exposer notre vérité.
Les monochromes exposés étonnent par leurs contrastes. La profondeur des teintes obscures et l’éclat des teintes blanches sont accentués par l’usage quasi-systématique du flash, alors même que les photos sont prises en pleine journée. Ces flashs agissent comme une métaphore de la volonté de l’artiste de faire tomber les masques de ceux qu’il photographie.
En parallèle de l’exposition qui ouvre cette nouvelle saison du Bal, le musée met en place un cycle de performances, “Voir et agir”, avec le concours de six artistes cosmopolites venus créer une œuvre inédite, et de maîtres de conférences. L’occasion de questionner les représentations humaines en théorie et en pratique.
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“Scene” d’Alex Majoli est exposée à l’espace Le Bal à Paris jusqu’au 28 avril 2019.