Quand l’artiste Sophie Calle séjournait au Musée d’Orsay abandonné

Publié le par Lise Lanot,

© Sophie Calle/Musée d’Orsay

Il y a quarante ans, Sophie Calle séjournait au Musée d'Orsay, entourée de rats morts et de chats momifiés.

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En 1978, les travaux visant à transformer la gare d’Orsay et son hôtel en musée n’ont pas encore commencé. L’artiste Sophie Calle choisit pourtant de s’y aventurer. Elle pousse une porte qui cède et se choisit “une chambre à l’abandon”, la chambre 501. Plus de quarante ans plus tard, l’artiste expose son séjour dans l’ancien Grand Hôtel d’Orsay. Elle offre ainsi au public une nouvelle facette de son art biographique inclassable.

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Celle qui confie être particulièrement “attirée par les lieux abandonnés” y a passé “des journées entières pendant près de deux ans”, entre 1978 et 1981, après avoir “poussé une porte” au hasard d’une promenade. “À l’époque, je voulais être danseuse et m’entraînais dans ce qui est le restaurant aujourd’hui, je venais assez souvent mais je n’y dormais pas, l’endroit était inquiétant, avec des rats morts, des chats [momifiés] comme montrent les photos”, ajoute l’artiste.

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© Sophie Calle/Musée d’Orsay

Visiteuse clandestine des lieux désertés, elle y a collecté des objets abandonnés, rouillés, des fiches client·e·s, factures de gaz et d’eau et autres “traces archéologiques”. Elle a aussi pris des photos, y a invité des proches, adressant des notes à un “homme à tout faire” baptisé “Oddo” dont elle a imaginé l’identité.

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Ces “trophées” l’ont accompagnée pendant plus de quarante ans comme autant de “fantômes d’Orsay”, titre de l’exposition. Elle a choisi de redonner vie à ce monde avec un expert de l’archéologie, Jean-Paul Demoule, qui a réalisé des textes exposant avec humour son point de vue d’archéologue du présent et du futur sur les objets rassemblés par l’artiste.

© Sophie Calle/Musée d’Orsay

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© Sophie Calle/Musée d’Orsay

L’ensemble de ce travail en duo a fait l’objet d’un livre intitulé L’Ascenseur occupe la 501, paru chez Actes Sud. Lors du premier confinement, Sophie Calle avait été invitée par le musée à revenir sur ses traces. Seule au milieu des plus célèbres œuvres impressionnistes, elle avait choisi de “continuer l’histoire”, en les mettant en résonance avec ce passé : elle a photographié certains des tableaux selon un angle décalé et plongés dans l’obscurité.

Deux salles du Musée d’Orsay tapissées en référence à la chambre d’hôtel lui sont dédiées. Elles accueillent objets et reliques, ainsi que neuf célèbres tableaux du musée (Manet, Van Gogh, Caillebotte, Degas, Courbet, Monet…) en référence à son nouveau séjour solitaire sur les lieux, quarante ans plus tard.

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Sophie Calle devant le Déjeuner sur l’herbe. (© Sophie Calle/Musée d’Orsay/Photo : Sophie Crépy)

“Fantômes d’Orsay” est visible au Musée d’Orsay jusqu’au 12 juin 2022.

Konbini arts avec AFP.

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