Pourquoi une banane a-t-elle tant fait parler d’elle ce week-end ?

Publié le par Lise Lanot,

© Maurizio Cattelan

Ayant causé des mouvements de foule incontrôlables à la foire d'Art Basel Miami, une banane collée à un mur a dû être décrochée.

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Si on considère qu’une grosse banane vaut environ 30 centimes, 120 000 dollars permettraient d’acheter environ 480 000 bananes. Ce week-end pourtant, cette coquette somme (d’environ 108 000 euros) a servi à l’achat d’une seule banane, accrochée par l’artiste italien Maurizio Cattelan à la foire d’art contemporain Art Basel Miami, qui se terminait hier, dimanche 8 décembre.

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Si la vente de l’œuvre, nommée Comedian, a fait le tour des médias, la banane – exposée par la galerie Perrotin – provoquait déjà des mouvements de foule depuis le 5 décembre, date de début de la foire. Vendredi 7 décembre, un artiste d’origine géorgienne, David Datuna, a décidé d’intégrer sa propre performance à l’installation en décrochant simplement la banane avant de l’engloutir.

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Artiste affamé. Une performance artistique par moi-même. J’adore le travail de Maurizio Cattelan et j’adore cette installation. Elle est délicieuse.”

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Selon le Miami Herald, le fondateur de la galerie, Emmanuel Perrotin, était sur le chemin de l’aéroport lorsqu’il a appris que la banane avait été mangée : “Il est retourné en vitesse au stand, l’air clairement agacé. Un visiteur a essayé de le réconforter en lui proposant sa propre banane.”

Selon le directeur des relations avec les musées, Lucien Terras, le fait que la banane ait disparu ne pose pas de problème : “Il n’a pas détruit l’œuvre d’art. La banane, c’est l’idée.” Aussitôt dit, aussitôt réparée : Emmanuel Perrotin et un assistant ont recollé la banane empruntée une quinzaine de minutes après les faits, rapporte le quotidien floridien. Ni vu, ni connu.

L’intérêt pour le fruit (ou pour l’idée du fruit, si on suit la logique de la galerie) a tant et tant grandi que la galerie a informé le public que la dernière banane exposée (après la vente de deux de ses consœurs) allait être retirée du stand et ne serait plus visible pour le dernier jour d’exposition :

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“Ce matin, suivant les instructions données, nous avons retiré l’installation vers 9 heures. Nous souhaitons remercier les organisateurs de la foire pour leur aide et leur soutien. Art Basel a collaboré avec nous en mettant à disposition des vigiles et des cordons de sécurité.

Cependant, l’installation a créé des mouvements de foule incontrôlables et le placement de l’œuvre dans notre stand compromettait la sécurité des œuvres d’art alentour, dont celles de nos voisins.

‘Comedian’, dans la simplicité de sa composition, présentait un reflet complexe de nous-mêmes. Nous voudrions chaleureusement remercier toutes celles et ceux qui ont participé à cette aventure, ainsi que nos collègues. Nous nous excusons sincèrement auprès des visiteurs et visiteuses du jour qui ne pourront prendre part à l’installation.”

Hier, Emmanuel Perrotin a suivi l’exemple de David Datuna en partageant une vidéo de lui mangeant la banane restante. Sur les réseaux sociaux, les internautes continuent de débattre et d’échauffer leurs esprits. Que représente cette banane : une marque de génie faisant avancer l’art conceptuel, un superbe coup de publicité pour l’artiste et la galerie (un compte Instagram dédié à la banane a été créé) ou une vente ridicule à un prix exorbitant ? Une chose est sûre, grâce à son œuvre, Maurizio Cattelan a interrogé “l’idée” de l’art contemporain, sa légitimité et son intérêt.

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