Pourquoi un tableau de Pissarro est-il au cœur d’un litige juridique ?

Publié le par Konbini avec AFP,

© Camille Pissarro

Une famille et un collectionneur s’affrontent en justice pour définir la propriété d’un tableau de Pissarro.

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La Fileuse du peintre impressionniste Camille Pissarro ne fait pas partie des œuvres de Simon Bauer, collectionneur d’art juif spolié pendant la Seconde Guerre mondiale, et reste la propriété d’une famille seine-et-marnaise, a tranché le tribunal judiciaire de Meaux.

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Jean-Jacques Bauer, petit-fils de Simon Bauer et seul successeur à avoir connu son grand-père, “ne justifie pas quand, auprès de qui et dans quelles circonstances son grand-père aurait acquis le tableau litigieux”, considère le tribunal dans sa décision, consultée par l’AFP. “Sa demande de restitution du tableau en cause n’est pas fondée et doit être rejetée”, conclut-il.

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En 2019, il avait repéré un tableau mis en vente aux enchères et avait demandé sa mise sous séquestre et sa restitution, arguant qu’il faisait partie du patrimoine de son grand-père, spolié par le régime de Vichy. Durant l’audience civile fin septembre, les deux parties s’étaient écharpées sur l’origine de La Fileuse, œuvre estimée à 150 000 euros et représentant une femme assise dans un intérieur sombre.

Les membres de la famille Mullot, actuels propriétaires, ont indiqué que le tableau était entré dans le patrimoine familial en 1912, ayant été reçu en cadeau de mariage par une aïeule. Pour Jean-Jacques Bauer, il fait partie de la collection de son grand-père, mort en 1947 après avoir échappé à la déportation. Dans le patrimoine de 93 tableaux, dont 13 de l’impressionniste Camille Pissarro, un tableau intitulé La Tricoteuse.

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Via son avocat Cédric Fischer, M. Bauer a soutenu que La Tricoteuse et La Fileuse étaient le même tableau, assurant qu’il était courant que des noms différents soient attribués à une œuvre. “Il n’est pas ainsi établi”, a estimé le tribunal dans son jugement, que La Tricoteuse, dont la décision du 8 novembre 1945 a annulé la vente et ordonné la restitution immédiate, est le même que le tableau litigieux”.

“Nous sommes satisfaits, c’est la consécration que l’œuvre n’est pas spoliée et qu’elle a toujours été propriété de la famille Mullot. On confirme que c’est un authentique Pissarro et vierge de toute malversation”, a réagi auprès de l’AFP Me Thierry Jove Dejaiffe, représentant cinq des enfants Mullot, dont la plus jeune est âgée de 64 ans.

Cédric Fischer n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. En 2020, un autre tableau de Pissarro, La Cueillette des pois, alors propriété de collectionneur·se·s états-unien·ne·s avait fait l’objet d’un litige tranché par la Cour de cassation, qui l’a définitivement restitué à la famille Bauer.

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