Offertes à son médecin il y a 60 ans, des œuvres de Yayoi Kusama sont mises aux enchères

Publié le par Lise Lanot,

© Jose-Fuste RAGA/Gamma-Rapho via Getty Images

Ces œuvres, dont la valeur s’est envolée avec les années, vont être présentées au grand public pour la première fois.

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Dans les années 1960, un chirurgien nommé Teruo Hirose, récemment arrivé aux États-Unis, recevait dans son cabinet new-yorkais une compatriote japonaise. Proposant alors des consultations pro bono, le docteur Hirose, l’un des deux seuls médecins de Manhattan parlant japonais à l’époque, avait soigné la jeune artiste gratuitement. Cette dernière avait décidé de le remercier en lui offrant onze de ses œuvres (trois peintures et huit “œuvres sur papier”, selon Artnet). Près de soixante ans plus tard, ces œuvres, dont la plupart est inconnue du grand public, vont être mises aux enchères le 12 mai 2021 par la maison Bonhams.

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En même temps que la cote de Yayoi Kusama, la valeur des onze œuvres s’est envolée. Elles pourraient atteindre les 14 millions de dollars (près de 12 millions d’euros), si l’on se fie aux prévisions de la maison de ventes britannique. “Il s’agit, sans aucun doute, du lot d’œuvres de Kusama datant de la fin des années 1950 le plus rare à n’avoir jamais été mis en vente”, se réjouit Bonhams dans un communiqué.

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Yayoi Kusama, “Hudson River”, 1960. (© Bonhams)

Des œuvres phares

Parmi les onze œuvres, deux peintures polarisent l’attention et les convoitises des spécialistes et amateur·rice·s d’art. Mississippi River et Hudson River sont chacune estimées entre 2,5 et 4,2 millions d’euros. Leurs tons rouges tranchent avec le blanc prédominant des travaux de l’époque signés Yayoi Kusama, et leur multitude de points annonce le succès à venir des “infinity nets“, motif signature de l’artiste.

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“[Ces toiles sont] extrêmement significatives de l’œuvre de Kusama, exprimant, de façon anticipée, de nombreuses caractéristiques et thèmes qu’elle a continué d’explorer et de développer tout le long de sa carrière”, souligne Ralph Taylor, directeur général de la section d’art contemporain et après-guerre de Bonhams.

En plus de leurs spécificités techniques et conceptuelles, les œuvres ont une portée symbolique. Elles racontent l’histoire émouvante du lien tissé entre une jeune artiste sans le sou et un médecin, tout juste arrivé·e·s dans un nouveau pays. Yayoi et Teruo sont resté·e·s ami·e·s toute leur vie, jusqu’au décès du docteur, en 2019, et ces œuvres sont aujourd’hui un témoignage de leur longue amitié.

Yayoi Kusama, “Mississippi River”, 1960. (© Bonhams)

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Yayoi Kusama, “Sans titre”, 1965. (© Bonhams)