L’horreur des camps nazis saisie dans les photos bouleversantes de Michael Kenna

Publié le par Julie Morvan,

© Michael Kenna

"J’ai photographié ces camps pendant une douzaine d’années. Il fallait que je les photographie."

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Aucun mot ne peut décrire l’atrocité du génocide de millions de Juif·ve·s d’Europe. Ni avant, ni maintenant. Et si les mots sont impuissants, les images, en revanche, crient l’indicible. C’est la démarche du photographe Michael Kenna, qui a passé plus de quinze ans à photographier une vingtaine de camps nazis.

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Wagon, Mittelbau-Dora, Allemagne, 1999. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)

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Son exposition, intitulée “La lumière de l’ombre, photographies des camps nazis”, a été inaugurée le 23 octobre dernier au musée de la Résistance nationale. On y découvre une série de photographies monochromes aussi glaçantes que bouleversantes. Les tirages sont répartis dans trois espaces. Le premier est dédié au système concentrationnaire et aux centres de mise à mort ; le deuxième, aux déporté·e·s ; le troisième, à la mémoire des lieux.

L’implacable rigidité des wagons, des bâtiments, des clôtures barbelées, des chemins de fer pris au ras du sol marquent des paysages déserts. Le vide frappe, insupportable rappel de la mort comme ultime point de fuite. Elle est omniprésente, suggérée par la surface lisse du bassin de cendres humaines de Birkenau, ou au contraire matérialisée par un crâne et des ossements à Stutthof, plus crue que jamais.

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Clôture barbelée et arbres, Birkenau, Pologne, 1992. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)

Michael Kenna est né en Angleterre et photographie depuis maintenant plus de 45 ans les interactions entre les paysages naturels et l’activité humaine. Ses compositions épurées en noir et blanc saisissent dans un style intimiste la lumière de scènes nocturnes ou crépusculaires.

Au milieu des années 1970, une photographie des blaireaux de rasage retrouvés à Auschwitz-Birkenau le bouleverse. Seize ans plus tard, l’artiste visite et photographie pour la première fois un camp de concentration français, Natzweiler-Struthof. “C’était très puissant comme émotion, ça l’est toujours, comme pour n’importe qui je pense, et j’ai commencé à prendre des photos…”

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Il entreprend alors de photographier les vestiges des camps nazis et centres de mise à mort, réalisant au total près de 7 000 images. Le projet, dont seuls ses proches sont au courant, est présenté pour la première fois à Paris en 2001. À nouveau exposées aujourd’hui, ses photographies font la lumière sur l’histoire, pour figer l’émotion en un souvenir inaltérable qui jamais ne doit disparaître de la mémoire collective.

Bâtiment des gardes SS, (Porte de la mort), Birkenau, Pologne, 1992. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)
Jourhaus, (Bâtiment d’entrée), Dachau, Allemagne, 1994. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)

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Entrée du camp, Buchenwald, Allemagne, 1994. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)
Bâtiment des gardes SS, (Porte de la mort), Birkenau, Pologne, 1992. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)
Crâne et ossements, Stutthof, Pologne, 2000. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)

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Monument mémorial, étude n° 1, Plaszow, Pologne, 1993. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)
Bassin de cendres humaines, Birkenau, Pologne, 1998. (© Michael Kenna/MRN/don de Michael Kenna, 2021/Ministère de la Culture – MAP, dist. RMN-GP)

L’exposition “Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis” se tient jusqu’au 15 avril 2022 au musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne). Plus d’infos ici.