L’Holocauste raconté par une adolescente sur Instagram

Publié le par Pauline Allione,

© @Evastories

Et si Instagram avait existé pendant la Seconde Guerre mondiale ?

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De mots tirés d’un journal intime, l’histoire d’Eva Heiman a désormais son adaptation moderne et entièrement virtuelle. Sur Instagram, le compte ​@eva.stories raconte le quotidien de cette jeune Hongroise de 13 ans déportée à Auschwitz. Avec près de 30 stories, filmées pour la plupart, le compte plonge les internautes au cœur de la Seconde Guerre mondiale. À ​condition de bien vouloir imaginer que smartphones et réseaux sociaux aient pu faire partie du paysage.

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Portable en main, Eva filme son quotidien en Roumanie où elle vit avec ses grands-parents. Rapidement, sa cousine est contrainte de partir avec des officiers, avant que son grand-père ne soit privé de sa pharmacie, les nouvelles lois interdisant aux Juifs de posséder une entreprise. C’est là qu’Eva prend la décision de documenter sa vie sous l’Occupation, en continuant d’alimenter son compte Instagram.

Sous les hashtags #lifeduringwar ou #reporterlife, elle montre et raconte : fermeture de l’école, port de l’étoile, interdiction de circuler dans les rues, privation des biens, la vie au ghetto d’Oradea… Mais aussi sa famille, ses amis, son amoureux : le quotidien d’une jeune fille de 13 ans.

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Une campagne basée sur un véritable récit

Le compte @eva.stories, suivi par 1,6 million d’abonné·e·s, est le fruit d’une campagne produite par l’agence Léo Burnett Israël. Elle a été lancée le 1er mai, en amont de la Journée de commémoration de l’Holocauste. L’initiative porte deux objectifs : honorer la mémoire des 6 millions de Juifs tués pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi impacter les jeunes générations pour leur parler d’Histoire avec leurs mots.

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Le personnage d’Eva Heiman ne relève d’ailleurs pas de la fiction, puisque celle-ci a bel et bien existé, laissant derrière elle un journal intime, témoignage poignant de son quotidien. Et le choix de la jeune fille pour raconter l’Holocauste n’est pas anodin, puisqu’Eva rêvait de devenir reporter, pour raconter le monde avec ses photos.

Sur la base d’une story toutes les 30 minutes, le tout regroupé par date, le récit a été intégralement publié 48 heures après le lancement du compte. Au total, 260 micro-séquences ont été mises bout à bout. Les derniers instants filmés montrent Eva montant à bord du train qui l’emmènera à Auschwitz, là où l’adolescente finira inévitablement ses jours.

Le devoir de mémoire en hashtags

Bien loin des bouquins et des documentaires, @eva.stories veut aborder l’histoire de la Seconde Guerre mondiale d’une toute autre façon, plus percutante. À coups d’émojis, de filtres, hashtags, localisations et même de sondages, ce format veut ancrer le récit d’Eva Heiman dans une époque résolument moderne et connectée et ce faisant, la rendre bien réelle. En réutilisant tous les codes propres à Instagram et aux utilisations qu’en font ses usager.e.s, la narration rend l’histoire immersive et permet aux jeunes de s’identifier plus facilement.

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Dans les commentaires, les internautes se montrent d’ailleurs largement enthousiastes. Nous pouvons lire : “​Le premier Oscar pour une production Instagram ? J’en suis certain !”, ou encore “Utilisation brillante d’un médium assez récent pour apprendre l’histoire. Tout à fait incroyable. Extrêmement dur à regarder. J’aimerais en savoir plus sur le lancement du projet et ceux qui en sont à l’origine. Le potentiel de ce ‘genre’ est étonnant et excitant. Travail hallucinant.”

Raconter l’Histoire en faisant des réseaux sociaux un outil anachronique n’est pas une première. En 2013, le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux créait le profil Facebook de ​Léon Vivien​, un instituteur français (fictif) qui allait raconter son quotidien avant d’être appelé sur le front. La même année, c’était la maison d’édition The History Press qui se prêtait à un exercice similaire sur Twitter, avec ​@TitanicRealTime​. Comme le nom le laisse deviner, il n’est plus question de guerre dans ce live tweet, mais du naufrage du Titanic raconté en détail, de façon chronologique.

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Enfin, le Mémorial de Caen avait raconté le Débarquement en Normandie sur ​Facebook ​et ​Twitter​, images d’archives à l’appui, sur la base des mémoires d’un GI français. Mais de tous ces récits 2.0, @​eva.stories se distingue comme le plus abouti, avec une mise en scène particulièrement travaillée, dans sa temporalité de diffusion et la richesse de ses contenus.

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