Qui était Letizia Battaglia, la photographe antimafia décédée à 87 ans ?

Publié le par Lise Lanot,

© Eric Cabanis/AFP

Pour raconter la violence de la mafia sicilienne loin des clichés romancés, Letizia Battaglia courait les scènes de crime à bord de sa Vespa.

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La photographe italienne Letizia Battaglia, qui a documenté tout au long de sa carrière le monde de la mafia sicilienne est morte mercredi 13 avril à Palerme à l’âge de 87 ans. Couronnée par de nombreux prix, Letizia Battaglia, qui se rendait en Vespa dans les années 1980 sur les théâtres de meurtre pour témoigner de la violence de la mafia, est parvenue grâce à son travail à faire voler en éclats l’image romantique et idéalisée de Cosa Nostra véhiculée par certains films ou livres. Le maire de la capitale sicilienne, Leoluca Orlando, a salué “une femme extraordinaire” ayant joué “un rôle emblématique dans le processus pour libérer Palerme des griffes de la mafia”.

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Cette militante antimafia, qui avait débuté dans le service photo d’un quotidien local, s’est ensuite lancée dans la politique locale. Elle fut notamment élue à l’Assemblée régionale de Sicile, qui siège à Palerme. “Il pouvait y avoir jusqu’à cinq meurtres par jour”, pouvait-on lire en 2006 à l’occasion d’une exposition de ses photos à Rome. “Le travail était épuisant mais on ne pouvait pas rester les bras croisés, avec notre petite mafia sur notre petite île […]. Nous devions témoigner de cette violence et le monde devait savoir.”

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Le ministre de la Culture Dario Franceschini a rendu hommage à “une grande photographe, une grande Italienne qui […] a mené des combats importants”. Sur ses photos en noir et blanc, on peut voir une ruelle de Palerme, l’intérieur d’un appartement, le mur blanc d’une boucherie, l’arrière d’un bus ou encore le siège d’une voiture. Mais elles ont toutes un point commun : un cadavre dans une mare de sang ou un visage défiguré par une balle.

À l’époque, le clan Corleone, dirigé d’une main de fer par Toto Riina et Bernardo Provenzano, se battait pour imposer sa domination. Membres de la mafia, juges trop curieux, politiciens, dealers ; la “guerre de Palerme” a fait en quelques années des centaines de mort·e·s, souvent abattu·e·s en plein jour en public.

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En 2006, la photographe avait souligné que si ces années sanglantes appartenaient désormais au passé, la mafia était toujours bel et bien présente. Elle voyait dans son exposition à Rome “un appel au secours, car les conséquences de la mafia pour notre île sont aussi insupportables que jamais”.

Konbini arts avec AFP.