L’élection du 46e président des États-Unis à la Maison-Blanche induit l’arrivée d’une nouvelle Première dame, à la suite de Melania Trump. En l’honneur peut-être de cet avènement, la National Portrait Gallery du Smithsonian a organisé une exposition (désormais visible en ligne à cause des restrictions sanitaires) consacrée aux “First Ladies” états-uniennes. Retraçant toute l’histoire présidentielle américaine, l’exposition présente les portraits de ces femmes, de Martha Washington à Melania Trump, dont le rôle et l’indépendance se sont affirmés au fil des époques.
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“First Ladies” est composée de six sections chronologiques. De 1789 à 1845, “Devenir Première dame” ; de 1845 à 1877, “Destinée manifeste et guerre de Sécession” ; de 1877 à 1901, “L’Âge d’or” ; de 1901 à 1933, “Impérialisme et progressisme” ; de 1933 à 1993, “Au service d’une cause” ; et enfin, de 1993 à aujourd’hui, “Vers le nouveau siècle”. Chaque portrait est accompagné d’une rapide biographie de ces femmes, qui sont majoritairement les épouses des présidents, mais parfois aussi leurs filles ou belles-filles, sœurs et nièces.
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De Premières dames esclavagistes à la première First Lady afro-américaine
Plus de 230 ans après le premier mandat de George Washington, aux côtés de son épouse Martha, le musée d’art historique retrace les évolutions du rôle de la Première dame et de leur représentation, ainsi que leur implication politique, aussi funeste soit-elle. On apprend ainsi que “dix des douze premiers présidents et Premières dames possédaient des esclaves, dont certains étaient des membres illégitimes de leur famille, telle que la demi-sœur de Martha Washington, Ann Dandridge”.
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La période dite de la “Destinée manifeste et guerre de Sécession” (de 1845 à 1877) met progressivement en lumière la figure de la Première dame. Le musée note que Mary Lincoln (épouse d’Abraham) “a activement veillé à exprimer ses opinions politiques toute sa vie [bien que], en tant que femme, elle ne pouvait elle-même s’engager”. Ce serait tout de même ses ambitions politiques qui l’auraient menée à devenir la femme du seizième président des États-Unis – qui profitait, quant à lui, du statut social élevé de son épouse et de sa famille.
Le tournant du XXe siècle confirme l’intérêt national pour la Première dame, dont l’image est alors amplement utilisée à travers le pays – les nouvelles techniques d’impression aidant – sans que cette dernière n’approuve forcément ces décisions. Frances Cleveland est considérée comme la première “icône” des Premières dames, une véritable célébrité : à tout juste 21 ans, son mariage avec Grover Cleveland fascina les foules tandis que son style influençait la haute société et les marques de vêtements.
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Des évolutions picturales symboliques
Ce rayonnement engendre un changement dans la façon dont sont représentées les Premières dames. Le choix de l’artiste, de la posture, des symboles qui les entourent prennent davantage de place. La plupart des réalisations sont des toiles peintes, bien qu’on retrouve un certain nombre de photographies (à partir de 1860) et quelques sculptures. Le temps passant, certaines Premières dames optent pour des productions plus impressionnistes et symbolistes, s’émancipant des codes classiques des débuts.
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Les prémices de la Seconde Guerre mondiale et la place grandissante prise par les femmes dans l’économie états-unienne assoient les fonctions de la Première dame, qui œuvre désormais pour des causes qui lui sont chères (contre la malnutrition pour Michelle Obama ou contre les drogues pour Nancy Reagan, par exemple). Les femmes regardent davantage le peintre, elles sont représentées avec plus d’autorité, de modernité et de pouvoir, tel que le prouve le “multiportrait” d’Eleanor Roosevelt.
L’exposition se termine sur les portraits d’Hillary Clinton, Laura Bush, Michelle Obama et Melania Trump. La toile représentant Michelle Obama a également marqué un tournant dans l’histoire de ces œuvres politiques. Première peinture présidentielle réalisée par une artiste noire, Amy Sherald (tandis que celle de son mari a été la première réalisée par un peintre afro-américain, Kehinde Wiley), l’œuvre a fait doubler la fréquentation de la National Portrait Gallery les deux années suivant son inauguration. Bientôt, viendra s’ajouter à ces visages celui du Dr Jill Biden, la première épouse présidentielle à conserver son emploi en plus de sa nouvelle fonction au sein de la Maison-Blanche.
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L’exposition “First Ladies” est visible en ligne jusqu’au 23 mai 2021.