L’érotisme du corps des hommes exploré dans un projet photo collaboratif

Publié le par Apolline Bazin,

Plateforme collaborative et féministe lancée en 2019, "Lusted Men" souhaite montrer la diversité du désir au masculin.

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C’est quoi un homme sexy en 2020 ? Est-ce forcément un homme viril, musclé comme les dieux du stade ? L’homme comme objet de désir tout en beauté et en sensibilité, c’est tout le sujet de Lusted Men. À l’initiative de la plateforme, Flore Bleiberg, Lucie Brugier et Laura Lafon, trois jeunes femmes qui avaient l’envie de réfléchir aux représentations érotiques des corps des hommes*, aux regards posés sur eux, notamment les regards de femmes*”, comme elles l’écrivent sur leur site – les * soulignent une définition inclusive de ces genres.

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Issues de formation en sociologie, cinéma et photographie, elles revendiquent une démarche féministe : “Ce projet souhaite encourager et rendre visibles des représentations et des regards non-hégémoniques sur l’érotisme et l’intime. Nous pensons qu’à travers le ‘jeu’ photographique s’entrecroisent des dynamiques puissantes qui bousculent les rôles établis.”

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Dwam Ipomée : <em>“Ce qui m’intéresse, c’est de mettre des hommes dans des situations interdites ou mal vues : en situation de vulnérabilité, de démonstration d’affection, de soin, de joliesse, de douceur, d’abandon, toute situation qu’ils ne considèrent pas comme stéréotypée masculine. Bref, tout ce qui, d’habitude, est lié à la féminité, stéréotypée et hypersexualisée.”</em> (© Dwam Ipomée/Lusted Men)

Pour le plus grand étonnement (et plaisir) des fondatrices, le premier appel à projet a bien interpellé et Lusted Men a reçu plus de 230 contributions entre juillet et décembre 2019. Contactées par mail, elles racontent que ces participations étaient très enthousiastes :

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“Plusieurs personnes ont témoigné du fait que c’est grâce à l’appel de ‘Lusted Men’ qu’elles sont passées à l’acte : acte de photographier ou de poser. Il y a donc un effet performatif qui nous enchante dans ce projet, qu’il soit incitatif, qu’il puisse créer de l’action concrète dans la réalité. Cela tient au fait que la photo peut être envisagée comme un jeu.”

Ronnie LXXVII : <em>“C’est un temps que je m’accorde pour m’exprimer, souffler, me couper du monde, me libérer d’une idée, d’un sentiment… Pour lâcher prise et me permettre d’être celui qui sommeille en moi. Amener dans ce monde une part du mien. Je suis le fils de la nuit, fils du soleil, fils de la chèvre.”</em> (© Ronnie LXXVII/Lusted Men)

Autre bonne surprise, la diversité des images reçues :Nous partons du principe qu’est photographe toute personne qui fait des photos. Ce qui compte, c’est la diversité et la liberté, ce sont tous ces chemins explorés que nous voulons partager.”

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Chaque image ou série envoyée à Lusted Men est accompagnée d’un témoignage. Les textes sont aussi importants que les images, car ils racontent pourquoi et comment elles ont été prises et diffusées. ‘Lusted Men’, c’est une collection à la croisée entre art, recherche et manifeste.” Les fondatrices travaillent déjà avec l’anthropologue Morgane Tocco, pour analyser les données sociologiques recueillies et produire du savoir sur ces regards.

© Dwam Ipomée/Lusted Men
Florian Dautcourt : <em>“L’érotisme, c’est un tremblement, une faille dans laquelle on éprouve une irrésistible envie de s’engouffrer.”</em> (© Florian Dautcourt/Lusted Men)

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Yasmine Hatimi : <em>“Je fais des portraits de jeunes hommes à qui je demande de choisir une fleur. Certains sont persuadés d’être incapables de faire ce choix, ce ne serait pas dans leur culture. Au départ, ils étaient presque intimidés par ma présence, une femme seule face à eux. Les séances se sont déroulées dans un profond respect mutuel, nous étions enfin égaux.”</em> (© Yasmine Hatimi/Lusted Men)
Sergey Melnitchenko : <em>“J’ai commencé la photographie de nu en 2012, mais je ne voulais pas montrer des femmes, car c’était trop simple. J’avais une autre mission – choquer ma petite ville natale.”</em> (© Sergey Melnitchenko/Lusted Men)
Diaz : <em>“D’abord elle. Nous essayons plusieurs poses comme nous en avons l’habitude. ‘À moi’, dis-je, mi-plaisantin, mi-sérieux, avec une pointe de provocation dans la voix. Nous inversons les rôles, je prends des poses tarabiscotées. Elle rit, puis me guide, agacée. La séance commence vraiment. ‘Tourne-toi, lève la tête, regarde par ici’, me lance-t-elle avec un aplomb croissant. Je m’exécute. Je jubile et m’extasie de son enthousiasme. C’était la première fois de quelque chose et les premières fois, c’est important.”</em> (© Diaz/Lusted Men)

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Projet évoluant entre Paris, Bruxelles et Athènes, c’est dans la capitale belge qu’aurait dû avoir lieu la première exposition du collectif en juin 2020. L’équipe travaille pour la reporter avant la fin de l’année, si la situation sanitaire le permet.