Le Louvre-Lens ouvre une fenêtre sur l’intime dans une exposition délicate

Publié le par Pauline Allione,

© Eugène Lomont/RMN–Grand Palais/Photo : Thierry Ollivier ; © Rémy Cogghe/Musée La Piscine, Roubaix/Dist. RMN-Grand Palais/Photo : Alain Leprince

Pour ses 10 ans, le musée lensois invite le public à redécouvrir la notion d’intimité.

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Que se passe-t-il, derrière les portes de nos foyers ? Alors que plusieurs épisodes de confinement nous ont récemment poussé·e·s à vivre reclus·es et que les adolescent·e·s passent de plus en plus de temps dans leur chambre, c’est la question que se pose le musée du Louvre-Lens dans son exposition “Intime et moi”.

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Programmée jusqu’au 27 mars 2023 dans le pavillon de verre, l’exposition explore les liens entre l’art, l’intimité et l’habitat, et célèbre dans le même temps les 10 ans de l’institution. Imaginée en trois volets, “Intime et moi” interroge la notion d’intimité et ce qu’elle recouvre pour les jeunes générations.

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Jules Boquet, La Tasse bleue, 1913. (© Musée La Piscine, Roubaix, Dist. RMN–Grand Palais, Alain Leprince)

La première partie de l’exposition se concentre sur nos manières de vivre à l’abri des regards extérieurs et sur ce qui se passe dans les habitats. La seconde met en lumière l’intrusion d’objets extérieurs dans l’intimité et les façons de partager l’intimité de chacun·e, tandis que le troisième chapitre explore l’étymologie de l’intimité, qui signifie “au plus profond de soi”, et invite à la contemplation. Enfin, le quatrième espace, intitulé “Se livrer” dévoile les coulisses de l’exposition.

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Les secrets de l’intimité dévoilés

Toiles, mobilier, sculptures, réseaux sociaux… L’exposition définit les contours de l’intimité dans l’art au travers d’une vaste sélection qui comprend 28 œuvres, empruntées à six musées différents, dont le musée du Louvre. On retrouve ainsi un fauteuil, incontournable du salon, dessiné au fil de coton par l’artiste nantaise Olga Boldyreff ; deux employé·e·s de maison espionnant leur maîtresse dans la toile Madame reçoit du peintre Rémy Cogghe ; ou encore l’ensemble de sous-vêtements en porcelaine de la céramiste Violaine Ulmer.

Eugène Lomont, Jeune femme à sa toilette, 1893, MUDO – Musée de l’Oise. (© RMN–Grand Palais/Photo : Thierry Ollivier)

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Autant d’œuvres qui explorent des attitudes, des corps, des relations ou encore des habitudes, une fois la fenêtre de chez soi fermée. Interactive, l’exposition n’oublie pas les réseaux sociaux, qui ont radicalement transformé nos manières de partager notre intimité et de s’immerger dans celle des autres. Le public, installé sur “le confident connecté”, un double siège imaginé au XIXe siècle qui place les personnes en face-à-face et ouvre une fenêtre sur leur visage, propose ainsi d’explorer un compte Instagram spécialement créé pour l’occasion par les étudiant·e·s de l’EFAP de Lille.

Un projet social et collaboratif

Pour ses 10 ans, le Louvre-Lens, qui porte une attention particulière à l’idée de “faire musée ensemble” pour créer des projets toujours plus inclusifs en prise avec la société, a coconstruit cette exposition au côté d’une quinzaine de jeunes du territoire en situation de réinsertion sociale et professionnelle.

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De la sélection des œuvres à la scénographie, en passant par la communication, les jeunes commissaires d’exposition ont participé à la conception d’”Intime et moi”, dans le cadre du Projet scientifique et culturel, un plan stratégique du musée établi sur cinq ans, qui engage l’institution en faveur de la jeunesse.

Rémy Cogghe, Madame reçoit, 1908. (© Musée La Piscine, Roubaix/Dist. RMN-Grand Palais/Photo : Alain Leprince)

“Je voulais voir ça, voir jusqu’où ce projet pouvait aller, voir l’envers du décor et les réactions des visiteurs quand l’exposition serait installée”, raconte Maxime, apprenti commissaire d’exposition à tout juste 20 ans. “On donne du temps, on fait des choix, on compose. On se sent un peu chez nous, ici”, affirme pour sa part Chloé, 24 ans, qui a vécu comme un accomplissement le fait de toucher à l’envers du décor et d’affirmer ses choix dans la création de l’exposition.

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Outre leur participation au montage de l’exposition, les apprentis commissaires ont pris part à des activités créatives, dont un atelier photo. En images, les jeunes ont pu retranscrire leur idée de l’intimité, cachée dans des silhouettes et des regards mettant en scène tantôt la mélancolie, la rêverie ou encore la solitude.

Ces derniers ont également, en compagnie de l’artiste Douglas Eynon, participé à la création de toiles qui superposent des solutions diluées pour inviter à la contemplation. Construite à plusieurs mains et par plusieurs générations, l’exposition ouvre résolument une fenêtre sur l’intimité, pudiquement mise à nu dans le pavillon de verre du musée.

François Jouffroy, Jeune Fille confiant son premier secret à Vénus, 1839. (© RMN–Grand Palais/Musée du Louvre/Photo : Tony Querrec)

L’exposition “Intime et moi” est à visiter jusqu’au 27 mars 2023, au Louvre-Lens.

Konbini arts, partenaire du Louvre-Lens.