Le deuil des mères afro-américaines face aux violences policières raconté en images

Publié le par Lise Lanot,

© Jon Henry

Dans sa série Stranger Fruit, Jon Henry photographie des mères de famille afro-américaines tenant le corps inerte de leur fils.

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En 1939, Billie Holiday secouait les États-Unis avec sa chanson “Strange Fruit”. Elle y décrivait avec douleur et sensibilité les cadavres des personnes noires lynchées en public comme “d’étranges fruits suspendus aux peupliers”, laissant “du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines”. Le poème, particulièrement poignant chanté par la voix grave de l’artiste, est rapidement devenu une chanson de révolte dénonçant le racisme du sud des États-Unis.

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Nombreux·ses sont les artistes à s’inspirer de ce chef-d’œuvre musical, rappelant la persistance du racisme malgré les années qui s’écoulent, aux États-Unis mais aussi à travers le monde, en France notamment. En 2013, Kanye West samplait notamment la chanson pour son morceau “Blood on the Leaves”. 80 ans après Billie Holiday, le photographe Jon Henry met quant à lui en images son œuvre musicale dans sa série Stranger Fruit (“Des fruits plus étranges”).

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“Sans titre #29, Miami, Florida”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)

Le photographe new-yorkais, dont le travail “interroge des notions familiales, sociopolitiques, liées au deuil, au traumatisme et à la guérison au sein de la communauté afro-américaine”, actualise le titre de la chanson pour dénoncer les violences policières de son époque. En près d’un siècle, la couleur de peau des victimes est restée le mobile du crime, seule la façon de faire est différente.

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Jon Henry photographie des mères de famille afro-américaines tenant le corps inerte de leur fils. Elles regardent fixement l’objectif, comme si elles prenaient à partie le public, lui demandant comment il est possible que ces crimes continuent de se produire de manière impunie. L’artiste photographie majoritairement ces familles dans des lieux publics, puisque c’est là, à la vue de tou·te·s, qu’ont lieu ces meurtres. Les photos sont indiquées “sans titre”, ne portant qu’un numéro et un nom de ville, en écho au décompte inlassable et à l’anonymat du nombre de Noir·e·s tué·e·s chaque année.

“Sans titre #44, Crenshaw Blvd, Californie”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)

Des statistiques implacables

En 2020, aux États-Unis, sur 897 personnes tuées par la police, 28 % des meurtres concernaient des personnes noires – alors que celles-ci ne constituent que 13 % de la population américaine, précise le site Mapping Police Violence. Selon ce même site, les personnes noires auraient trois fois plus de risques d’être tuées par la police que les personnes blanches.

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La prestigieuse université de Yale publiait quant à elle, le mardi 27 octobre 2020, une étude qui indiquait que, “malgré l’usage de caméras corporelles et une attention accrue des médias”, il n’y a eu “aucune réduction de la disparité raciale concernant les victimes mortes des tirs de la police”. De même, les personnes noires sont plus promptes à subir les violences des quartiers difficiles, à l’instar de Kareem Palmer, un adolescent de 16 ans tué par balle alors qu’il quittait son domicile, le dimanche 1er novembre 2020.

“Sans titre #13, Groveland Park, Illinois”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)
“Sans titre #19, Magnificent Mile, Illinois”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)

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“Sans titre #33, Jersey City, New Jersey”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)
“Sans titre #50, West Orange, New Jersey”, tirée de la série “Stranger Fruit”. (© Jon Henry)

Vous pouvez retrouver le travail de Jon Henry sur son site et son compte Instagram.

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