On considère la peinture comme une des plus anciennes formes d’art : qu’on pense aux origines de la création et à l’art rupestre, aux portraits de monarques ou à l’âge d’or de la Renaissance, la peinture évoque souvent dans l’imaginaire collectif un médium classique. En réponse à ce présupposé, la Frac Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux présente une exposition collective consacrée à des œuvres “milléniales”.
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Le terme, emprunté à l’anglais, désigne des individus devenus adultes au début du XXIe siècle (la fameuse génération X est née entre 1986 et 1996, tandis que la génération Z arrive après 1997). Le critique d’art et commissaire d’exposition Vincent Pécoil a transposé cette dénomination à la peinture, créant une exposition collective d’œuvres réalisées entre 2000 et 2020.
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Interroger la place et l’évolution de la peinture
La réunion de ces jeunes œuvres a pour vocation de présenter un paysage de la création picturale de ces vingt dernières années. Son évolution est mise en exergue : il s’agit de questionner la place de la peinture dans une ère imprégnée du “développement fulgurant des nouveaux médias numériques”.
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La peinture est visible sous toutes ses formes au Frac. Sont présentés des collages, des sculptures peintes, des installations et même des photographies revisitées. L’exposition fonctionne comme un parcours constitué de différentes sections aux thématiques classiques (portraits, autoportraits, natures mortes, peinture en bâtiment). Vincent Pécoil a voulu questionner ces genres picturaux classiques devenus “obsolètes” :
“Ces genres ont migré vers d’autres domaines que la peinture. Qu’est-ce que le portrait, le paysage aujourd’hui ? De nos jours, une nature morte, c’est essentiellement de la photo publicitaire. Quand ces catégories reviennent à la peinture, ça devient des mises en abîme”, affirme le critique d’art.
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Les œuvres sélectionnées se répondent les unes aux autres, questionnent des enjeux sociétaux ou la construction de l’identité. La pluralité des travaux est nécessaire : parfois opaque, l’exposition s’ouvre au public grâce à la diversité de ce qui y est présenté.
Notre mention spéciale va à l’installation de l’artiste Flora Moscovici, qui a réalisé spécialement pour le lieu une grande installation sur le sol : trois cimaises et un mur oblique du lumineux bâtiment forment une pièce presque close. Son œuvre est inspirée de son premier voyage en Roumanie, le pays d’origine de ses grands-parents, et de sa visite d’un cimetière juif dans la ville de son grand-père.
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“Ce cimetière était complètement à l’abandon. Les toiles étaient dans tous les sens et disparaissaient sous la végétation. Ça ressemblait un peu à la forêt de ‘La Belle au bois dormant’. C’était en haut d’une colline, plus on avançait et plus ça semblait infini.”
L’artiste a retranscrit cet “espace très vaste dans un lieu clos”. Des couches de couleurs, de vert, de marron, de bleu, s’épanouissent en dégradé, avec de grands coups de brosse, dans un espace transitoire de l’exposition. On s’y perd comme on peut se perdre dans l’exposition, indifférent·e·s face à certaines œuvres, conquis·e·s par d’autres.
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L’exposition collective “Milléniales, peintures 2000-2020” est présentée à la FRAC Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux jusqu’au 3 janvier 2021.