Ivannalys exorcise vos phobies et cauchemars dans des photos effrayantes

Publié le par Lise Lanot,

© Ivannalys

Dans J’ai peur d’aller dormir, la photographe Ivannalys met en scène les peurs d’anonymes, sans photomontage.

A voir aussi sur Konbini

En réponse au harcèlement scolaire qu’elle subissait plus jeune, Ivannalys nous raconte aborder la photographie comme une façon de “prendre confiance en [elle] et contrôler [son] image”, “un moyen de [s]‘évader, de [se] montrer autrement”.

Publicité

Aujourd’hui, alors qu’elle a décidé d’en faire son métier, la photographe utilise son art pour aider les autres à appréhender leur propre image et, grâce à sa série J’ai peur d’aller dormir, à dompter leurs peurs, cauchemars et phobies.

Publicité

J’ai peur d’aller dormir. (© Ivannalys)

Ce sont ses propres “terreurs nocturnes, paralysies du sommeil et cauchemars récurrents” ainsi qu’un “bon paquet de phobies” qui ont convaincu Ivannalys de mettre en images ces peurs qui marquent et hantent les esprits.

Publicité

En 2018, elle lance un appel à témoins sur les réseaux et se sert “des tonnes et des tonnes de témoignages” reçus pour lancer son projet et immortaliser les volontaires. Une seule exigence motive ses choix de modèles : “avoir des personnes de tout âge”“On associe trop ces sujets à l’enfance. Quel adulte n’a aucune peur ? Quel adulte ne fait jamais de cauchemars ? Est-ce une honte ?”, questionne-t-elle.

La grand-mère dans la bolognaise, les dents de lait sorties du placard

Ivannalys plonge sa grand-mère dans un “bain de sang”, elle met en scène “le cauchemar d’une personne chrétienne [qui] rêve qu’elle finit par être le diable”, la peur ressentie par une autre dès qu’elle met les pieds dans une église, “la peur du dentiste” ou encore “la sorcellerie”. Tous ces témoignages prennent vie sans effets spéciaux ou photomontage. “J’avais envie de me mettre au défi et de prouver qu’on pouvait tout faire à la prise de vue”, rapporte-t-elle.

Publicité

Pour raconter la peur du sang, elle remplit la baignoire de sa grand-mère d’eau et de sauce tomate, “ce qui a valu à sa salle de bain de sentir la bolognaise pendant très longtemps, trop longtemps”, s’amuse Ivannalys. Les dents arrachées sont celles de la photographe, conservées par ses parents quand elle était enfant, et la croix en feu est bien réelle, précise-t-elle.

J’ai peur d’aller dormir. (© Ivannalys)

“C’était une croix home made fabriquée par mon copain et mon beau-frère. Nous l’avons entourée de bandes (celles utilisées à l’hôpital pour faire un bandage) qu’on avait trempées dans du kerdane [pétrole désaromatisé combustible], puis on a allumé une torche qui a servi à allumer la croix. Le tout avec ma belle-mère et mon copain [à côté] avec un tuyau d’arrosage en cas de pépin. C’était impressionnant à voir et très esthétique”, narre-t-elle.

Publicité

Les accessoires, les décors et les témoignages varient mais une constante demeure : les modèles d’Ivannalys fixent l’objectif de l’appareil photo, à la rencontre du regard du public, afin de montrer leur “lassitude” face à ces peurs du quotidien.

J’ai peur d’aller dormir. (© Ivannalys)

“Ce sont parfois des choses qui ne nous quitteront jamais. On peut avoir peur des clowns toute notre vie. Je voulais que les sujets en témoignent. Et puis, honnêtement, ce ne sont pas des modèles pro, ni des comédiens. Leur demander de jouer la peur aurait pu rendre le projet plus ridicule et moins crédible”, déroule la photographe.

Publicité

Commencé en 2018 pour son diplôme, le projet a duré jusqu’à cette année. Ne souffrant plus de cauchemars récurrents, l’artiste a étendu ses inspirations aux “classiques de l’horreur”“Les épouvantails, le satanisme, la sorcellerie, Halloween, le gore. J’avais occulté cette partie-là en 2018 mais j’ai réalisé que ce même cinéma d’horreur s’inspirait des peurs des gens. J’avais envie de faire comme au cinéma.” Un cinéma inspiré de la réalité, afin d’apprendre à gérer le réel, face à ses peurs.

J’ai peur d’aller dormir. (© Ivannalys)
J’ai peur d’aller dormir. (© Ivannalys)

Vous pouvez retrouver le travail d’Ivannalys sur Instagram, Twitter, YouTube et sur son site.