Hugo Tordjman et Nicolas Nalet mettent à l’honneur la culture skate autour du monde

Publié le par Lisa Miquet,

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De Paris à Tokyo en passant par les États-Unis, Hugo Tordjman et Nicolas Nalet ont immortalisé les skateurs à l’argentique.

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Au-delà d’être un sport, le skate est rapidement devenu une véritable contre-culture. Une planche de bois et quatre roulettes, capables de fédérer une solide communauté. C’est d’ailleurs ce sentiment d’appartenance qui a rapidement rapproché Hugo Tordjman et Nicolas Nalet, tous deux photographes, alors qu’ils étaient étudiants :

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“Nico et moi on s’est rencontrés le premier jour de notre école postbac (ESRA), on venait tous les deux d’arriver à Paris, lui de Suisse et moi de Nîmes dans le Sud de la France.

Ça a été un coup de foudre amical, on avait en commun la musique et le skate, et une réelle attirance pour l’image. La photographie a progressivement pris une place énorme dans nos vies et dans notre relation d’amitié, pour finalement en devenir l’essence même. Naturellement, nous avons commencé à travailler ensemble dans ce milieu-là, notre binôme a tout de suite parfaitement fonctionné, et depuis 6 ans nous réalisons tous nos projets artistiques ensemble.”

Considérant le skate comme “l’activité individuelle la plus collective du monde”, photographier la passion qui les animait tous deux a été une évidence pour le duo. Si la pratique du sport les intéresse bien évidemment, ils sont aussi fascinés par toute l’esthétique qui l’accompagne. De la fluidité des figures, aux lieux choisis en passant par le style vestimentaire, l’univers est teinté de codes visuels forts et photogéniques. La détermination des skateurs est aussi une de leurs sources d’inspiration : voir quelqu’un tenter de réaliser la même figure, malgré les échecs, les chutes et la douleur, peut être impressionnant. Les deux inséparables ont alors décidé de sillonner le globe afin d’immortaliser les skateurs du monde entier.

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Un langage universel

Si la culture skate est capable d’unir des individus n’importe où dans le monde, le binôme a pu constater qu’on ne pratique pas la discipline de la même manière partout. À Kobe au Japon, par exemple – ville très reconnue dans le domaine pour ses nombreux spots –, les deux photographes ont remarqué que l’ambiance était très hip-hop, comme s’ils étaient “restés dans les années 1990, début 2000”. En revanche, ils déplorent une uniformisation de la culture skate française, pays dans lequel la mode semble avoir pris une place plus importante, ce qui rend les photos beaucoup trop similaires à leur goût.

“On a voulu photographier notre passion sous toutes ses formes donc dans des lieux différents, des univers différents, des cultures différentes, des architectures différentes. Travailler un panel visuel de skate diversifié et complet en Europe, en Asie, aux États-Unis…

Grâce à ça, on s’est vraiment rendu compte que le skate a un pouvoir magique quel que soit l’endroit où il est pratiqué dans le monde. […] L’objet permet un langage universel où toutes les rencontres sont facilitées, intensifiées et surtout bienveillantes. C’est fort symboliquement, la barrière de la langue devient superficielle, car une figure a le même nom dans le monde entier, et le ressenti lorsqu’elle est replaquée est le même. Pour nos photographies, c’est le détail le plus important.”

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Le choix risqué de l’argentique

Pour photographier le skate, les deux créatifs ont fait le pari risqué de l’argentique. Sans mode rafale, impossible pour eux de tricher. Ils doivent alors composer avec les contraintes inhérentes à l’analogique comme l’impossibilité de modifier les ISO ou d’avoir un rendu instantané – souvent pratique pour trouver la bonne exposition. Ils doivent aussi effectuer la mise au point manuellement alors que certains vieux boîtiers rendent l’opération assez complexe. Ajoutons à ces obstacles les mouvements imprévisibles des skateurs et un nombre très limité de photos sur la pellicule ; chaque prise de vues devient un véritable défi. Et pourtant, les deux acolytes n’ont pas hésité à s’ajouter de nouvelles contraintes pour enrichir leur projet. Ils nous expliquent :

“On a toujours eu cette règle d’or : ne jamais prendre deux fois la même photo à l’argentique, sauf si le lieu et l’instant sont incroyables et qu’on ne pourrait pas supporter de rater cette image […] Cela nous met aussi sur un pied d’égalité avec le skateur. La règle veut qu’une photo de skate ne soit comptabilisée que si la figure est replaquée, le photographe a alors pour rôle de déclencher au bon moment.”

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Ce choix audacieux semble nourrir leur créativité. Terriblement impatients, ils racontent que la pellicule laisse place à leur imagination. Ils imaginent la photo, bien que le résultat final soit finalement souvent assez loin de ce qu’ils avaient envisagé :

“Découvrir ses négatifs, c’est un peu comme un joli cadeau que l’on se fait à soi-même. Cette excitation mêlée à un fond d’inquiétude, c’est un mélange d’émotions qu’on adore. Je trouve que réussir une photo avec un appareil argentique est plus gratifiant qu’avec un boîtier numérique..”

Une esthétique très codifiée

Tâchant d’apporter leur pierre à l’édifice du monde de la photographie de skate, Hugo et Nicolas expliquent s’inspirer de Français comme French Fred ou Sebastien Zanella, artistes qui réinventent l’imagerie skate, jusqu’alors très codifiée :

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“C’est vrai qu’elle l’a été pendant longtemps. Pendant 20 ans, le skate était essentiellement photographié et filmé de la même façon : fisheye ou téléobjectif, et flash déporté pour la photo.”

Aujourd’hui véritable phénomène culturel, le binôme rappelle que l’esthétique skate a même su conquérir des domaines comme la pub, la mode ou le luxe : des skateurs ont été mis en lumière par des réalisateurs très éloignés de ce milieu : Lizard King pour The Kooples ou encore Austyn Gillette pour Vogue. Une approche beaucoup plus mainstream, mais qui a su élargir les horizons d’un point de vue visuel.

Avec leurs images, le duo porte une réflexion autant sur le fond que sur la forme et nous embarque aux quatre coins du monde.

Vous pouvez retrouver le travail de Nicolas Nalet sur son Tumblr et son compte Instagram. Vous pouvez suivre le travail d’Hugo Tordjman sur son Tumblr et son compte Instagram.