Des décors vides de films porno photographiés durant 12 ans par Jo Broughton

Publié le par Lise Lanot,

© Jo Broughton

La série Empty Porn Sets met en lumière les coulisses de films X des années 2000, vidés de leurs équipes.

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Au premier coup d’œil, les décors semblent ne rien avoir de particulier. Plutôt minimalistes, ils sont assez froids et artificiels avec leurs couleurs vives et ce, malgré la présence occasionnelle d’un lit au milieu de la pièce. À bien y regarder, certains détails vendent pourtant la mèche : des sous-vêtements en dentelle nonchalamment oubliés dans un coin, un tube de lubrifiant au premier plan et, réfléchissons, ces lits ne devraient-ils pas nous mettre la puce à l’oreille ?

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En effet, les décors photographiés par Jo Broughton entre 1995 et 2007 n’appartiennent pas à l’industrie du cinéma dit “traditionnel”, mais à des plateaux de films X. Le projet a commencé tout à fait par hasard : encore étudiante dans la province anglaise, la photographe est partie faire un stage à Londres. Se retrouvant par hasard dans un studio porno, elle a fini par y rester bien plus longtemps que prévu.

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“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)

“Je croyais que j’étais envoyée dans un studio de mode hyper glamour et, en fait, je me suis retrouvée au milieu d’un studio à Hoxton [un quartier du nord de Londres, ndlr] où un décor pour infirmières était en train d’être monté. Une fille est sortie d’un vestiaire, vêtue de porte-jarretelles et de collants, le grand jeu.

Un homme assez brusque s’est alors approché et m’a demandé si j’avais déjà vu ‘une chatte de face’. Quand j’ai couiné ‘non’, il m’a répondu : ‘Eh bien, c’est ton jour de chance’. Finalement, je ne suis pas seulement restée les deux semaines obligatoires, j’ai quitté la fac et j’ai travaillé pour lui pendant deux ans, en tant qu’assistante photo”, se remémore-t-elle.

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Le choix de rester dans ce milieu peu conventionnel ne s’est pas fait sans questionnements pour la toute jeune femme – alors âgée de 17 ans. Vingt ans plus tard, elle confie s’être souvent sentie “en conflit” avec elle-même durant cette période. À cause de sa situation familiale difficile (et grâce au lien tissé avec le directeur du studio), elle ne quitte pas l’endroit : alors même qu’elle travaille au sein du prestigieux journal The Observer, elle rentre dormir le soir dans le studio de Hackney.

“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)

Velours, talons aiguilles, sofa et lubrifiant

C’est à ce moment qu’elle commence à photographier les plateaux désertés le soir venu. Ces plateaux qu’elle a nettoyés des mois durant et dont elle a observé la construction et la décoration pendant de longues heures. C’est justement pour montrer l’envers du décor que Jo Broughton n’oublie jamais d’élargir son cadre et d’inclure dans sa composition le monde réel, qu’il s’agisse d’un bout de Placo, de projecteurs ou d’un ventilateur.

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En immortalisant ces décors vides, la photographe a mis en exergue les dessous du porno à une époque où le secteur était tout à fait déconsidéré et invisibilisé, avant que les codes du “porno chic” n’investissent les travaux de photographes célèbres, David LaChapelle en tête. À l’heure où les plateaux de tournage sont vides à cause de la pandémie de Covid-19 et que l’idée d’un “porno virtuel” s’implante de plus en plus dans les esprits, la série Empty Porn Sets (réalisée dans les années 2000) prend de toutes nouvelles perspectives.

“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)

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“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)

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“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)
“Empty Porn Sets”, 1995-2007. (© Jo Broughton)