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Mais l’exposition “La Lutte Yanomami”, qui a lieu à la Fondation Cartier jusqu’au 10 mai 2020, est d’abord le parcours d’une femme déchirée. L’artiste, née à Neuchâtel (Suisse) en 1931, d’un père juif hongrois et d’une mère suisse protestante, va perdre son père avec qui elle vivait depuis le divorce de ses parents.
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Déporté dans le camp de concentration de Dachau, il sera exterminé avec la plupart des membres de sa famille. En 1946, elle partira à New York vivre auprès de son oncle paternel. Elle se mariera avec Julio Andujar (dont elle gardera le nom pour cacher ses origines juives), un réfugié espagnol, mais se séparera de lui un an plus tard et ira alors rejoindre sa mère à São Paulo.
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Autoportrait de l’autre
C’est peut-être là que la vie de Claudia commence véritablement. Elle découvre au Brésil la photographie et s’intéresse particulièrement à la photographie sociale et documentaire. Elle traverse l’Amérique latine et publie dans différents journaux, puis rencontre sur son parcours les Yanomami.
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Une rencontre qui bouleversera son être. Sur les longues heures de marche qu’elle effectuera avec eux, elle écrit :
“Je me suis sentie en harmonie avec moi-même, avec la forêt ; peu m’importait où j’allais et le nombre d’heures de marche. Je savais que je m’étais trouvée, que j’avais trouvé l’essentiel. C’était l’un des moments rares que l’on ressent quelquefois, qui résume tout, où l’on éprouve une sorte de plénitude.”
Cette plénitude, elle l’a retrouvée à des milliers de kilomètres de chez elle, grâce à un peuple avec lequel elle n’avait, au départ, aucun lien particulier. C’est en fuyant un continent où a été décimée une grande partie de son peuple et de sa famille, qu’elle retrouvera son lieu à elle.
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“Ce petit monde au milieu de l’immensité de la jungle amazonienne était mon lieu à moi, et le serait toujours. Je suis reliée à [l’Amérindien], à la terre, à la lutte première. Tout cela me touche profondément. Tout me paraît essentiel. Je ne comprends peut-être pas tout et je n’en ai pas la prétention. Je n’en ai pas besoin, il me suffit d’aimer.
Peut-être ai-je toujours cherché dans cette essentialité la réponse au pourquoi de la vie. Et j’ai été conduite là-bas, dans la forêt amazonienne, pour cette raison. Par instinct. À la recherche de moi-même.”
Dans une scénographie léchée, l’exposition présente 300 photographies prises par Claudia pendant près de cinquante ans, mais aussi des dessins réalisés par les Yanomami et des documents historiques, pour la plupart inédits. On découvre le quotidien et les rites de ce peuple, mais surtout Claudia Andujar, elle-même, qui – à travers les regards, les corps, les visages de ces hommes et de ces femmes – s’est dessinée elle-même et a réalisé son plus bel autoportrait.
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“Claudia Andujar, La Lutte Yanomami”, une exposition à voir à la Fondation Cartier jusqu’au 10 mai 2020.