Avant/après : la route de la soie photographiée sur 100 ans

Publié le par Sabyl Ghoussoub,

© Paul Nadar ; © Payram

À cent ans d’écart, Paul Nadar et Payram ont réalisé deux road trips sur cette route historique qui relie l’Asie à l’Europe.

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Plus de cent ans séparent les deux voyages photographiques de Paul Nadar et Payram présentées dans l’ouvrage Dialogue photographique sur la route de la soie publié par les éditions Le Bec en l’air. Deux road trips, pourrait-on dire, sur cette route historique qui relie l’Asie à l’Europe.

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Véritable dialogue, le livre est conçu de façon à ce que l’on puisse parcourir les deux séries, l’une en parallèle de l’autre et associer telle photographie de Payram avec une ou deux autres images de Paul Nadar et vice-versa, créant ainsi au hasard de la lecture des compositions inattendues. Portraits, ruines et chemins, marchés, arbres et paysages se succèdent, se répondent, se superposent.

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Ligne du Transcaspien, Turkestan russe, 1890. (© Paul Nadar)

Fils du célèbre photographe Nadar, Paul a entrepris un voyage entre août et novembre 1890, vers cet Orient qui le fascinait depuis Paris. “Le 24 août, il embarqua pour Constantinople à bord de l’Orient-Express ; le 30, il la quitta pour traverser la mer Noire ; dix jours plus tard, il traversa la mer Caspienne et arriva finalement à la foire de Tachkent, sa destination, le 17 septembre avant de repartir en sens inverse”, raconte Mathilde Falguière, conservatrice du patrimoine, dans son texte de présentation.

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Muni d’un nouvel appareil Kodak et d’une de ses inventions, “le Détective Nadar”, beaucoup plus mobiles que les lourdes chambres que les photographes utilisaient à l’époque, Paul Nadar réussit à prendre des images sur le vif, fait rarissime pour l’époque.

Boukhara, Ouzbékistan, 2013. (© Payram)

Payram, de son vrai nom Khosrow Peyghamy, a lui entamé son projet en 2011 et l’a achevé en 2020. C’est d’abord sans connaître la série de Paul Nadar que Payram a commencé son périple à partir du Tadjikistan, périple qu’il n’a pas traversé d’une traite mais à travers différents voyages qui l’ont mené en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Ouzbékistan, et au Tadjikistan.

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Payram est un “poète qui rôde”, comme le décrit l’historien de la photographie Michel Poivert. “Payram ne va pas d’un point A à un point B, il cherche un chemin. Il nous perd si l’on tente de le suivre. Il invente une vision.”

Marché aux chevaux, Samarcande, Ouzbékistan, 1890. (© Paul Nadar)

En creux de ces deux séries, il y a des histoires d’exil, comme l’affirme Michel Poivert : “l’exil intérieur pour Paul Nadar et l’exil réel de Payram”. Deux empêchements, celui de s’échapper de ses affaires, de sa famille à Paris pour Paul Nadar et celui de retourner chez lui, en Iran, pour Payram.

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Deux visions de photographes qui cherchent à fuir et à se retrouver, jusqu’à arriver à une impasse ; impasse mise en image dans la dernière photographie de la série de Payram, prise en Azerbaïdjan, à la frontière iranienne, devant son pays qui lui interdit l’entrée.

Enfants jouant dans le désert, Turkestan russe, 1890. (© Paul Nadar)
Portrait de l’émir de Boukhara, Ouzbékistan, 1890. (© Paul Nadar)

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Fête de printemps, Nawruz, Samarcande, Ouzbékistan, 2014. (© Payram)
Khoudjand, Tadjikistan, 2012. (© Payram)
Sur la route de Nourek, Tadjikistan, 2011. (© Payram)

Dialogue photographique sur la route de la soie de Paul Nadar et Payram, textes de Mathilde Falguière et Michel Poivert, est publié aux éditions Le Bec en l’air.