30 ans et célibataire : Tanya Traboulsi met en images la culture du mariage au Liban

Publié le par Lise Lanot,

© Tanya Traboulsi

Avec "Something Borrowed", la photographe austro-libanaise se joue des stigmates autour de la culture du mariage.

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Tanya Traboulsi est née en Autriche et fait, depuis son plus jeune âge, des allers-retours entre son pays natal et le pays d’origine de son père, le Liban. Bien qu’elle soit diplômée d’une école de mode, la photo l’a toujours passionnée, et ce depuis son premier appareil reçu à l’âge de 4 ans.

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C’est en 2006 que l’artiste décide de faire de son amour pour la photo une carrière. À un moment où le Liban était “dans un état de guerre”, elle a ressenti “le besoin urgent de documenter les rues vidées de Beyrouth”. “J’ai trouvé incroyable la façon dont une ville peut drastiquement changer en situations extrêmes.”

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© Tanya Traboulsi

Riche de ses voyages entre l’Autriche et le Liban mais également nourrie par l’architecture, la mode et la littérature, sa pratique est plutôt solitaire :

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“Je fais beaucoup d’autoportraits. […] Je stylise tout moi-même quand je fais des autoportraits et je préfère être seule quand je prends mes photos. Ça me donne plus de liberté pour prendre mon temps et essayer de nouvelles choses. Afin de fonctionner correctement, j’aime être seule et ne pas avoir trop de bruit autour de moi. […] Le silence et la nature m’inspirent. La mer m’inspire également énormément, je ne peux pas vivre sans. Ça m’apaise.”

Inspirée par “les vieux albums de famille qui traînaient [dans sa] maison”, la photographe autodidacte crée des projets en patchwork, qui peuvent mêler souvenirs, images du quotidien et photographies inédites. C’est le cas de Something Borrowed, une série qui s’intéresse au “statut des femmes célibataires de plus de 30 ans au Liban et s’interroge sur le célibat : est-ce encore un stigmate social comme ça l’était auparavant ?”

Something Old, Something New…

© Tanya Traboulsi

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Pour ce projet, Tanya Traboulsi ne s’en est pas strictement tenue à la photo. En plus d’autoportraits la représentant vêtue de robes de mariée désuètes, elle a interviewé cinq femmes célibataires de plus de 30 ans, a rassemblé des coupures de journaux ainsi que des petits objets rappelant la comptine traditionnelle anglaise qui préconise aux jeunes mariées de réunir “Something Old, Something New, Something Borrowed, Something Blue, and A Sixpence in your Shoe” (soit : “Quelque chose de vieux, Quelque chose de neuf, Quelque chose d’emprunté, Quelque chose de bleu, Et un penny dans sa chaussure”) :

“J’ai utilisé ces quelques rimes pour transposer les différents éléments aux traditions libanaises et explorer la tension entre ces objets et les expériences de ces femmes, qui m’évoquaient aussi mes expériences personnelles.”

Bien que se concentrant sur les femmes libanaises, l’artiste espère que sa série entrera en résonance avec tout type de public. Elle exprime sa joie de voir le nombre de femmes touchées par le projet : “C’est une expérience particulièrement gratifiante.”

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Afin de désacraliser le mariage, véritable business au Liban, Tanya Traboulsi a ajouté une dimension assez kitsch à son projet, à grand renfort de robes des années 1980 et de fonds rétro. De quoi dédramatiser avec légèreté et créativité les poids de la société.

© Tanya Traboulsi
© Tanya Traboulsi

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© Tanya Traboulsi

Vous pouvez retrouver le travail de Tanya Traboulsi sur son site et sur son compte Instagram.