3 œuvres poignantes et militantes sur l’amour et le deuil signées Félix González-Torres

Publié le par Lise Lanot,

© Félix González-Torres/Andrea Rosen Gallery, New York/Peter Muscato

Bouleversé par la mort de son compagnon atteint du sida, Félix González-Torres a livré des œuvres émouvantes qui lui survivent.

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En 1988, on diagnostiquait au compagnon de Félix González-Torres, Ross Laycock, l’infection par le VIH. La même année, il décédait suite à des complications causées par le virus. En réaction à ce deuil difficile et à l’invibilisation totale de l’épidémie du sida et de son nombre de mort·e·s par les gouvernements, l’artiste conceptuel créa de nombreuses œuvres en hommage à Ross Laycock.

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Félix González-Torres réalisait des installations minimalistes, énigmatiques au premier abord et dont le sens, une fois acquis, bouleverse un public souvent pris à partie. Très prolifique dans les années 1990, jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de 38 ans, en 1996, il laisse une œuvre qui lui survit et continue d’interroger, d’émouvoir et d’éduquer le public. Voici trois projets phares de l’artiste à découvrir pour saisir son travail.

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Hommage aux tic-tac du cœur avec Untitled (Perfect Lovers)

En 1991, deux ans après la mort de son âme sœur, Félix González-Torres imagine ces deux horloges identiques disposées l’une à côté de l’autre. Réglées à la même heure, les aiguilles tournent, signifiant l’inéluctable avancée du temps et notre condition mortelle.

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Au bout d’un moment, les horloges finissent toujours par se désynchroniser. L’une peut s’arrêter brutalement – manquer de pile, sauter un tic –, reflétant la mort brutale de Ross Laycock et de toutes celles et ceux ayant laissé un cœur battant soudainement seul, délesté de son écho jumeau.

Félix González-Torres, Untitled (Perfect Lovers), 1991. (© Andrea Rosen Gallery, New York/Photo : Peter Muscato)

Le Museum of Modern Art de New York rappelle le poids qu’a constitué la réalisation de cette œuvre pour l’artiste, qui affirmait que le temps était quelque chose qui l’effrayait : “Cette œuvre que j’ai faite avec deux horloges est la chose la plus terrifiante que j’ai jamais faite. Je voulais affronter [le temps]. Je voulais ces deux horloges face à moi, leur tic-tac.”

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Rappeler le poids du deuil avec Billboards

La même année, Félix González-Torres installe d’immenses panneaux publicitaires à travers la ville de New York, dans 24 lieux différents. Ces panneaux sont constitués d’une même photo rectangulaire. En noir et blanc, elle représente un lit deux-places défait. C’est celui de Ross, vidé de sa présence.

En montrant le vide, l’artiste raconte le poids immense du deuil. La grandeur des panneaux, immanquables, appuie la façon dont on ne peut mettre de côté cette douleur. Par la taille et le nombre de ses installations, Félix González-Torres confronte la population (qui n’est pas un public de musées mais les passant·e·s, tout simplement) au drame de l’épidémie du sida.

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Félix González-Torres, “Untitled”, 1991. (© Museum of Modern Art/Photo : David Allison)

L’implantation de grands panneaux publicitaires est devenue partie intégrante de la carrière de l’artiste cubain. Dans les années 1990, il a souvent implanté dans des paysages urbains de grands tableaux montrant des vues de ciel, des morceaux de corps ou des phrases – à l’instar de “Es ist nur eine Frage der Zeit”, “ce n’est qu’une question de temps”.

L’immortalité du pouvoir de l’art avec Paper Stacks

Dans les années 1990, la carrière de Félix González-Torres est également marquée par ses “paper stacks”, des piles de papier empilées dans lesquelles le public est invité à piocher, faisant diminuer les tas de feuilles. Les musées exposant ces installations renouvellent toute la journée les piles de ces œuvres immortelles.

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Félix González-Torres, Untitled, 1991. Œuvre installée au musée Guggenheim de New York. (© Musée Guggenheim/Photo : David Heald)

Intitulées Sans titre et accompagnées d’une précision entre parenthèses, les séries présentent différents thèmes, allant de la vie privée de l’artiste à l’histoire du mouvement pour les droits des personnes LGBTQ+.

En invitant les gens à se servir, l’artiste traite, une fois encore, de la disparition des corps et de la brutalité du deuil mais aussi de l’interaction nécessaire entre l’art et le public : “Sans public, ces œuvres ne sont rien. J’ai besoin du public pour terminer l’œuvre. Je demande au public de m’aider, de prendre ses responsabilités, de faire partie du travail, de s’investir”, déclarait-il.

Vous pouvez retrouver le travail de Félix González-Torres sur le site de sa fondation.