Wikipédia bloque un troll du ministère de l’Intérieur pour vandalisme

Publié le par Thibault Prévost,

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L’encyclopédie participative Wikipédia a banni pendant un an une adresse IP du ministère de l’Intérieur après une série de dégradations du contenu publié.

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Soudain, Wikipédia en a eu marre. Après de nombreux avertissements et une diplomatie exemplaire, l’encyclopédie participative en ligne a décidé de sévir contre ces trolls, parfaitement identifiés, qui sévissaient sur sa plateforme. Alors, après avoir récolté leur adresse IP, les administrateurs leur ont tout simplement coupé l’accès à la fonction d’édition pendant un an. Et qui sont ces sales gosses de l’école virtuelle foutus au coin par le pion après la bêtise de trop ? Des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur français.

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Le 13 janvier, c’est le Canard enchaîné, pourtant pas spécialiste des questions de modération de contenu en ligne, qui rapportait cette improbable guéguerre entre Wikipédia et la place Beauvau. Selon l’hebdomadaire, l’adresse IP 212.234.218.196 s’est donc retrouvée bloquée le 18 décembre pour “vandalismes, attitude non collaborative, passage en force, pistage des contributions d’autrui et foutage de gueule en prime” (en bas de l’historique).

L’administrateur de Wikipédia (élu par la communauté) responsable de la sanction, qui se fait appeler Jules, avait initialement bloqué l’adresse IP pour une semaine. Ce n’est qu’en vérifiant l’historique de l’utilisateur et en lisant sa demande de déblocage que la sanction a été finalement portée à… un an, au motif que “cette IP pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de choses positives à Wikipédia”. Parfois, il ne vaut mieux pas faire appel.

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Multirécidiviste

Lorsque l’on consulte l’historique des contributions de l’adresse IP anonyme (et les débats qui vont avec), on comprend mieux pourquoi l’administrateur Jules a décidé de sévir : le compte est un multirécidiviste, au casier virtuel long comme le bras : d’abord une mise au ban d’un mois, en  août 2015 – deux ans après avoir écrit “sale batar” (sic) sur une page, inscrit une blague potache dans une autre et effacé une partie de la fiche de présentation du site – puis des soupçons de harcèlement, en octobre dernier, après que plusieurs utilisateurs ont fait remarquer l’acharnement de l’anonyme IP à modifier leurs papiers.

Enfin, des accusations de vandalisme répétées depuis 2007, avec un morceau de bravoure en 2013 lorsqu’un fonctionnaire tente par six fois, en une demi-heure, de modifier la fiche du préfet de police de l’époque, Bernard Boucault, pour faire disparaître ses petits démêlés avec les anti-Mariage pour tous.

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Trolling, censure, harcèlement : le ministère compte dans ses rangs un authentique délinquant virtuel… doublé d’un croisé du guillemet français, parti en mission d’éradication de son penchant britannique.

Non, tout le ministère n’a pas été bloqué

Depuis plusieurs mois, d’autres utilisateurs de Wikipédia, qui avaient fini par repérer les étranges activités de cette adresse IP, ironisaient sur sa provenance, arguant qu’il était “rassurant de voir que les IP du ministère de l’Intérieur sont mobilisées” sur les corrections typographiques. À force, pourtant, les facéties immatures des fonctionnaires ont fini par lasser la communauté.

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Pour Jules, l’administrateur interrogé par Le Monde, l’adresse IP est probablement partagée par plusieurs personnes, ce qui explique que son historique comprenne à la fois des contributions banales et des insultes, ou qu’elle puisse à la fois se fendre d’un “sale batar” et traquer impitoyablement les erreurs de ponctuation des autres utilisateurs.

Comme le rappelle Rue89, deux erreurs d’interprétation sont à éviter : premièrement, il ne s’agit pas d’agents spéciaux du ministère chargés de réécrire l’Histoire sur l’encyclopédie participative mais bien d’un ou plusieurs trolls isolés trompant l’ennui comme ils peuvent pendant les heures de bureau. Enfin, Wikipédia n’a pas “bloqué le ministère de l’Intérieur”, comme on a pu le lire, mais uniquement une adresse IP générique, similaire à tous les fonctionnaires, parmi 256 en tout.

Contacté, le ministère a déclaré que “des investigations internes sont en cours afin d’identifier les postes” correspondant à l’activité en ligne incriminée. Et d’ajouter qu’il “va également se rapprocher de Wikipédia afin de voir comment éviter qu’un incident de même type se reproduise à l’avenir”.

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La solution ? Créer des comptes individuels. Et sensibiliser les fonctionnaires au trolling.