Tribune : lettre ouverte à mes amis homophobes

Publié le par Olivia Cassano,

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Chers amis homophobes,

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Je vous aime. Vous n’êtes pas méchants, vous avez juste tort.

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À la suite de la tuerie qui a fait 49 morts à Orlando le week-end dernier et comme c’est le mois des Marches des Fiertés, nous devons avoir une conversation qui est plus nécessaire que jamais.

Ça ne sert à rien de condamner le massacre au Pulse si c’est pour continuer à laisser échapper des remarques homophobes au quotidien. Ça ne sert à rien de dire que les militants des droits LGBT sont superflus, que l’homophobie n’existe plus aujourd’hui, puis de pleurer sous l’emprise du choc quand un homme s’empare d’un fusil d’assaut pour assassiner 49 personnes sous prétexte qu’il désapprouvait leur orientation sexuelle.

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Vous dites que vous n’avez rien contre les homosexuels mais qu’ils ne devraient pas “afficher leur mode de vie” devant vous, pour ensuite, mine de rien, draguer une fille pour étaler votre machisme hétéro. Ça ne vous dérange pas que les gays se marient mais selon vous ils ne devraient pas avoir le droit d’adopter parce que “les enfants ont besoin d’une mère et d’un père”. Vous pensez que les homos baisent tout le temps parce qu’ils sont tous sexuellement déviants, vous partez du principe qu’une femme “virile” ou qu’un homme “efféminé” sont automatiquement lesbienne ou gay, et vous commencez vos anecdotes par “mon ami gay” comme si son orientation sexuelle avait un quelconque intérêt dans votre histoire… et comme si on devait prévenir avant de parler d’homosexualité. En revanche, vous ne commencez jamais vos phrases par “mon ami hétéro”….

“Le premier traitement contre l’homophobie” (© Aides/Ex Æquo)

Vous “aimez” mes diatribes féministes sur Facebook, mais vous levez les yeux au ciel quand je vous interpelle pour avoir utilisé le terme “gay” pour désapprouver quelque chose. Vous utilisez les mots “tapette” et “gouine” et vous sortez la carte de la liberté d’expression quand je vous dis de ne pas employer ces insultes. Par dessus le marché, vous dites que vous n’êtes pas homophobes car “certains de vos amis les plus proches sont gays” comme si vos relations excusaient votre étroitesse d’esprit flagrante.

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Vous dites que je suis excessivement susceptible, que vous ne faites que plaisanter entre amis. Mais vous avez tort. Si je me dispute avec vous lors d’un dîner parce que vous affirmez qu’une “femme transgenre n’est pas vraiment une femme parce qu’on ne peut pas modifier les chromosomes”, ou que vous ne sortiriez jamais avec un bisexuel parce que “la concurrence est double et qu’ils ont deux fois plus de chances de vous tromper”, ce n’est pas parce que je veux avoir raison à tout prix. C’est parce que vous êtes franchement cons.

Vous êtes gentils et intelligents, vous êtes allés dans une école privée, puis dans une université renommée, vous avez voyagé et vécu à l’étranger, vous avez découvert d’autres cultures, vous fréquentez des personnes de différents milieux. Et pourtant, vous êtes super lourds. Vous défendez les droits des animaux et vous me critiquez parce que je ne suis pas vegan comme vous, vous avez changé votre photo de profil Facebook à la suite des attaques de Paris et Bruxelles, vous postez des messages de commémoration du 11 Septembre sur Instagram, mais si vous voyez deux hommes s’embrasser dans le métro, vous êtes mal à l’aise.

La culture de la discrimination commence par des remarques innocentes

Vous refusez d’admettre que votre conception de la plaisanterie est enracinée dans une culture qui déshumanise, politise, discrimine et dénigre les personnes LGBT. Vous refusez de voir que votre homophobie/transphobie de tous les jours vient de la même haine qui a motivé la tuerie d’Orlando. Et même si cette haine ne met personne en danger, elle consolide la culture de la discrimination qui mène vers ce type de violence. Elle fait partie d’un tout qui commence par des remarques innocentes.

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Vous dites que vous avez le droit d’avoir votre opinion, et même si c’est vrai, je continuerai à vous reprendre si votre opinion est irrespectueuse. Si vous ne comprenez pas que l’amour, le genre et la sexualité sont des concepts qui incluent tout le monde, attendez-vous à m’entendre vous contredire parce que je ne cautionnerai pas le cercle vicieux de l’ignorance que votre opinion propage.

Le père d’Omar Mateen dit que son fils a perpétré ce massacre après avoir vu deux hommes s’embrasser à Miami. Il avait des amis gays, lui aussi. Donc réfléchissez-y un instant.

Même si vous avez toujours été des amis formidables, serait-ce le cas si j’étais lesbienne ? Vous n’êtes pas méchants. Mais vous avez sérieusement besoin de vous réveiller.

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Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois