Les sites d’info vous espionnent plus que les sites pornos

Publié le par Thibault Prévost,

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À l’ère de la donnée, la statistiques d’utilisation sont la denrée la plus recherchée par les entreprises du Web. Pour savoir comment se comportent leurs visiteurs, les sites sont donc pour la plupart équipés de “mouchards”, des scripts intégrés au code de la page qui permettent de savoir, entre autres, où vous cliquez, combien de temps vous restez sur la page ou à quel endroit vous déplacez votre souris. C’est à partir de ces données que sont décidées, entre autres, le design des sites, leur ergonomie, et dans le cas des médias Web, les orientations éditoriales.

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Vu l’importance cruciale de ces données, on serait instinctivement tenté de se dire que les sites pornos en seraient littéralement bourrés, dans un secteur où la concurrence est rude et les revenus publicitaires élevés. Que nenni : une étude de chercheurs de l’université Princeton (États-Unis, relayée par Libération, basée sur un outil appelé OpenWPM – qui avait déjà permis de révéler l’existence de mouchards dédiés à la batterie des téléphones portables –, a autopsié plus d’un million de plateformes Internet pour savoir quelles techniques de traque en ligne étaient les plus utilisées, et quels sites les utilisaient le plus. Et la palme revient aux sites d’informations en ligne, tandis que les sites pornographiques se trouvent plutôt en queue de peloton, avec les sites officiels et gouvernementaux. Souriez, on vous regarde en ce moment même.

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Google, Facebook, Twitter… Toujours les mêmes

Durant leur étude, les chercheurs de Princeton ont identifié plus de 81 000 mouchards différents, mais ont vite réalisé que seuls 123 d’entre eux se retrouvent sur plus de 1 % des sites étudiés. Conclusion, “le nombre de mouchards qu’un utilisateur croisera quotidiennement est relativement faible”. Et l’effet s’accentue lorsque l’on prend en compte le fait que des mouchards différents appartiennent souvent à la même entité. Une fois les espions regroupés par propriétaire, les chercheurs se sont aperçus que seuls trois groupes fliquent les utilisateurs sur au moins 10 % des sites : Google, Facebook et Twitter. Évidemment.

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Pourquoi, alors, les médias en ligne utilisent-ils tellement de mouchards pour contrôler l’activité de leurs utilisateurs, et comment fonctionnent-ils ? Selon les chercheurs, le “pourquoi” s’explique par la gratuité du contenu de ces sites, qui n’ont pas d’autre choix que de “monétiser leurs pages avec beaucoup de publicité”, qui s’accompagnent systématiquement d’un tracker. Pour répondre au “comment”, l’étude définit six différentes méthodes de traque, qui passent par l’affichage des images de la page – le “canevas” –, les polices de caractère, l’adresse IP utilisée, mais aussi l’utilisation du micro ou, comme nous vous l’expliquions, par le niveau de batterie restant. Mais qu’on se rassure (comme on peut), l’étude démontre également que les dispositifs anti-mouchards, notamment Ghostery ou uBlock Origin, s’avèrent très efficaces : une fois ceux-ci activés, seuls 0,3 à 0,4 % des mouchards fonctionnent encore. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.