Amour en ligne : comment les Français utilisent les applis de rencontre

Publié le par Théo Chapuis,

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Non, malgré leur grand nombre et leur diversification, les sites et applis de rencontre n’ont pas redéfini les relations amoureuses telles qu’on les connaît.

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Les amours des Français sont-elles moins connectées que l’on croit ? Si Femme actuelle claironnait en 2012, sondage Ifop à l’appui qu’“un quart des Français [était] sur des sites de rencontre”, la réalité serait tout autre. En fait, d’après une enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined), publiée ce mercredi 10 février  et porteuse des “premières statistiques fiables sur l’amour en ligne en France” d’après le blog Pixels du Monde, la proportion de 18-65 ans à avoir été inscrits au moins une fois sur ces sites tourne autour de 16 à 18 %. Même à grands coups de séduction publicitaire, désormais omniprésente, la centaine de sites et applis de rencontre de France “n’ont pas redessiné la géographie amoureuse en France”.

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Détail. La part des moins de 30 ans inscrits sur un site de rencontre est, sans surprise, la plus élevée de la population. Mais c’est la fracture femmes-hommes qui est la plus remarquable : si 36 % des hommes âgés entre 26 et 30 ans se sont déjà inscrits, cette part tombe à 23 % chez les femmes de la même génération. Chez les 31-35 ans, 24 % des hommes ont déjà sauté le pas de l’amour en ligne quand 18 % des femmes ont succombé à cette tentation.

Ces proportions sont tout sauf dérisoires, mais n’influent pas véritablement sur la société : “C’est une minorité significative, mais ce n’est pas devenu un mode de rencontre durable dominant”, analyse la sociologue Marie Bergström, chercheuse à l’Ined et spécialiste de la formation des couples, auprès de Pixels.

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Finalement, la différence de fréquentation entre candidats masculins et féminins s’estompe avec les années, l’avantage étant donné aux hommes jusqu’à 51 ans. Entre 51 et 55 ans, 9 % des femmes et 10 % des hommes déclarent avoir cherché l’amour sur le Web, et chez les 56-60 ans les femmes passent en tête, avec 7 % d’inscrites contre 6% chez les hommes.

“Démocratisation ségrégée”

L’Ined remarque par ailleurs que l’usage de ces sites s’est “démocratisé”, la population inscrite s’y étant “diversifiée”. D’après l’institut, en dix ans, l’écart s’est réduit entre les catégories socio-professionnelles : alors que les cadres et les professions intellectuelles (13 %) y étaient représentés presque deux fois plus que les ouvriers (6 %), ces proportions s’élèvent aujourd’hui respectivement à 16 et 13 %. Seuls les non actifs (9 %) et les agriculteurs exploitants (3 %) se trouvent sous la barre des 10 %, mais aucune catégorie socio-professionnelle ne dépasse les 16 %.

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Marie Bergström explique à Libération que si les Français sont plus enclins à tenter leur chance sur Internet, ils ne sont cependant pas prêts à rencontrer n’importe qui : “En même temps que les sites de rencontre se sont diffusés, ils se sont davantage spécialisés […]. La démocratisation des sites de rencontre est en partie une ‘démocratisation ségrégée'”.

Internet, “moyen principal” de rencontre pour les homos

En fait, fort peu de Français trouveraient leur conjoint en ligne : seuls 2 %. Et si seulement 5% des premiers mariages sont à mettre sur le compte d’une passion qui aurait démarré grâce à un date convenu en ligne, la proportion monte à 10 % pour un second mariage.

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Chez les homosexuels, l’amour en ligne joue cependant un rôle bien plus prédominant dans les rencontres en général : d’après l’Ined, les plateformes de rencontre seraient “le moyen principal” de trouver un(e) conjoint(e). Pour les personnes qui ont connu leur amoureux(se) entre 2005 et 2013, il s’agit d’une rencontre en ligne pour un tiers des cas. “D’une part parce que [ces sites] permettent de rencontrer des célibataires dont on connaît d’emblée l’orientation sexuelle, mais aussi des gens hors du cercle habituel de connaissances, et donc, un plus grand vivier potentiel de célibataires”, explique Marie Bergström à Libé.

Assumer, ou pas ?

Verdict : pas de bouleversement des règles de séduction malgré des plateformes de rencontre qui se démocratisent. Surtout dans un contexte social ou draguer en ligne reste toujours un tabou : seul un(e) utilisateur(trice) sur deux déclarera à son entourage s’y être inscrit(e), alors que plus d’un sur quatre n’en parlera carrément pas. Pour Marie Bergström, la même omerta régnait dans une ère pré-Internet où certains couples se rencontraient grâce au jeu des petites annonces ou des agences matrimoniales. Et d’analyser, pour Pixels :

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“Ce n’est pas considéré comme un bon mode de rencontre. On aime se représenter cet événement comme le fruit du hasard ou du destin. Les sites de rencontres ne bouleversent pas les pratiques, mais contredisent cet imaginaire amoureux.”