Rencontre avec Pedro Winter pour les dix ans d’Ed Banger

Publié le par Louis Lepron,

Pedro Winter et So Me (Crédit Photo : Louis Lepron)

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K | Dix ans après, tu arrives à situer la chose ?
Je dirais 21 sur 20 mais je suis très mal placé pour me donner une note. Dix ans après, ce que je peux dire c’est qu’on est un label alternatif et libre, ce qui était le but. Et ça n’est pas près de changer : je n’ai pas l’intention de revendre le label à Universal, de partir aux Bahamas ou de forcer Justice à faire des tubes. La preuve, leur deuxième album, Audio, Video, Disco, est, pour certains, moins évident que le premier.
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Ça me va artistiquement. Sortir du Mickey Moonlight, DSL ou Mr. Flash ça m’excite toujours autant, même si ça a moins d’impact médiatique et commercial que Breakbot ou Mr. Oizo.
| C’est quoi l’identité Ed Banger ? 
Comme je le disais, alternatif et indépendant. Et avoir des caractères, des ambiances et des styles différents dans la famille nous permet d’avancer tous ensemble. Même si tout le monde a tendance à dire que Ed Banger a un son alors qu’entre Mr Oizo et DSL, il y a une sacrée différence. Mais bon, ça participe au fantasme que fait naître cette industrie du show business.
K | Est-ce que la polyvalence des artistes expliquerait le succès du label ?
La polyvalence, je surfe dessus mais c’est un truc qui est plus générationnel et actuel. Tu es journaliste mais si ça se trouve, tu es vidéaste ou graphiste. Aujourd’hui, il y a plein d’outils qui nous permettent de nous remplir. Par exemple, Breakbot était graphiste et a failli finir chez Pixar. Il a fait un court métrage qui est disponible sur Internet, sous son nom de Thibaut Berland.
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Et avec Oizo qui fait ses films, il est vrai qu’une bonne partie des artistes du label sont polyvalents, même si c’est pas un truc que je recherchais à l’origine. C’est peut-être ça qui leur permet d’avoir une approche différente d’un simple musicien. Justice, je les appelle les DA de la vie. Leur façon de s’habiller, leurs pochettes de disques ou leurs tournées : ce sont des directeurs artistiques de la vie.
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K | L’étiquette “label français” : atout ou inconvénient ?
Un inconvénient seulement en France. Mais en dehors, c’est un passeport et une carte d’identité plutôt sexy.
K | Mais l’attrait “sexy” du français, il est pas un peu usé ?
C’est sûr. À nous de nous dépasser. Si on proposait encore de la disco filtrée comme le faisait Daft Punk dans les années 2000, ce serait dommage. En 2007, Justice est arrivé avec un son saturé et noisy. Aujourd’hui, on est en 2013 et c’est pour ça que Audio, Video, Disco en a perturbé plus d’un, parce qu’il s’éloigne de cette couleur. Ce sont des histoires de cycles : Boston Bun, la dernière signature du label, produit une house music similaire à ce qui sortait en 1995. Sauf qu’il le fait avec sa vision et son talent de producteur.
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K | Est-ce que les mentalités autour de la musique ont changé en France ? 
L’évolution est naturelle. Moi, j’ai été élevé comme ça. J’adore les Beasties Boys, Metallica et les Pink Floyd. Aujourd’hui, c’est le côté aléatoire de ton iPhone qui va forcer les choses et va te faire passer plus facilement de A$AP Rocky à Woodkid. Avant il y avait les Crate Digger, ceux qui allaient fouiller dans les bacs à disques. Maintenant, t’es dans ta chambre, tu peux écouter tout et n’importe quoi. Il faut savoir sélectionner.
| Tu dois recevoir pas mal de sons…
Ouais, mais malheureusement, j’écoute pas tout. La majorité que je receptionne sont impersonnels : ce sont juste des liens SoundCloud.

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