On a parlé du retour des Indestructibles avec Brad Bird, le réal du film

Publié le par Lucille Bion,

Les Indestructibles (2004) © Walt Disney, Pixar

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Sa manière d’écrire un scénario, sa volonté de placer une femme au cœur de son récit, ses difficultés à imaginer une histoire de super-héros… on a rencontré Brad Bird, l’un des réalisateurs les plus talentueux et sous-estimés de sa génération, à l’occasion de la sortie des Indestructibles. Et spoiler : il a besoin de vacances.

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14 ans après, Brad Bird a souhaité poursuivre l’histoire des Indestructibles, cette famille de super-héros attachante composée de Bob, le père très costaud, Hélène la mère douce, Violette devenue une jeune fille, Flèche, son petit frère ultra-rapide et Jack-Jack, le bébé aux mille ressources.

Le réalisateur est venu présenter son film à Paris avec son producteur John Walker, fidèle collaborateur depuis Le Géant de fer et À la poursuite de demain. Ensemble, ils ont travaillé des années sur ce superbe film, vif et décapant.

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Aujourd’hui, alors qu’il a clairement besoin de vacances, le duo a puisé ses dernières forces pour nous raconter la naissance du sequel. Interview de deux blagueurs.

Konbini | On voit clairement que vous vouliez plus faire un film sur la famille que sur les super-héros. Mais maintenant que les super-héros sont très en vogue : quel était le plus grand challenge sur ce sequel ?

Brad | Je pense que c’était d’être différent. On voulait surprendre le public tout en restant connecté avec le premier film.

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John | Les Indestructibles, c’est avant tout l’histoire d’une famille dont les membres deviennent des super-héros. Nous avons fait très attention à nous focaliser là-dessus depuis le début, c’est pour cela que ça en fait une famille aussi unique.

Brad | Oui, l’un des héros, Bob, est très à l’aise dès lors qu’il s’agit de combattre des menaces colossales mais il se rend compte que c’est beaucoup plus difficile de s’occuper de ses enfants, par exemple.

Comment avez-vous imaginé l’histoire des Indestructibles ?

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Brad | J’ai eu l’idée de cette inversion des rôles – avec Hélène qui s’occupe des missions plutôt que Bob – pendant la promotion du premier film. Tout comme celle de faire de Jack-Jack un couteau-suisse avec de nombreux pouvoirs. Le public était au courant mais pas la famille donc je savais qu’il allait être un personnage important dans le film suivant. Quant au reste de l’histoire, j’avais déjà quelques petites idées, mais la partie difficile restait d’imaginer l’aspect “méchants VS super-héros” de l’histoire. Celle-ci changeait constamment.

John, qu’avez-vous pensé du script quand vous l’avez lu la première fois ?

John | Brad est un scénariste et réalisateur donc tout ça vient de lui. Mais on s’investit ensuite, on l’encourage…

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Brad coupe | … ils me frappent pour m’encourager à écrire plus vite. (Rires)

John | “Tu penses que tu pourrais écrire un peu plus vite mon ami ?” (Rires et mime de petits coups)

Brad | Ils découvrent le script progressivement : j’écris un petit bout de l’histoire et je le passe aux artistes du story-board. Longtemps se passe avant qu’ils voient la chose dans son intégralité. La plupart du temps, ce qu’ils illustrent je l’ai déjà modifié ou enlevé et ça doit être remplacé. Le seul moment où j’ai l’impression d’avoir un script complet, c’est quand le film est terminé.

John | Nous sommes encore impatients de pouvoir découvrir le script en entier bientôt ! (Rires)

À quel point est-ce différent entre le moment où vous imaginez l’histoire et le moment où c’est terminé alors ?

Brad | Je pense que quand tu commences à écrire n’importe quel film, tu penses détenir cette chose parfaite qui pourra guérir tous les cancers et résoudre les problèmes de tout le monde. Mais ensuite, quand tu commences à bosser dessus, tu réalises que tu ne peux pas faire tout ce que tu veux. Tout ce que tu as imaginé se réduit de plus en plus jusqu’à devenir minuscule. Mais des gens vont ensuite travailler sur cette petite base qui te reste et la rendent plus grande et meilleure. C’est un process bizarre qui consiste à rendre confus et vague ce que tu avais préparé mais qui va ensuite devenir génial, fantastique, parfait :“Comment quelqu’un peut-il faire un film aussi génial ?” (Rires)

Puis ça revient à quelque chose de très mince, jusqu’au point de non-retour, où il ne restera presque plus rien de ton projet initial pour ensuite redevenir de plus en plus fourni… et n’en sera que meilleur. C’est en constante évolution. Tout le monde apporte son talent sur le film.

Je pense que tu découvres le corps de ton histoire et la partie importante de ton film quand tu travailles dessus. Pour moi, ce n’est pas quelque chose que tu possèdes en amont. Tu ne sais pas ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Par exemple, au début je vais te dire : “Ce sont ces 5 choses-là qui sont les plus importantes.” Mais probablement que trois d’entre elles ne survivront même pas. Ce n’est pas grave, à ce moment elles me paraissent incontournables mais elles vont mener à d’autres idées plus fortes. C’est un procédé étrange.

John | Avant les images, tout vient de mots et d’idées. Ce process est effectivement continu, prend des années et des années. Il y a des centaines de décisions qui sont prises.

Brad | Et une seule peut parfois affecter l’histoire…

Pourquoi avez-vous décidé de placer une femme au cœur de votre histoire ?

Brad | J’ai juste pensé que ça pourrait être marrant. On s’est dit que ce serait bien de mettre en avant ce côté-là d’Hélène. Dans le premier film elle n’arrêtait pas de dire qu’elle voulait se calmer, se poser mais pourquoi ? Elle faisait une excellente super-héroïne. Mais elle s’est aussi très bien adaptée à sa vie de famille au quotidien.

Alors que de l’autre côté, Bob songe vraiment à redevenir un super-héros… Nous savions donc très bien ce que leur vie allait devenir, mais au moment où Hélène était plus impliquée que jamais dans sa vie de famille, elle va redevenir une super-héroïne. C’était intéressant car cette nouvelle situation dévoile de nouveaux aspects de son caractère. Cela plaçait aussi Bob dans la situation opposée : il doit apprendre de nouvelles choses qui ne font pas partie de sa personnalité à la base, comme la patience. Être un père, simplement, c’est aussi sûrement le plus gros challenge pour un homme.

Est-ce que vous réfléchissez à un Indestructibles 3 ?

Brad et John en cœur | Non ! Définitivement pas.

Brad | Je suis même en train de courir dans l’autre direction quand on parle. (Rires) Je pense actuellement à mes vacances. Je vais regarder un lac et apprécier l’environnement paisible qui l’entoure. (Sourire)

Donc à part le chill, pas de projets futurs ?

Brad | Oh si, j’ai un projet que je veux réaliser depuis longtemps. C’est un film en live-action dans lequel il y aura un peu d’animation aussi.