Pourquoi Noël est un moment aussi magique au Liban

Publié le par Konbini,

© Chloe Domat

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1. Deux des sapins les plus fous du monde

On est bien loin du fameux sapin du Rockefeller Center à New York, mais le Liban a tout de même déjà abrité l’un des plus beaux sapins de Noël au monde, à Byblos, selon un classement de 2016 du Huffington PostBon, c’était un faux arbre (comme celui ci-dessous, à Zgharta), mais avant de critiquer on se souvient qu’on n’est pas en Suède et que le Moyen-Orient n’est pas vraiment une région réputée pour ses forêts de conifères. C’est vrai que l’emblème du Liban est le cèdre, sauf qu’il n’y en n’a presque plus et qu’ils sont protégés dans des réserves naturelles, loin des villes.

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Si les sapins de Zgharta et Byblos ne sentent certes pas la sève, ils sont le fruit d’un travail créatif qui a mobilisé les municipalités pendant des mois. “C’est important pour nous car le Moyen-Orient est une région difficile et nous voulons montrer que le Liban ce n’est pas seulement la guerre”, dit Evelyna Mouhawess, de l’association qui a réalisé le sapin de Zgharta.

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2. Passion poinsettias

Au Liban, les vraies plantes de Noël, ce sont les poinsettias. Durant tout le mois de décembre, les maisons, les rues et les boutiques sont couvertes de ses grosses plantes aux feuilles rouges, que l’on appelle aussi “étoiles de Noël”. Les fleuristes débordent de pots plus ou moins gros, plus ou moins chers.

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“Ça a toujours été la mode ici, c’est une des plantes que je vends le plus chaque année. Comme je fais une marge d’environ 20 % sur chaque pot, c’est une source de revenus très importante”, explique Alaa Rachanié, un fleuriste beyrouthin qui cultive ces précieuses fleurs par milliers dans une serre.

Difficile de comprendre un tel engouement – surtout que la plante n’est pas du tout originaire du coin mais du Mexique. Mais bon, ça égaye…

3. La fête commence le 3 décembre avec la Sainte Barbe

Pour la petite histoire, cette sainte du IIIe siècle aurait refusé de se marier pour pouvoir se consacrer à sa foi. Son père, furieux, ordonne de la faire enfermer puis tuer, mais elle s’échappe en se déguisant (à la fin elle meurt quand même dans d’atroces souffrances, mais passons). Au Liban, les enfants commémorent cette sainte originaire du Moyen-Orient le jour de sa fête, le 3 décembre, en se déguisant et en rendant visite à leurs voisins pour demander des friandises, comme aux États-Unis à Halloween,

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La légende veut aussi que sainte Barbe se soit cachée dans un champ de blé. Le 3 décembre, certaines familles libanaises plantent donc des graines dans du coton mouillé. Les germes sont ensuite placés dans la crèche le soir de Noël, comme symbole de renaissance.

4. Le Liban est le seul pays arabe où 30 % de la population est chrétienne

Même si il n’y a pas eu de recensement de la population depuis 1932, on estime généralement que les chrétiens représentent environ un tiers de la population libanaise. Ces chrétiens d’Orient se répartissent en onze Églises différentes. La majorité appartient à l’Église maronite, mais il y a aussi des orthodoxes, des catholiques, des arméniens, des syriaques, des chaldéens, des assyriens et même des protestants ! Pas toujours facile de s’y retrouver…

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Contrairement aux autres pays de la région, les chrétiens sont largement représentés en politique. La constitution libanaise, qui répartit le pouvoir suivant des quotas confessionnels, leur réserve la présidence de la République, le commandement de l’armée et 64 sièges sur 128 au Parlement.

5. Les musulmans aussi participent à la fête

Noël a beau être la fête chrétienne par excellence, au Liban les musulmans y participent aussi : c’est l’occasion de décorer les maisons et les rues, d’offrir des cadeaux, de faire un bon repas. Vous me direz, globalisation, société de consommation et père Noël Coca-Cola obligent, mais pas seulement. En Islam, Jésus est considéré comme un prophète, il n’est donc pas mal vu de célébrer sa naissance.

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De même, durant le mois du Ramadan, il n’est pas rare de voir des chrétiens être invités à l’iftar, le repas qui interrompt le jeûne des musulmans à la tombée de la nuit. Dans un pays où 18 confessions religieuses sont officiellement reconnues, il est important de montrer qu’on sait se réjouir pour la fête de l’autre.

6. La cuisine libanaise

D’ordinaire, la cuisine libanaise c’est déjà des centaines de mezzés, ces petits plats dont les plus connus sont le houmous et le taboulé, qu’on dévore jusqu’à plus faim au restaurant.

Mais à Noël, on dîne en famille et c’est donc l’occasion de déguster des plats plus rares : des feuilles de vignes fourrées à la viande et mijotées avec des côtelettes d’agneau, ou bien un poulet au riz aux sept épices servi avec des amandes. Pour le dessert, les Libanais préparent le meghlé, une crème à la cannelle. Habituellement servi pour célébrer la naissance d’un bébé, on le déguste à Noël pour symboliser la venue au monde de l’Enfant Jésus.

7. Solidarité avec les réfugiés

Le Liban est le pays qui a la plus forte densité de réfugiés au monde : environ un habitant sur trois est un réfugié. Parmi les nationalités les plus représentées, on compte environ 1,5 million de Syriens, 450 000 Palestiniens et 18 000 Irakiens. Plus de 90 % d’entre eux sont musulmans sunnites, mais il y a aussi des chrétiens.

Noël, grande fête des cadeaux et des retrouvailles, est un jour de solidarité très important entre les Libanais et leurs voisins réfugiés. Les Églises et les ONG comme Kahwit Al Franj, Sawa for Development and Aid ou encore SOS Villages d’Enfants organisent des distributions de vêtements, de repas et de cadeaux pour les plus démunis.

8. Les chants de Noël

Au Liban, le mois de décembre est l’occasion de passer des chants de Noël à fond dans les rues. À fond. Dans certains quartiers chrétiens de Beyrouth, comme Furn el Chebbak, des haut-parleurs sont placés sur les côtés de la rue principale et crachent toute la journée une bouillie sonore arabo-franco-anglophone. Tant pis si les habitants du coin ont mal au crâne, l’esprit de Noël est dans les baffles.

Mais qui dit musique de Noël à la libanaise, dit aussi de grandes voix, comme celle de Fayrouz (l’une des plus grandes stars du monde arabe). L’artiste interprète des chants de Noël comme “Douce nuit”, “Sainte nuit” ou “Jingle bells” en arabe et en syriaque (une langue utilisée pour certaines messes).

9. On chausse les skis

Pour ceux qui pensent encore qu’ils vont trouver des déserts de sable et les chameaux au Liban, raté. Ici c’est plutôt montagne et même sports d’hiver ! À partir du mois de décembre, les sommets se couvrent d’une épaisse couche de neige et les Libanais chaussent les skis. Il fait souvent très beau, ce qui permet de dévaler les pistes en T-shirt tout en regardant la Méditerranée.

Les stations les plus connues sont celles de Faraya-Mzaar, à environ une heure de route de Beyrouth, mais il y en a d’autres plus au nord, dans la réserve naturelle du Chouf. Et après le sport, la récompense : comme chez nous, les soirées à la montagne sont agrémentées de vin chaud et de fromage fondu.

10. Quand c’est fini, y en a encore !

Pour ceux qui auraient raté le coche, il est toujours temps de se rattraper car au Liban on fête Noël deux fois. En effet, tandis que la grande majorité des chrétiens du monde célèbrent la naissance de Jésus le 25 décembre, l’Église arménienne considère que la naissance a en fait eu lieu le même jour que l’Épiphanie (lorsque les Rois mages ont offert leurs présents à Jésus), soit le 6 janvier.

Du coup, les Arméniens du Liban fêtent Noël dix jours plus tard que les autres chrétiens. L’occasion d’aller se balader dans le quartier de Bourj Hammoud, à la lisière de Beyrouth, et de goûter aux spécialités locales.

Un reportage de Chloé Domat, édité par Rachid Majdoub.