Paris Chéri-e, la déclaration d’amour de la street artist Kashink à la capitale

Publié le par Anaïs Chatellier,

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Les 19 et 20 décembre, la street artist Kashink organise l’événement “Paris Chéri-e”. Pour l’occasion, elle nous raconte cinq lieux de Paris où elle a choisi de réaliser des fresques. 

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Les 19 et 20 décembre, Kashink investit le Théâtre de l’Européen dans le 17ème arrondissement pour sa première installation monumentale “Paris Chéri-e”, dans laquelle elle partage son vécu et sa vision excentrique de la capitale. “Après les événements du 13 novembre c’est impossible de rester passif, la plaie se referme très lentement et il m’importe plus que jamais d’exprimer mon attachement à Paris, à nos modes de vie, à mes voisins, aux copains“, nous confie celle qui porte tous les jours la moustache, pour jouer avec la représentation féminine.

Il faut dire que la street artist parisienne née en banlieue habite la capitale depuis 1998 et ne cesse d’arpenter les arrondissements pour partager son art. “Plus je voyage plus j’aime ma ville”, poursuit-elle.

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J’aime ses rues, j’aime mon quartier, ma rue Saint Blaise dans le 20ème. Mon Paris sent la bonne bouffe de tous les pays, le musc, l’asphalte, la peinture, le feu, la pisse. Ma ville est pleine de couleurs, de belles sapes, de gens simples, de gens qui gueulent, qui s’aiment, qui s’ignorent… Ça parle toutes les langues dans le métro, ça gueule dans les marchés, ça traîne dehors, ça court. J’aime ce bordel et j’ai envie de partager ma vision.

Pour Kashink, Paris c’est aussi une référence en matière de graffiti et street art. “C’est une ville monument avec une histoire très dense, mais dans laquelle il y a toujours eu un vent de liberté. Dès les années 1980, il y a eu beaucoup de graffitis dans la capitale. Ces dernières années, ça a pris encore plus d’ampleur, et franchement j’ai du mal à imaginer Paris sans tags“, ajoute-t-elle. C’est pourquoi nous lui avons demandé de sélectionner cinq lieux de Paris qu’elle aime particulièrement et où les passants ont pu découvrir les fresques toujours aussi colorées de la street artist.

Le 13ème avec les Kashinkids

Faire des fresques participatives fait partie de l’activisme dans lequel je suis engagée. L’énergie créative des enfants me nourrit beaucoup, j’aime bien le challenge de trouver des manières de collaborer avec eux sur des murs et de les encourager dans leur créativité. J’ai fait cette fresque en une semaine, dans le 13ème, le long de l’école primaire Vandrezanne, pas loin de la Butte aux Cailles.

Pour me faire une surprise la maîtresse avait dessiné des moustaches à tous les enfants, c’était trop mignon. Le projet était porté par une québécoise super sympa qui m’a dégoté ce plan pour un festival qu’elle organisait et c’était mon premier grand mur légal à Paris. J’aime le 13ème, j’ai plusieurs potes qui y ont grandi, et je vais souvent faire mes courses à Paris Store, je me souviens d’y être allée avec mes parents quand j’étais petite, on achetait des bonbons chinois avec un lapin sur le paquet, j’adorais ça.

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50 Cakes of gay dans le 10ème

J’ai peint ce mur tout début 2015 sur cette placette du 10ème, derrière l’hôpital Saint Louis, dans le cadre de mon projet 50 cakes of gay. J’ai peint le premier gâteau de ce projet à Paris en face du bistro Chez Prune, dans le 10ème aussi, et ensuite j’ai continué à peindre plus de 300 gâteaux au final, dans 8 pays différents. C’est un projet toujours en cours, avec d’autres en soutien à l’égalité des droits. J’ai choisi ce symbole très simple car c’est facile de se remémorer des bons moments avec un gâteau, tout le monde peut comprendre ça. Je pense que c’est plus efficace de faire passer des messages avec des images qu’on peut facilement comprendre, avec un aspect fun et attractif.

Cette placette et ce quartier ont beaucoup de charme. Les deux cafés qui se font face, les quelques bancs où les gens s’arrêtent et les arbres en font un rendez-vous d’amoureux… J’ai même des amis qui ont célébré leur mariage civil sur cette place, devant mes gâteaux, à défaut d’avoir une vraie pièce montée.

Quelques jours après le 13 novembre entre le 18ème et le 19ème

Souvenirs mémorables sur ce pont, dans le cadre du projet “Rosa Parks fait le mur“. Il y a 60 ans, Rosa Parks refusait de laisser sa place à un passager blanc. “Il existe un lien puissant entre Rosa Parks et le street art, c’est la force d’une présence dans l’espace public qui interpelle le citoyen en se mettant précisément là où on ne l’attend pas”, peut-on lire sur le site et ça résume bien le projet.

J’ai fait ce mur quelques jours après les attentats du 13 novembre, avec des gamins super motivés, tout le monde s’arrêtait pour nous encourager, on sentait comme un soulagement de la part des passants parce qu’ils étaient contents de voir des gens dehors et que la rue reprenne vie. Je vous conseille d’y aller par beau temps, au coucher du soleil, la lumière inonde le pont, la fresque et les voies, c’est plutôt cool… Ce pont est assez emblématique car il relie le 18ème et le 19ème, et la fresque continue sur toute la rue d’Aubervilliers, ça fait plus de 400 mètres en tout, je crois que c’est la plus longue de Paris.

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La fresque cachée du 2ème

Pour moi, cette fresque est étonnante, elle est en plein coeur de Paris et très peu de gens la connaissent. On peut pourtant la voir facilement, elle est près de l’entrée de la Mairie à droite le long de l’escalier. J’étais flattée d’avoir une commande publique d’une mairie d’un arrondissement dans lequel je ne vis pas. En plus, on m’a laissé carte blanche.

Je connais un peu le quartier pour avoir fréquenté un squat rue de la Banque à l’époque, qui était occupé par des associations de droit au logement, j’avais même peint une fresque à l’intérieur. Il y a aussi de bons restos dans le coin, un libanais dont j’ai un souvenir ému avec un brunch à volonté totalement divin.

“Fluctuat nec mergitur” sur la petite ceinture du 20ème 

Je garde le meilleur pour la fin, si vous vous baladez un dimanche entre de Porte de Montreuil et Ménilmontant vous trouverez un paquet de mes rideaux de fer, fresques ou affiches… La petite ceinture est l’un des derniers endroits sauvages de Paris où tu peux peindre tout ce que tu veux, fumer tout ce que tu veux et même faire des barbeucs en toute tranquillité. J’y ai donc repris le slogan “Fluctuat nec Mergitur”, cette devise en latin qui est devenue le symbole de la résistance face au terrorisme après les attentats.

Je vais souvent sur les voies surtout vers chez moi, pas loin de la Flèche d’Or. Saint Blaise, c’est mon quartier depuis 13 ans et j’y suis très attachée. J’aime l’ambiance de ma rue, j’aime sa diversité, un bel exemple de vivre ensemble.

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Pour plus d’informations sur l’événement “Paris Chéri-e”, c’est par.

A lire -> Rencontre avec Kashink, la street artist française qui porte la moustache