La mode et le vulgaire, quand la nouveauté fait scandale

Publié le par Bérénice Rebufa,

(© Capture d’écran Instagram michaelclarkco)

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Des deux côtés de la Manche, à Londres et à Paris, deux musées reviennent sur l’histoire du vulgaire dans la mode en mettant en lumière les scandales provoqués par l’arrivée de nouveaux styles vestimentaires.

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À chaque nouvelle mode, un lot de scandales. En perpétuelle évolution, les mœurs vestimentaires naissantes sont souvent jugées vulgaires. À Londres et à Paris, deux expositions autour de la mode et du vulgaire intitulées “The Vulgar, Fashion Redefined” (“Le vulgaire, la mode redéfinie”) et “Tenue correcte exigée” retracent ces périodes de transition entre les styles. Excessives, sexualisées ou trop kitsch, les modes ont du mal à se faire accepter dans les premiers temps.

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The Vulgar, Fashion Redefined

À Londres, du 13 octobre 2016 au 5 février 2017, l’exposition “The Vulgar, Fashion Redefined“, au Barbican Center, donne un panorama de la vulgarité dans la mode de la Renaissance à nos jours. Conçue par la commissaire d’expo Judith Clark et le psychanalyste Adam Phillips, l’exposition est une véritable étude des notions de vulgarité et de bon goût à travers le temps. “La vulgarité permet de révéler le scandale qu’est l’idée du bon goût”,déclaré Adam Phillips. À travers un voyage vestimentaire de 500 ans, l’exposition invite à réfléchir à ce qui fait que quelque chose est considéré comme vulgaire. On y retrouve aussi bien des corsets du XVIIIe siècle que des T-shirts des années punk de Vivienne Westwood.

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“Les créateurs qui voulaient créer leur marque choquaient avec leurs excès : les crinolines de Charles Frederick Worth étaient trop larges ; les jupes de Paul Poiret trop flottantes ; les couleurs de Schiaparelli trop lumineuses, les costumes de Saint Laurent trop masculins ;  les épaules de Mugler Montana étaient trop grandes, Galliano et les déguisements de McQueen trop exubérants ; les chandails d’Alaïa trop noirs ; les uniformes de Jil Sander trop austères ; les robes Versace trop sexy“, écrit le Harper’s Bazaar au sujet de l’exposition.

Tenue correcte exigée ! Quand le vêtement fait scandale

Le musée des Arts décoratifs, à Paris, invite également du 1er décembre 2016 au 23 avril 2016, à revisiter “les scandales qui ont présidé les grands tournants de l’histoire de la mode du XIVe siècle à nos jours“. Quatre cents vêtements et accessoires explorent les “prises de liberté et les infractions faites à la norme vestimentaire“. Trois thèmes (“Le vêtement et la règle”, “Est-ce une fille ou un garçon ?” et “La provocation des excès”) parcourent la perception de la mode et de sa vulgarité à travers les siècles.

La première thématique examine donc les conventions autour de notre style vestimentaire. La religion, le titre ou encore la culture déterminent ce que l’on porte. Quand on sort de ces règles, forcément, ça choque. Par exemple, quand Marie-Antoinette a été peinte par Élisabeth Vigée-Lebrun vêtue d’une simple robe chemise, ça a fait scandale.

La seconde thématique tourne autour du genre dans la mode. Alors que la haute couture tend vers une vision unisexe des collections, pendant longtemps les prêt-à-porter masculin et féminin se sont échangés des éléments. Dès le XVIIe siècle, les aristocrates anglaises ont commencé à s’approprier des pièces de la garde-robe masculine. Cependant, il a fallu attendre 2013 pour supprimer la loi de 1800 interdisant aux femmes de porter des pantalons.

Enfin, la troisième thématique est l’excès, le trop, ce qui détermine ce qui tombe dans le vulgaire. Trop court, trop large, trop transparent, trop négligé… L’exposition revient sur les défilés les plus choquants et novateurs de l’histoire de la mode, comme celui de Dior en l’an 2000 qui était inspiré du look des sans-abris ou encore celui d’Alexander McQueen en 1995 intitulé “le viol de l’Écosse par l’Angleterre”.