Au ministère de l’Énergie américain, on ne peut plus parler du changement climatique

Publié le par Evan Glazman,

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L’ambiance est toujours plus orwellienne aux États-Unis, où certains se demandent s’ils ont encore le droit de parler du changement climatique.

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Le 29 mars, Politico a publié un article dans lequel des sources anonymes affirment qu’au sein du service sur le climat du ministère de l’Énergie américain, un superviseur a ordonné à son équipe d’arrêter d’utiliser le terme “changement climatique” dans leurs communications. La liste des mots interdits inclurait aussi : “réduction des émissions” et “accord de Paris”.

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Ces nouvelles directives auraient été données aux employés le jour même où Donald Trump signait un décret revenant sur les politiques environnementales de Barack Obama. Pourtant, la Nasa souligne que 97 % des scientifiques s’accordent sur le fait que le changement climatique provoqué par l’homme est une menace réelle. La porte-parole du ministère de l’Énergie, Lindsey Geisler, a démenti les témoignages relayés par Politico :

“Aucun mot ou propos n’ont été interdits dans ce bureau ou pour quiconque au sein de ce département.”

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Une autre source de Politico affirme que même s’il n’y a pas eu d’instructions formelles sur le champ lexical du changement climatique, le sentiment général est qu’il faut éviter certains termes au profit de mots comme “emploi” et “infrastructures”, plus appréciés par Donald Trump. Des sources au ministère des Affaires étrangères relatent la même ambiance :

“Les gens spéculent beaucoup… Ils prennent eux-mêmes l’initiative de ne pas utiliser certains mots que leur instinct leur dit de ne pas utiliser. Tout le monde se sent encouragé à trouver d’autres manières de parler des choses. Il y a cette idée qu’il vaut mieux trouver une façon de se détacher des lignes d’Obama.”

Si tout cela est vrai, on ne peut pas qualifier ça de surprenant. Le ministre de l’Énergie, Rick Perry, a toujours entretenu de bonnes relations avec les compagnies pétrolières quand il était gouverneur du Texas… tandis que le ministre des affaires étrangères, Rex Tillerson, fut PDG d’Exxon, une multinationale qui produit du pétrole et du gaz.

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Le rôle principal du ministère de l’Énergie est de veiller au stock monumental d’armes nucléaires des États-Unis. Le cabinet en charge du climat international et de l’énergie durable est donc le seul du ministère à s’intéresser aux politiques environnementales. Sa mission est de coordonner les initiatives écologiques avec les gouvernements et les représentants internationaux, un domaine de négociation que Donald Trump semble vouloir reprendre en main. Ce tabou autour du changement climatique pourrait bien être un premier pas dans cette direction.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet