L’artiste Marina Abramovic rappelle que l’avortement reste un choix personnel

Publié le par Lydia Morrish,

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Dans un entretien donné au journal allemand Der Taggespiegel, l’artiste contemporaine Marina Abramovic a parlé du droit des femmes à disposer de leur corps, en revenant sur ses trois avortements. Ses propos l’ont mise sous le feu des critiques.

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Même si en théorie les femmes sont censées avoir la possibilité de choisir ce qu’elles font de leur corps, dans les faits ce n’est pas toujours le cas. Quand une femme décide d’avorter, elle rencontre toujours une opposition de la part de militants contre l’avortement, de groupes religieux voire de professionnels de la santé. Cet acte reste si controversé, qu’il est encore illégal dans de nombreux endroits du monde.

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C’est pour cela qu’il est important que les femmes s’expriment à ce sujet. Dans l’espoir qu’un jour, on puisse tous tomber d’accord sur le fait que l’avortement n’est pas un acte de l’ordre de l’euthanasie ou du génocide, mais avant tout un droit auquel chaque femme devrait avoir accès.

L’artiste contemporaine Marina Abramovic a récemment pris la parole à ce sujet. Sans remords, elle est revenue sur ses trois avortements. Dans une interview donnée au quotidien allemand Der Tagesspiegel, la spécialiste des performances a expliqué qu’avoir des enfants aurait eu des “conséquences désastreuses” sur son travail. C’est pour cela qu’elle a préféré ne pas en avoir :

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“J’ai avorté trois fois, parce que j’étais certaine que cela aurait été désastreux pour mon travail. On ne dispose que d’une énergie limitée, et j’aurais dû la partager.

À mon avis, c’est la raison pour laquelle les femmes n’ont pas autant de succès que les hommes dans le monde de l’art. Il y a beaucoup de femmes de talent. Pourquoi alors, les hommes disposent-ils des postes importants ? C’est simple. L’amour, la famille, les enfants — une femme ne veut pas sacrifier tout ça.”

On peut comprendre le sentiment de cette artiste pionnière de l’art de la performance. Ses œuvres, qui traitent du rapport entre le public et la performeuse, requièrent des heures de participation, de force et d’endurance. Ces contraintes professionnelles sont difficilement compatibles avec une vie de famille.

En 1974, pour sa performance Rythm 0, qui s’est déroulée à Naples, l’artiste a invité le public à l’aborder avec l’un des 72 objets mis à disposition. L’ensemble d’accessoires hétéroclite allait d’un boa à plumes à un pistolet chargé d’une seule balle. Les membres du public étaient invités à faire tout ce qu’ils voulaient avec ces objets, y compris se servir de l’arme contre elle.

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Quarante ans plus tard, Marina Abramovic a expliqué au Guardian qu’elle était prête à mourir pendant cette performance. On comprend mieux qu’elle n’ait pas voulu prendre le risque de mêler un enfant à tout ça.

Aborder l’avortement en toute liberté

Pour autant, les déclarations de Marina Abramovic ne vont pas sans soulever des questions. Ses propos impliquent qu’une femme mettra toujours ses enfants au premier plan, au détriment de sa carrière artistique, ce qui n’est pas toujours le cas. Elle reproduit ainsi l’ultimatum auquel sont confrontées de nombreuses femmes qui réussissent : carrière ou enfants.

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Toutefois, où que l’on se situe dans ce débat, on devrait toujours être capable d’aborder l’avortement en toute liberté. Depuis sa sortie sur ses interruptions de grossesse, l’artiste a été très critiquée : on lui a notamment reproché d’utiliser l’avortement comme un moyen de contraception ou d’être une femme égocentrique au raisonnement répugnant.

Ces attaques ne font que nous montrer que notre monde prétendument libre n’est pas encore prêt à accepter qu’une femme dispose de son corps en toute liberté. Et pourtant, il est plus que jamais important d’en parler.

Pour en savoir plus sur cette artiste, nous vous conseillons le documentaire de 2012 qui lui est consacré, The Artist is Present, dont vous pouvez découvrir la bande-annonce ci-dessous.

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Traduit de l’anglais par Dario

À lire -> La Cour suprême américaine réaffirme le droit des femmes à l’avortement