Attaques de hackers, mails d’insultes : le site Macholand dérange

Publié le par Anaïs Chatellier,

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Les personnes que nous voulons épingler sur Macholand ont une telle force de frappe qu’il faut être particulièrement mobilisé pour tenter d’être aussi audible. Avant la question du féminisme, ce qui nous réunit tous les trois, c’est un fort désir de politique.
On a envie d’agir pour faire changer la société. Il n’y a plus de support satisfaisant à l’action politique. Avec Macholand, on veut inventer de nouveaux supports, imaginer de nouvelles formes de faire de la politique. On veut d’abord rappeler que la lutte contre le sexisme c’est un choix de société, ce n’est pas une guerre des sexes.

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C’est donc pour mieux jouer ce rôle de “facilitateur d’activisme” que la plateforme participative Macholand.fr a été pensée, afin d’utiliser des méthodes 2.0 pour dénoncer le machisme ordinaire et quotidien. Et en première ligne de mire, le sexisme “des marques, des organisations et des personnalités publiques“. Et les exemples sont nombreux comme le montre la vidéo de lancement postée le 6 octobre dernier.
Du tweet de Franck Keller : “Quels atouts Najat Vallaud-Belkacem a utilisés pour convaincre Hollande de la nommer à un grand Ministère“, à la pub de Darty : “Face à la technologie, on est tous un peu blonde“, ou encore celle de Numericable : “Téléchargez aussi vite que votre femme change d’avis“. Oui, et ça se passe au XXIème siècle…

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15 minutes après et déjà un hacking

Il n’aura donc pas fallu longtemps, seulement une quinzaine de minutes après son lancement, pour que les premières tentatives de hacking tentent de nuire au site. “On se rend compte qu’on a été un peu candides sur ce coup : on n’aurait jamais imaginé être hacké sur ce sujet qui pour nous semble tellement peu subversif !“, nous confie Clara.

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On se rend compte que certains sont prêts à lever leur bouclier pour empêcher la société d’évoluer. La première journée on a donc rencontré trois tentatives de hack, qu’on a rapidement pu contenir et contre lesquelles on a pris des mesures, avec l’aide spontanée de personnes sur Twitter.

Et c’est sans compter le nombre de mails d’insultes ou de menaces qu’ils ont reçus, plus ou moins argumentés d’ailleurs comme le prouve l’exemple ci-dessous, envoyé à la rubrique proposition d’action :


Ces perles du web sont depuis hier soir compilées sur un Tumblr créé pour l’occasion. “On a toujours envie d’en rire, surtout quand c’est ultra vulgaire, mais le fond n’est pas drôle“, poursuit Clara.

Le niveau de violence est incroyable, ce sujet touche intimement de nombreuses personnes. J’ai beaucoup suivi les histoires de harcèlement et de menaces de mort contre des féministes anglaises et américaines, mais c’est un thème transnational. Qu’est-ce qui leur fait si peur ? La promesse d’une égalité homme-femme ?

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Et preuve que les actions peuvent être concluantes, le site Servicepublic.fr, où on pouvait lire : “Un président, Un ou plusieurs vice-présidents, Un(e) secrétaire” en guise d’exemple pour réaliser le statut d’une association loi 1901, a désormais été remplacé par la version suivante :

Un lancement avec succès

Malgré les menaces, le site Macholand.fr est un succès. Avec plus de 5 500 personnes qui ont participé à une action, 40 000 visiteurs, 100 000 pages vues, plus de 5 000 mentions j’aime sur Facebook, les créateurs du site se disent “extrêmement satisfaits de ces chiffres“.
L’aspect participatif et collectif du site prend tout son sens“, se réjouit Clara. Ils ont déjà reçu une cinquantaine de propositions d’actions comme dénoncer le sexisme apparent de certaines pubs de Casual Dating.

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Quand on a vu ces pubs, je crois bien qu’on a explosé de rire. “Merci Casual Dating, on manquait vraiment d’actions pour le lancement de Macholand”. On en a conclu que c’était vraiment la rentrée des machos et que l’utilité du site serait confirmée !


Maintenant que le site a bénéficié d’une grande visibilité, ses créateurs comptent bien “faire monter le niveau d’intolérance au sexisme“. Et pour cela le trio a déjà plusieurs projets à venir avec, entre autres, poursuivre le développement du site et créer une application mobile qui permettra de leur envoyer des photos de pubs sexistes prises dans la rue.