Quelques morts insolites de l’Histoire du rock

Publié le par Théo Chapuis,

Duane Allman, mort au volant de sa moto en 1971. Son bassiste mourra un an plus tard dans les mêmes circonstances.

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Il est près de cinq heures l’après-midi ce 23 janvier 1978 lorsque Terry Kath joue avec un revolver vide à Los Angeles, dans la propriété d’un roadie de Chicago. Il le place sur sa tempe, assure son roadie que le chargeur est vide… avant de mourir sur le coup d’une balle de 9mm lui traversant le crâne de part en part. Sa veuve se remariera plus tard avec l’acteur Kiefer Sutherland.
Sans doute une des plus belles contributions de Kath à l’Histoire du rock : la chanson Introduction, bijou de rock progressif et dansant, tortueux et hédoniste à la fois. L’homme est l’objet d’un projet de documentaire à l’initiative de sa fille, âgée de trois ans à la mort de son père.
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Homosexualité, nazisme et disparition

Alain Z. Kan est un mystère du rock français. Protéiforme (voire transformiste), sa carrière a épousé les attentes commerciales des standards de la variété des années 60 avant de faire de lui un artiste plus complexe. Versé dans le glam rock puis dans le punk, celui qui ajoute alors un “Z.” à son nom prétend connaître intimement Bowie, traîne avec Fred Chichin et Daniel Darc, sample des discours d’Adolf Hitler, écrit des textes sur la drogue et l’homosexualité… et se fait interdire des ondes.
Alain Kan disparaît purement et simplement le 14 avril 1990. A 15h, il s’engouffre dans la bouche de métro Châtelet à Paris pour ne plus jamais réapparaître. Ni sa soeur Véronique, ni son compagnon Hubert, ni son manager Christian Lacroix (oui oui, lui-même) ne parviennent à le joindre. Un documentaire présenté par Karl Zero pour la chaîne RMC Découverte est en ligne sur Youtube à ce sujet.
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“4 Real”

L’histoire d’Alain Kan n’est pas la seule disparition inexpliquée de l’Histoire du rock.
Le groupe Manic Street Preachers sévit dans les années 90. Véhiculant une idéologie iconoclaste et ouvertement socialiste, le quatuor est remarqué par les frasques de Richey James, son guitariste. Entre autres moments embarrassants, celui-ci n’hésitera pas à s’entailler le bras au rasoir d’un profond “4 Real” afin de prouver à un journaliste de NME que tout ça, ce n’était pas pour la frime. Au cas où il pensait le contraire.
Alcoolisme, anorexie, auto-mutilation… Le musicien qui voulait rendre sa guitare “létale” disparaît le 1er février 1995. Son compte en banque vidée et sa voiture retrouvée en haut d’une falaise laissent planer le doute. Que lui est-il arrivé ? Certains l’auraient aperçu à Goa, d’autres ailleurs… Mais Richey James Edwards n’est jamais réapparu.
Bien qu’il ait été déclaré mort (faute de mieux) en 2008, les membres du groupe continuent de partager les cachets en quatre, fidèles à leurs idéaux politiques.
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Requiem pour deux hippies

Dans les années 60 et 70, des morts autrement plus violentes entachaient la musique électrique. En témoigne l’histoire maudite de la disparition de deux membres des Allman Brothers, Duane Allman et Berry Oakley.
The Allman Brothers Band contribue – tout comme leurs potes Lynyrd Skynyrd – à l’avènement d’un blues aux accents sudistes, porté par des chevelus plus-classe-t’écoutes-les-Carpenters (Oh non, pas les Carpenters !). Agé de 24 ans, le génial guitariste soliste se tue à moto sous les yeux de Dixie, sa petite amie, dans une rue de Macon, dans l’Etat de Georgie, le 29 octobre 1971. Jusque-là, rien de plus qu’un martyr supplémentaire sur la route du rock – pas vraiment pavée de bonnes intentions.
Les circonstances deviennent plus troublantes lorsque Berry Oakley, bassiste des Allman Brothers est victime de la même cause de décès le 11 novembre 1972, soit un an plus tard, au même endroit. Ou presque. Lors de la dernière chevauchée de son “frère” Duane, sa soeur Candace était aussi présente. Leurs tombes, similaires, reposent côte-à-côte au cimetière de Macon, leur ville natale (et fatale).

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Nevermind Darby Crash

Enfance merdique, grand-frère décédé d’une overdose, relations familiales tendues et renvoi de l’université… Jan Paul Beahm avait le terreau requis pour devenir punk. Avec son pote Georg Ruthenberg, ils décident de se trouver des blases un peu plus menaçants et de fonder un groupe de rock, The Germs. Jan devient Darby Crash et Georg, Pat Smear (et si cet autre nom vous dit quelque chose, c’est parce que vous le connaissez comme le quatrième homme de Nirvana et, par la suite, guitariste des Foo Fighters).
Gavés de violence et de drogues, symboles (parmi d’autres) de la frustration post-adolescente du punk, The Germs ça déconnait pas. Tellement pas, d’ailleurs, que Joan Jett les produit, faisant d’eux les parangons d’une scène punk rock nihiliste, dangereuse et désespérée. Bref, ils obtiennent un certain succès.

Suicide mis en scène

Dépressif et drogué au plus haut point, Darby Crash décide de mettre fin à son existence terrestre en planifiant son suicide. Il annonce sa disparition prochaine lors de son dernier concert le 3 décembre 1980 et planifie celui-ci avec une amie pour le 7 décembre 1980. Juste avant de passer le badge à gauche, celui-ci aurait griffonné “Here lies Darby Crash” sur le mur.
Sa disparition, pour retentissante qu’elle aurait du être, passe complètement inaperçue. Pour une bonne et simple raison : c’est le 8 décembre 1980, soit le lendemain, que Mark Chapman assassine John Lennon au pied du Dakota Building de New York. Le monde oublie complètement Darby et pleure alors le compositeur de “I Want You (She’s So Heavy)”. Darby Crash, tout martyr punk qu’il était, rate complètement sa sortie… et reste complètement inconnu du grand public. Il n’arrive donc jamais à l’ombre de la cheville de la popularité de Jésus, lui.
Un film, What We Do Is Secret, réalisé par Rodger Grossman, lui a été consacré en 2007. Sinon, vous pouvez toujours vous replonger dans la fureur et l’absurdité de l’univers des Germs en écoutant, par exemple, “Shut Down (Annihilation Man)”, la dernière piste du premier LP du groupe. Culte, évidemment.
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Vous vous en doutez, cet article est incomplet. Ici, nulle trace de Michael Hutchence, chanteur d’INXS, mort pendu dans une chambre d’hôtel en 1997 avec sa ceinture. Ni du guitariste du groupe de metal Pantera, Dimebag Darrell, tué d’une balle en pleine tête lors d’un concert à Colombus en 2004. Ni même de l’insolite électrocution de Clarence White, guitariste des Byrds, grillé par sa propre guitare en plein studio. Pas un mot sur le déclin conduisant au décès pathétique de Jaco Pastorius, génial bassiste de jazz rock, ou encore des sombres meurtres en série qui ont émaillé la saga incandescente du Black Metal norvégien.
La liste du gâchis de ces musiciens séminaux est longue et cet article l’est déjà trop. Gageons que Satan n’a pas terminé de saboter les compositeurs de la bande-son des Enfers.
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