Les Misérables, un court-métrage poignant sur les dérives policières

Publié le par Astrid Van Laer,

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Présenté au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, ce film de Ladj Ly dresse le portrait d’un jeune policier de la BAC qui commet une bavure. Un film qui trouve un écho particulier avec l’affaire Théo.

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“Vous avez pas le droit de me fouiller. – Je fais ce que je veux, c’est l’état d’urgence, si j’veux j’te mets un doigt dans le cul” : cet échange entre une jeune fille de 15 ans et un policier de la BAC, est issu d’un  court-métrage, Les Misérables, qui trouve une résonance toute particulière dans le cadre de l’affaire Théo, un jeune homme victime le 2 février d’un contrôle de police à Aulnay-sous-Bois au cours duquel il aurait été violé. Ce court-métrage de 15 minutes, repéré notamment par Télérama, a été présenté au 39e Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, qui s’est clos le 11 février.

Le réalisateur Ladj Ly, membre actif du collectif Kourtrajmé, présente un film “à la mémoire de Samir Khard”, mais il sonne en ces jours agités comme un hommage à Théo, Alexandre, Adama et tous les autres jeunes victimes de violence policière. On y suit “Pento”, interprété par Damien Bonnard, lors de son premier jour à la brigade anticriminalité (BAC de Seine-Saint-Denis. Au départ choqué par les méthodes de ses collègues, le jeune homme est confrontée à une telle pression que pour sa première intervention, il craque et tire sur un gamin menotté. Or la scène a été enregistrée par le drone d’un enfant de la cité.

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Ce baptême du feu tourne au drame et les moyens musclés des trois hommes pour récupérer le film interpellent. Ce qui choque tout particulièrement : l’image, plus du tout anodine aujourd’hui, de la matraque télescopique dans les mains des collègues de Pento. Avec les accusations de viol qui pèsent sur un policier l’ayant utilisée durant le contrôle de Théo, l’objet est actuellement au cœur de la polémique.

Un éclairage poignant sur une situation dramatique

La justification dans le film du tir “parti tout seul” rappelle ironiquement Aulnay-sous-Bois et la matraque “rentrée par inadvertance”. Bavures policières et contrôles au faciès sont aujourd’hui au centre de l’actualité. Certains rappellent la promesse de François Hollande de légiférer pour instaurer la remise d’un récépissé lors d’un contrôle d’identité et se félicitent de l’adoption de la loi sur les caméras piéton, tandis que d’autres en questionnent l’utilité… Si les propositions de solutions diffèrent, le constat est unanime. Les Misérables proposent un éclairage poignant sur la situation : dénonciation de fréquentes dérives policières, peinture des relations entre civils et forces de l’ordre dans les cités et tensions quotidiennes, tout est réuni pour interpeller sur de nombreuses problématiques actuelles.

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Le prochain projet du réalisateur : un long-métrage du même nom et sur le même thème, librement adapté du célèbre roman de Victor Hugo.