Laure, 17 ans : “Pourquoi ne pouvons-nous pas voter ?”

Publié le par Konbini,

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À 17 ans, Laure a souhaité prendre la parole sur Speech pour passer un coup de gueule : elle ne pourra pas avoir voix au chapitre lors des prochaines élections.

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Et si après tout, je décidais de râler ?  C’est ce qui m’a poussée à ébaucher ces lignes. J’ai 17 ans. J’ai l’âge où tout est possible, mais en même temps interdit. L’âge où tout choix semble insignifiant, mais aura pourtant un immense impact sur la vie. L’âge où l’on veut faire bouger les choses, sans pour autant en avoir les moyens.

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Mais avoir 17 ans en France, début 2017, c’est différent. C’est frustrant. C’est amer. 2017, c’est l’année de la présidentielle. Les citoyens français vont voter pour élire leur prochain président, qui sera à la tête du pays pour cinq ans. Ils vont choisir une personne, et ce choix déterminera sûrement les conditions d’arrivée dans la vie active de la génération née en 1999. Si nous entrons dans le privé, aurons-nous un président favorable à la concurrence, qui nous poussera à nous élever dans la hiérarchie ? Si nous devenons fonctionnaires, serons-nous méprisés par le pouvoir ou bien reconnus comme des travailleurs comme les autres ? Si nous sommes embauchés par une entreprise, sera-ce à nos risques et périls, victimes potentielles de la délocalisation, ou bien sachant que notre avenir est assuré ? Mais surtout, aurons-nous eu la possibilité de choisir ?

Dans une même génération, certains ont plus la parole que d’autres

Pour ceux d’entre nous nés en début d’année, il n’y aura pas de problème. Ils auront bien 18 ans au moment de l’élection. Certains auront même pu voter aux primaires, libre à eux de faire leur choix politique. Mais les autres… La République française semble considérer qu’un mois d’écart au niveau des dates de naissance est un facteur déterminant de l’aptitude à faire un choix politique. Ainsi, dans une même génération, dont les membres ont grandi ensemble, ont suivi les cours ensemble, passent les mêmes concours en fin d’année, certains ont plus la parole que d’autres.

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Pour qualifier ceci, je ne vois pas d’autre terme qu’injustice. À 17 ans, j’ai des convictions politiques. Elles sont plus prononcées que chez quelques camarades habilités à voter. À quelques mois près, je n’aurais pas été qualifiée “d’influençable”. Pourtant, parmi ma famille, mes profs, et les autres adultes m’entourant, aucune personne ne m’a poussée à soutenir le candidat qui m’a convaincue. Mon opinion, je l’ai forgée en me renseignant, en lisant les projets de chaque candidat. Elle diverge de celle de mes parents, de celle de mes grands-parents. J’ai ainsi vu mes parents aller voter aux primaires pour un candidat parce qu’il “parlait bien à la télé, et présentait bien”. On peut alors se demander qui est le plus influencé.

J’ai vu le candidat dont le projet définissait un futur qui me convenait perdre ses primaires en n’ayant pas pu voter pour lui. Et je ne pourrai pas voter pour celui qu’il soutient.

Je termine ce texte par un appel au droit de vote L’ANNÉE des 18 ans. Parce que si le mois de naissance ne change pas la capacité d’une personne à réussir le baccalauréat et à appréhender les études post-bac, il n’empêche certainement pas d’avoir des idées plus crédibles concernant son propre avenir. Si l’on doit faire des choix d’orientation, on doit pouvoir s’exprimer aussi pour l’orientation de sa nation.

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Je ne sais où ce texte finira, ni qui le lira, mais il faut trouver une solution pour remédier à cette inégalité face au droit de vote.

Laure, 17 ans, lycéenne et frustrée.