Je vais mieux, merci : la BD qui montre ce qu’est vraiment la dépression

Publié le par Pierre Schneidermann,

(c) Tchou

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Il y a deux obstacles majeurs lorsque l’on cherche à parler de sa dépression. Déjà, on n’ose pas forcément, à cause de la honte. Si forte. Et quand bien même on y arriverait, on désespère de trouver les mots qu’il faut. Car les tempêtes sont si intenses, si irrationnelles, si douloureuses qu’elles sont incommunicables. On dit que seuls ceux qui ont connu la maladie peuvent vraiment la comprendre.

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Malgré tout, raconter fait du bien donc il faut s’efforcer de le faire. Cela demande du temps, du recul et de la recherche. Brent Williams était avocat, avait quatre enfants. Et boum. Méga crash au beau milieu de sa vie d’adulte néo-zélandais pourtant parfaitement (peut-être trop) remplie. Une dépression le torpille. Une vraie. En résultera la BD Je vais mieux, merci, éditée chez Tchou.

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Dans cet album de 155 pages, il y a absolument tout ce que vivent les personnes touchées : le déni borné du diagnostic, le fameux je-vais-m’en-sortir-tout-seul-laissez-moi-tranquille, la difficulté (si ce n’est l’impossibilité) de sortir de son lit, la galère pour trouver le bon psy, les affreux cycles de hauts et de bas et des symptômes physiques désagréables en pagaille. On a beau être lucide sur tout ça, ça ne change rien. Mais, comme l’auteur, on peut finir par en guérir.

Je vais mieux, merci raconte donc ce quotidien terrible et n’oublie scrupuleusement aucun détail. L’auteur se souvient aussi de tous ces petits trucs anodins qui font que, millimètre après millimètre, ça peut aller mieux : mieux manger, mieux respirer, gérer les pensées noires, organiser des petites sorties, imaginer des activités. Ceci ne remplaçant évidemment en rien le travail d’introspection effectué avec le thérapeute. Le narrateur nous parlera aussi de son enfance.

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Le récit perdrait de sa force s’il n’était pas accompagné du dessin protéiforme et généreux de Korkut Öztekin. La dépression affecte les sens et les sensations, ses aquarelles l’ont bien compris : fréquemment, les formes et couleurs “normales” laissent place aux flous, aux noirs et blancs, aux sépias et à des sortes de décolorisations qui nous rappellent à quel point la perception de la réalité relève du subjectif et peut si vite basculer.

En chemin, on croisera aussi des démons terrifiants, des taches de lumières réconfortantes, des symboliques éclairantes. Avant la guérison.

Et en bonus, une vidéo de l’auteur :

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