Jackson And His Computer Band : 8 ans d’absence, 8 questions

Publié le par Louis Lepron,

La pochette du deuxième album de Jackson And His Computer Band, Glow

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Huit ans. Huit ans sans nouvelle, sans album. Quelques remixes, oui. De Justice, de Vanessa Paradis et une participation à la bande-son du film Johnny Mad Dog. En somme, ça fait très peu de cartes postales musicales à se mettre sous la dent. Huit ans, c’est le nombre d’années qui se sont écoulées entre Smash, un premier album sorti en 2005, et Glow, son nouveau bébé.

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Pour nos retrouvailles avec Jackson Fourgeaud et son “Computer Band”, on n’a pas pris de pincettes. Huit questions. Une pour chaque année.

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  • 1/ “Pourquoi huit ans d’absence ?”

Depuis 2005, Jackson a partagé sa vie entre deux villes. La première, c’était Berlin. Quatre années, parce que le monsieur n’avait pas les moyens de vivre dans la capitale française. Le compositeur se démerde, fait du “djing”. Pas de petits boulots à la sauce alimentaire : il veut toujours avoir les deux pieds dans le milieu de la musique.

Ensuite, retour à Paris. Ses voisins s’appellent Birdy Nam Nam, Philippe Zdar ou Para One. Il compose dans le IXe arrondissement, se servant de l’énergie de la ville, la canalisant et cherchant, surtout, le bon moment pour sortir Glow, son deuxième essai :

J’ai pas de plan de carrière dans lequel il faudrait sortir des disques à des date précises. Je sors un disque quand c’est le bon moment pour moi. Je fais ma vie jusqu’à ce que tous les éléments soient en place pour rentrer dans la machine marchande.

La critique de la surconsommation musicale et du suivi marketing d’un artiste sur la Toile n’est pas loin :

J’aurais pu donner ma musique en ligne au fur et à mesure. Mais c’est du suicide professionnel de faire une telle chose. En ce qui me concerne, ça fait partie de mon processus d’écriture : il faut que je sois en apnée, il faut que je me perde, que j’explore des choses qui m’échappent. C’était très long pour trouver le “système”. Quoi qu’il en soit, il n’y a rien de pire que de sortir un disque pour sortir un disque.

  • 2/ “C’est quoi ton parcours ?” 

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“Je faisais du skate, de 8 à 12 ans : je voulais être professionnel. J’ai eu ma période Suicidal Tendencies, Dead Kennedys mais aussi beaucoup de soul. Après j’ai commencé à jouer dans un groupe : j’étais batteur. Un peu plus tard, j’ai découvert les raves hardcore, en banlieue parisienne. Grâce à Radio FG, et Patrick Rognan [animateur sur Radio FG de 1992 à 2002 de l’émission “Rave Up”, ndlr], t’avais accès à des soirées”.

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Mixtape Radio FG de l’émission “Rave Up” – 1994

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Après un passage du côté de la scène hardcore, Jackson se met à écouter de la trance-Goa ou “psy-trance”, un courant musical qui trouve ses racines dans les années 90. Dernière étape de son initiation musicale, le “registre club”, les soirées au Rex.

  • 3/ “Comment tu t’es retrouvé devant des machines ?”

Une rave, un bouleversement :

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Ma première rave, ça a été un déclic pour moi. Ma mère fait de la musique aussi, donc elle avait une boite à rythme et un synthé qui trainaient. Asssez vite je me suis rendu compte que ce n’était pas le son que je recherchais. Je me suis mis à tafffer pour m’acheter du matos. Je distribuais des prospectus. Je me suis fait virer parce que je les jetais.

  • 4/ “T’avais quoi en tête en 2005 lorsque tu as composé Smash ?”

Pour Jackson, 2005, année de la sortie de Smash, illustre une époque musicalement trop “sage” :

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A l’époque, ce qui dominait dans les clubs me paraissait fermé : ça manquait de liberté, c’était cloisonné. Ça sortait rarement du contexte house et c’était souvent orienté avec les mythes “Détroit”, “New York” ou “Chicago” : d’après moi, ça manquait de violence et de fougue.

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Jackson And His Computer Band – Rock On

Un lien pouvait se faire :

Il y avait deux trucs que j’aimais beaucoup : Windowlicker [un album d’Aphex Twin sorti en 1999, ndlr] et les Destiny’s Child. C’était à la fois extrême et grand public mais musicalement c’était hyper riche, au niveau de la production et de l’image. Ou comment mélanger Warp et ce que je matais sur MTV.

  • 5/ “Pourquoi le terme “Smash” ?”

La réponse mêle rock des années 60 et ironie :

Pourquoi ? Parce que mon premier disque de chevet était une compilation qui s’appelait Smash Hits de The Jimi Hendrix Experience [sortie en 1968, ndlr]. C’était une référence pour un magazine britannique. Je trouvais ça marrant de reprendre un mot de l’intitulé surtout qu’il s’agissait d’une compilation de morceaux. Je voulais faire un hommage privé à un disque marquant et tronquer un message qui faisait référence à une publication pour ado.

  • 6/ “Comment est-ce que tu définirais Glow ?”

A cette question, le Français répond :

L’idée, c’est une volonté de créer des liens dans des univers hétéroclites. Le résultat, c’est un disque psyché.

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Jackson And His Computer Band – Arp1

Et de poursuivre :

Il y une zone émotionnelle qui ressort de Glow, même s’il n’est pas forcément ultra-confortable à écouter. Je n’ai pas de modèles définis quand je compose : il faut que la musique reste intuitive, viscérale.

  • 7/ “Parle-nous de ta fameuse “machine” que tu utilises en live….”

Pour le live, Jackson s’est bien entouré. Pour la première fois de sa carrière, son “Computer Band” trouve sa place sur scène à travers un “super-instrument” dessiné par lui et réalisé par Freeka Tet, un artiste. Il nous explique son principe et son fonctionnement :

Il y a un moniteur derrière moi qui sert à donner des informations au public. Des modules m’entourent et permettent de déclencher des effets, des sons afin d’arranger musicalement ce qu’il se passe. Glow a été pensé pour rentrer dans ce programme géant que je pilote à la main.

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Et Jackson de conclure :

La machine contrôle la musique et la musique contrôle les visuels.

  • 8/ “Pourquoi Jackson And His Computer Band est si rare ?”

“Mon parcours est d’avoir sorti Smash à un moment charnière et d’aller vers l’inconnu” explique t-il. Pour le compositeur français, les choses se sont faites naturellement. Son premier disque n’a pas rencontré un succès médiatique à sa sortie. Mais progressivement, comme il l’aime à le répéter, chaque année a permis à l’album de dévoiler une de ses facettes. “Les disques ont leur vie” précise t-il.

Aussi, son intention n’était pas de s’imposer dans le monde de la musique avec un tube. A l’époque, pas de clips, pas de promotion dantesque. Juste l’envie de faire de la musique et d’expérimenter. Glow provient du même terreau. Et c’est sûrement à l’aide de cette formule, sur l’autel de la patience, que Jackson And His Computer Band est l’une des meilleures figures actuelles de la French Touch.

Propos receuillis par Sylvain Di Cristo.