Frank Ocean sort de son silence avec un texte fort sur l’homophobie et la transphobie

Publié le par Rachid Majdoub,

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En réaction à la tuerie homophobe d’Orlando, le chanteur vient de publier sur son Tumblr une lettre aussi ouverte que la plaie de l’homophobie et la transphobie sur laquelle il appuie. 

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Frank Ocean communique rarement, et quand il le fait, sur Internet, c’est uniquement via son Tumblr. Alors qu’on attend toujours son nouvel album, le chanteur est sorti de son silence pour un sujet bien plus sérieux, qui lui tient particulièrement à cœur.

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Le membre d’Odd Future, qui avait fait son coming out en 2012 à travers une belle lettre ouverte, vient tout juste de s’exprimer en réaction à la tuerie homophobe d’Orlando survenue dans un club gay, le pire “mass shooting” de l’histoire des États-Unis, qui a fait 49 morts et 53 blessés le 12 juin dernier. Avec un texte profond que l’on vous a traduit plus bas, il appuie sur la plaie de l’homophobie et la transphobie.

“Beaucoup nous détestent et préféreraient qu’on n’existe pas”

Frank Ocean fait allusion aux problèmes d’intolérance qui souvent ressurgissent sur fond d’interprétation erronée des croyances de chacun. Il parle également d’un sujet qu’il évoque rarement, à savoir l’absence de son père, depuis “le dernier après-midi” où il l’a vu, lorsqu’il a assisté, enfant, à la transphobie de ce dernier.

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Cette importante et triste réflexion sur notre monde actuel, et sa “grise” et “morne réalité”, est à lire ci-dessous.

“J’ai lu dans les journaux qu’on jette mes frères du haut d’immeubles, les mains attachées dans le dos parce qu’ils ont enfreint la charia. J’ai entendu dire que ceux qui sont tombés sont lapidés par la foule s’ils bougent encore après leur chute. J’ai entendu dire que tout ça se fait au nom de Dieu. Je me souviens que mon pasteur parlait au nom de Dieu lui aussi, lorsqu’il citait les Écritures saintes. Lorsqu’il décrivait l’énorme étang de feu dans lequel Dieu souhaitait me plonger, le mot abomination s’échappait par tous les pores de ma peau.

J’ai entendu qu’une tuerie homophobe avait laissé derrière elle des corps entassés les uns sur les autres, sur une piste de danse. J’ai entendu dire que l’assassin s’était fait passer pour mort au milieu de tous ceux qu’il avait tués. J’ai entendu aux infos qu’il était l’un des nôtres. Quand j’avais six ans, j’ai entendu mon père traiter une serveuse transgenre de ‘pédé’ avant de me tirer hors de ce petit resto de quartier, parce qu’on ne pouvait pas être servi par quelqu’un d’aussi dégoûtant. C’était le dernier après-midi où j’ai vu mon père, c’était la première fois que j’entendais ce mot, je crois, même si ça ne serait pas surprenant si je l’avais entendu avant.

Beaucoup nous détestent et préféreraient qu’on n’existe pas. Beaucoup sont dérangés parce qu’on veut se marier comme tout le monde, ou utiliser les toilettes adéquates, comme tout le monde. Beaucoup n’ont aucun problème à transmettre les mêmes bonnes vieilles valeurs qui chaque année rendent des milliers d’enfants suicidaires ou dépressifs. Donc, on dit qu’on est fiers et on exprime notre amour pour qui on est, et ce qu’on est. Parce que sinon, qui va le faire ? Je fais un rêve éveillé : et si cette barbarie et toutes ces transgressions à notre égard étaient en fait la contrepartie de quelque chose de meilleur qui se produit dans le monde, d’une grande vague d’ouverture des esprits et de réveil des consciences.

Mais la réalité l’emporte, et elle est grise. Ni noire, ni blanche, mais morne. J’ai entendu qu’on était tous les enfants de Dieu. J’ai laissé mes frères et sœurs en dehors de ça et je me suis adressé directement à mon Créateur, j’ai l’impression qu’on dit la même chose. Si mon moi était plus fort en étant déconnecté de sa propre histoire, alors, je ne pourrais pas être moi. Je veux savoir ce que les autres entendent. J’ai peur des réponses, mais je veux savoir ce que chacun entend quand il s’adresse à Dieu. Les fous entendent-ils la même voix, mais distordue ? Est-ce une autre voix que les endoctrinés entendent ?”

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