Non, un facteur normand n’a pas percé le secret des pyramides

Publié le par Théo Chapuis,

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Selon les médias, un amateur éclairé aurait résolu le mystère des pyramides. Si sa théorie est valable, pour Franck Monnier, ingénieur spécialisé en architecture égyptienne, rien ne peut prouver sa véracité. 
Cela fait près d’une semaine qu’un mythe met toute la presse française en émoi : le “mystère” des pyramides d’Égypte a-t-il enfin été résolu par un simple facteur à la retraite féru d’égyptologie ? L’histoire est trop belle pour que les médias ne s’en emparent pas les uns après les autres. Souvent, sans même laisser la place au doute. Voyez plutôt les titres de nos confrères :
“Pyramides : un Normand perce le mystère”, claironne Le Figaro. “Un facteur normand délivre le mystère des pyramides égyptiennes”, sonne Europe 1. Mieux encore, “Ce postier normand qui a résolu le mystère des pyramides d’Égypte”, assène simplement Valeurs Actuelles.

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La théorie de Michel

L’histoire est parue le 31 décembre 2014 dans les colonnes de Ouest France. Le quotidien régional diffusait alors un article d’un de ses correspondants. Celui-ci commence en ces termes :

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Sourire en coin et gouaille normande, Michel Michel, 64 ans, n’a pas le profil type des égyptologues. Mais les apparences sont parfois trompeuses.

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Que sait-on ?

Des théories aussi nombreuses qu’incertaines

Au XXè siècle, les chercheurs partaient d’un principe, celui qu’une rampe externe permettant d’acheminer les matériaux aurait été employée. Ses caractéristiques: elle serait inclinée et faite de briques. Or, ce n’est, encore une fois, qu’une hypothèse : il n’y a jamais eu de preuves que les rampes, bien qu’utilisées pour d’autres constructions plus récentes par les Égyptiens, n’aient été utilisées pour les pyramides :

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Ils ont déjà utilisé des rampes au cours de leur histoire. Mais, rien ne montre qu’il les aient employées pour les grandes pyramides. Le fait que l’on en ai jamais retrouvé aucun vestige semble indiquer que ce ne fut pas la méthode employée.

Il y a peu, l’idée d’une “rampe droite inclinée, en briques, qui s’élevait jusqu’au sommet – mais qui devait dépasser la hauteur de la construction de la pyramide elle-même” faisait partie des théories les plus populaires. Mais selon Franck Monnier, alors qu’elle ne “satisfait pas grand monde” aujourd’hui, d’autres chercheurs y sont allés de leur petite théorie. Vous imaginez que des grues auraient pu remplir ce travail colossal ? Sûrement pas, selon le chercheur, et gare à l’anachronisme:

D’autres théories imaginent des engins de levage disposés par centaines sur les faces des pyramides. Mais ces théories sont beaucoup plus spéculatives, et souvent fausses au regard de la technologie de l’époque.

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Problèmes d’espace, problèmes de temps

L’apport de Michel Michel à la question est donc nouvelle, mais comme les autres, n’est pas sans soulever d’autres difficultés :

La théorie de Michel Michel pose toujours le problème de l’espace sur lequel mettre les ouvriers mais à la différence des autres, elle évite la construction d’une rampe.

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Vous l’avez compris, la théorie de Michel Michel est loin, bien loin de résoudre le fameux mystère des pyramides. Mais elle fait partie, comme d’autres, des théories plausibles pour imaginer comment ces monuments à la gloire des rois d’Égypte ont été érigés.
Franck Monnier prend d’ailleurs les résultats des travaux du postier normand en compte. Il en parlera même dans l’ouvrage sur les pyramides qu’il est en train d’écrire.
Article co-écrit par Eléonore Prieur et Théo Chapuis