Ebola : comment j’ai contaminé Internet avec un zombie

Publié le par Théo Chapuis,

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En cinq étapes, pas une de plus, on s’est mis à la place du troll des Internets qui a réussi à faire croire à une bonne partie des réseaux sociaux que l’inquiétant virus Ebola avait le visage d’un zombie sorti d’un blockbuster. 

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1. L’introduction

Ebola, Ebola, Ebola. Ebola partout, Ebola tout le temps. Ça fait désormais depuis le mois de juillet que l’inquiétant virus traîne la morgue qui accompagne son nom dans les colonnes de l’actualité. Il faut dire qu’il évolue de manière préoccupante : Guinée, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Libéria, puis Nigéria, RDC… et même États-Unis.
Il court, il court, l’Ebola. Et il se débrouille plutôt bien, en plus. Selon l’OMS, à la date du 6 octobre, il aurait déjà emporté 3 439 personnes en Afrique de l’Ouest pour 7 478 malades déclarés. Mais si ce n’était que ça.
Le plus affreux, finalement, ce sont ces quelques images de pauvres hères touchés par la maladie et que tout le monde a pris grand soin de scruter avec la fascination du désespoir. Cet homme allongé et mourant, en pleine rue, duquel personne n’ose s’approcher pour lui venir en aide, pas même la police. Ou cet autre qu’on a tout simplement laissé devant l’hôpital et que personne ne veut aider… et que même ses parents ne veulent plus toucher. Malaise, hein ?

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2. Le zombie

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3. La création

4. La diffusion

… qui prend très bien sur les sites satiriques/conspirationnistes, en général. Tiens, voilà déjà l’image reprise le 30 septembre par le site Big American News. Une adresse fiable ? Pas du tout, comme le prouvent cet brève alarmiste sur la proximité de Barack Obama avec Daesh ou encore cette enquête édifiante sur la démocratisation des sabres laser parmi les gangs.
Mais peu m’importe ! Il est déjà trop tard et l’infection galope désormais sur la toile comme une araignée pourchassant sa proie. La preuve : comme le montre cet article de Slate, la mention du “zombie Ebola” est de plus en plus populaire sur Twitter.
Rien de plus simple que de créer la rumeur, en soi. Résumons : il suffit d’extraire le fantasme du factuel, ajouter un brin de sensationnel, créer une image renvoyant à la pop culture et identifiable du plus grand nombre… ne reste plus qu’à souffler sur les braises de la peur. Le feu dévorant du hoax se nourrit alors de lui-même : nous sommes dans l’ère du partage numérique.

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5. L’explication

Et quel plaisir de voir les médias devoir ensuite essuyer les plâtres à grands coups d’articles titrés “Non, il n’y a pas de d’invasion de zombies à cause d’Ebola”, comme si ça pouvait réellement être le cas.
Pourquoi j’ai fait ça ? Pour le plaisir de voir la bêtise s’emparer du plus grand nombre. Pour faire face au vertigineux pouvoir de propagation d’Internet dont le pouvoir de brouiller les pistes entre informations et rumeurs est absolument effrayant. Parce que plus c’est gros et plus ça marche. Parce que le trolling.
Parce qu’Internet, quoi.
Co-écrit par Louis Lepron et Théo Chapuis