Éloge : Daniel Darc Side of the Moon

Publié le par Konbini Staff,

Daniel Darc

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Revenu de tous les pièges, Darc est à nouveau bien vivant en 2004 lorsque parait Crève Cœur, album encensé par la critique et le public, qui le replace durablement sur la carte de la pop française. Porté par les mélodies et les arrangements graciles de Frédéric Lo, on se dit que cet enfant terrible, enfin assagi, est reparti pour 100 ans !
C’est à ce moment là que je le rencontre pour la première fois. Fasciné, apeuré par la bête, les rumeurs, la légende, les émotions adolescentes suscitées par son groupe. C’est un homme fragile, adorable, presque gêné avec qui je partage quelques heures avant un show-case Fnac.
Daniel Darc est affable, parle longtemps, jamais pour ne rien dire, cultivé, passionné, toujours passionnant. Lorsque je lui tends les pochettes de quelques maxis de l’époque, il regarde le jeune homme moderne qu’il était alors, loin de ce corps cabossé qu’il a du mal à trainer aujourd’hui. Sur la photo il me montre les traces de piqûres sur ses bras, en rigolant. Puis il veut une bière, la réclame comme un ado alors qu’il sait pertinemment qu’il ne doit plus boire d’alcool. Son manager veille. En permanence. Daniel est fragile, semble perdu sans lui, sans son prompteur. Il n’est sûr de rien, s’excuse de tout.

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A la fois rock star et enfant curieux

Mais lorsque débute l’interview, l’animal se mue soudain en rock n’roll star, répond sèchement, cabotine, perd son regard dans le vide, magnifique d’arrogance. Puis éclabousse tout de son talent dès qu’il saisit le micro. La voix, l’émotion bien présente, Darc habite chaque titre avec intensité. On voit alors le mythe, bien réel, et l’on comprend qu’il est sans nul doute la seule incarnation valable du Rock en France depuis 30 ans !
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Avec tous ses excès, ses cicatrices, ses blessures et son humanité. Une fois sorti de scène, Daniel s’excuse, demande si tout a été comme il faut pour moi (!), redevient cet enfant curieux, disert, qui cherche les encouragements dans les regards amis. Il cite Christophe et Bashung qu’il vénère, mais avec qui il forme une espèce de sainte trilogie de la chanson française qui compte. Même si le grand public ne le sait pas encore.
Rarement rencontre n’aura été aussi touchante, avec la sensation étrange d’avoir parlé à quelqu’un de précieux, de vrai, sans faux semblants, pur et plein de vie parce que déjà mort 1000 fois. Ses trois derniers albums ne parlent d’ailleurs que de ça. D’amour et de mort, d’enfer et de paradis, de rédemption et d’espoir. Mais alors qu’on le pensait sauvé, Darc est enfin parti, sans prévenir, à sa manière. Pour sa légende, pour l’histoire du rock, il ne pouvait en être autrement.
Article écrit par Fabrice Bonnet.

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